Le Pays De France - Les Sri Lankais reviennent au feu de bois alors que l'économie part en fumée

Paris -
Les Sri Lankais reviennent au feu de bois alors que l'économie part en fumée
Les Sri Lankais reviennent au feu de bois alors que l'économie part en fumée / Photo: © AFP/Archives

Les Sri Lankais reviennent au feu de bois alors que l'économie part en fumée

Accablés par la grave crise économique et les pénuries qui frappent leur pays autrefois relativement riche, les Sri Lankais sont désormais contraints de cuisiner avec du bois de chauffage.

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La fumée "nous fait souffrir quand on cuisine, mais nous n'avons pas le choix", affirme M.G. Karunawathi, 67 ans, propriétaire d'un restaurant qui dit avoir dû choisir entre fermer son commerce ou supporter la fumée et la suie.

Le Sri Lanka était autrefois un pays à revenu intermédiaire, avec un PIB par habitant comparable à celui des Philippines et un niveau de vie que l'Inde voisine lui enviait.

Mais la pandémie de Covid-19, qui a mis un frein brutal au tourisme, couplée à la mauvaise gestion économique et à la corruption ont plongé le pays dans sa pire crise économique depuis l'indépendance et épuisé les liquidités, coupant la plupart des exportations.

Le gaz est désormais soit indisponible, soit trop cher pour la plupart 22 millions d'habitants. Certains ont essayé de passer aux cuisinières à kérosène mais le gouvernement n'a plus de dollars pour les importer, ni d'essence ou de diesel, également touchés par des pénuries.

- Recherche de bois -

Ceux qui ont acheté des cuisinières électriques ont pâti des longues coupures de courant imposées par le gouvernement faute de devises pour importer du carburant pour les générateurs.

"Auparavant, nous n'avions qu'un seul client, un restaurant qui avait un four à bois, mais maintenant nous en avons tellement que nous ne pouvons pas répondre à la demande", explique à l'AFP Selliah Raja, un bûcheron de 60 ans.

Il affirme que ses fournisseurs ont doublé le prix du bois avec le bond de la demande et à cause de la flambée des prix du carburant pour le transport.

"Auparavant, les propriétaires fonciers nous payaient pour déraciner les hévéas qui ne sont plus productifs", explique à l'AFP Sampath Thushara, un autre bûcheron dans le village de Nehinna (sud), où l'on cultive le thé et le caoutchouc. "Aujourd'hui, nous devons payer pour obtenir ces arbres".

La recherche de bois peut également être dangereuse dans les forêts infestées de serpents et d'insectes. La semaine dernière, un père de trois enfants est mort à la suite de piqûres de guêpes dans le centre de l'île, et quatre autres personnes ont été hospitalisées.

L'entrepreneur Riyad Ismail, 51 ans, a vu les ventes s'envoler pour le poêle à bois de haute technologie qu'il a inventé en 2008.

Ses deux réchauds, qui coûtent respectivement 20 et 50 dollars, se vendent comme des petits pains et les acheteurs doivent à présent s'inscrire sur liste d'attente pour s'en procurer.

- "Effondrement complet" -

Les Nations unies estiment qu'environ 80% des personnes sautent des repas parce qu'elles n'ont plus les moyens de se nourrir.

"Notre économie a été confrontée à un effondrement complet", a déclaré le Premier ministre Ranil Wickremesinghe au Parlement le 22 juin.

Son gouvernement est en pourparlers avec le Fonds monétaire international pour un renflouement.

La transition vers le bois de chauffage a commencé au début de l'année. Plus de 1.000 cuisines ont explosé dans le pays, tuant au moins sept personnes, en blessant des centaines d'autres, les fournisseurs de gaz cherchant à réduire les coûts en augmentant la proportion de propane, ce qui a fait monter la pression à des niveaux dangereux.

Niluka Hapuarachchi, 41 ans, s'en est tirée miraculeusement indemne lorsque sa cuisinière à gaz a explosé peu après la cuisson d'un déjeuner.

"Heureusement, personne n'était là à ce moment-là. Il y avait des morceaux de verre partout sur le sol. La cuisinière avait explosé. Je n'utiliserai plus jamais de gaz pour cuisiner. Ce n'est pas sûr. Nous n'utilisons maintenant que du bois de chauffage", affirme-t-elle.

(F.Bonnet--LPdF)