Un "méga feu" frappe le Gard, apogée d'une journée marquée par de multiples incendies
Opposés à "un méga feu" menaçant des milliers d'hectares, les pompiers du Gard se préparaient à lutter toute la nuit jeudi, à l'issue d'une journée marquée par de multiples incendies dans le secteur, attisés par des "conditions météorologiques extrêmes".
A Bordezac, à la frontière de l'Ardèche, un feu très virulent avait déjà brûlé près de 600 hectares de végétation en fin de soirée jeudi. Peu avant minuit, il avait encore "pris de l'ampleur", selon la préfecture, avec 10 kilomètres de lisière active, et menaçait "des milliers d'hectares".
Les pompiers étaient aux abois, au poste de commandement de Bessèges, où l'AFP les a rencontrés jeudi soir, au coeur d'un ballet incessant de camions arrivant en renfort.
"On continue la montée en puissance des moyens car ce sont des secteurs qui sont très, très difficilement accessibles", a témoigné le contrôleur général du Sdis, Jean-Michel Langlais: face à un vent "soutenu toute la nuit, ce qui va nous compliquer beaucoup la tâche, il faut qu'on fasse un très gros maillage autour du feu", avec 500 pompiers au total prévus pour les heures à venir, expliquait ce responsable.
De Bessèges, de grands panaches de flammes étaient visibles sur trois collines assez distantes les unes des autres, a pu constater l'AFP sur place. La colonne de fumée, très impressionnante, était visible depuis la sortie de Nîmes, à plus de 50 kilomètres de là.
"Ce feu est, comment dire, un méga feu", avait expliqué à l'AFP le commandant Tanguy Salgues, chargé de communication des pompiers du Gard.
"Il faut essayer de tenir le terrain parce qu'il n'y a pas encore eu de tombée d'humidité, qui arrive plus tard dans la nuit, et pour attendre la relève du matin", a précisé à l'AFP le sous-préfet d'Alès, Jean Rampon, au poste de commandement de Bessèges.
- "Un spectacle de désolation" -
"Ca a vraiment brûlé. C'est d'une violence importante, ce sont des pins maritimes, très combustibles. Demain, ça sera un spectacle de désolation.", a-t-il prévenu, craignant un débordement du feu sur l'autre rive de la Cèze, "où 10.000 hectares avaient brûlé en 1985".
En fin de soirée, 70 personnes habitant Bordezac avaient été évacuées vers Aujac et Robiac Rochessadoule, deux communes voisines.
"Je suis en train de caser les gens dans des chambres et tous les gîtes ont fait de même", avait confirmé Régine Marchand, gérante du restaurant d'Aujac, jeudi soir à l'AFP: "On leur fait des pâtes, les gens sont partis vite, sans rien, mais ils gardent le moral, il y a une bonne ambiance".
Quinze habitants d'une zone menacée de Bessèges avaient également été relogés, dans un camp de vacances, tandis que les autorités recommandaient aux autres habitants de cette commune, ainsi qu'à ceux de Gagnières, de rester "confinés", fenêtres fermées.
Jeudi soir, un autre feu sévissait encore dans le Gard, à Générac, au sud du département. Cet incendie, qui a déjà parcouru 235 hectares de végétations basses et de pins, évoluait favorablement en fin de soirée.
De leur côté, dans le département voisin des Bouches-du-Rhône, les pompiers ont eu à traiter pas moins de 35 départs de feu dans la journée. Notamment à Arles, avec un feu parti de roseaux et de broussailles dans une zone commerciale.
Poussé par un fort mistral, l'incendie s'était rapidement propagé pour finalement sauter la Nationale 113, un axe stratégique assurant la jonction de l'A54 entre Nîmes et Marseille, et la couper dans les deux sens.
Quatre maisons ont été brûlées, selon un premier bilan des secours, et quatre autres endommagées, mais l'incendie était fixé vers 20h00, comme celui de Martigues où un départ de feu avait provoqué le confinement des habitants et l'évacuation temporaire des résidents d'une maison de retraite.
Sur Twitter, la direction générale de la sécurité civile a recommandé une grande prudence jusqu'à dimanche "en raison d'un très fort danger d'incendies en zone méditerranéenne": ce danger "est lié au régime de vents, mistral et dans une moindre mesure tramontane, soufflant encore assez fortement et des conditions très chaudes et sèches sur une végétation sensible".
(H.Duplantier--LPdF)