Présidentielle: Paris renforce ses sanctions contre Moscou, les candidats inquiets pour l'économie
La France a décidé samedi de livrer davantage d'équipements militaires à l'Ukraine et de renforcer les sanctions économiques et financières contre la Russie, au moment où les conséquences économiques de la guerre qui fait rage en Ukraine inquiètent les candidats à la présidentielle.
Il a aussi été décidé lors d'un conseil de défense en fin de journée réuni autour d'Emmanuel Macron de livrer des "équipements de défense" supplémentaires aux autorités ukrainiennes ainsi qu'"un soutien en carburant", a indiqué l'Elysée sans plus de détails.
Le Conseil de défense a en outre acté "des mesures de lutte contre la propagande de la part d'influenceurs et de médias russes sur le sol européen".
Emmanuel Macron, qui préside l'Union européenne pour six mois, s'était entretenu par téléphone avant ce conseil avec président ukrainien Volodymyr Zelensky, puis les présidentes moldave Maïa Sandu et géorgienne Salomé Zourabichvili, qu'il a assurées de sa "détermination" à "défendre (la) souveraineté et (la) sécurité" de ces deux ex-républiques soviétiques.
Le chef de l'Etat avait avant cela insisté samedi matin: le conflit "durera" et "il faut nous y préparer", a-t-il souligné en annonçant devant des responsables agricoles au Salon de l'agriculture un prochain "plan de résilience" pour "sécuriser" les filières et "bâtir des boucliers en termes de coûts (...), dans la durée".
"Il n'y a pas lieu de s'affoler, mais nous nous préparons à toutes les hypothèses et notamment celle qui consiste à accompagner les filières", a confirmé depuis le Salon le Premier ministre Jean Castex, qui recevra lundi tous les candidats à la présidentielle.
Emmanuel Macron, qui a dû encore repousser sa déclaration de candidature du fait du contexte international, alors que la date butoir du 4 mars approche, a promis d'accompagner les agriculteurs "en termes de revenus", et les Français "sur les impacts en termes de coûts immanquablement".
- "Mauvaise blague" -
Avant même l'invasion de l'Ukraine par la Russie, l'accélération de l'inflation avait déjà mis le pouvoir d'achat au premier rang des préoccupations des Français dans cette campagne présidentielle, poussant les candidats à multiplier les propositions en faveur de hausses de salaires, baisses de charges ou économies d'énergie pour réduire la facture.
Or, le début du conflit s'est traduit immédiatement par un bond des cours mondiaux du pétrole, du gaz et de certaines matières premières dont le blé, et la crainte est désormais que Moscou instaure des mesures de rétorsion aux sanctions occidentales.
Le candidat LFI Jean-Luc Mélenchon, mis sur la défensive pour des positions jugées pro-russes, a critiqué la réponse du président aux agriculteurs. "Les conséquences, on pouvait pas y réfléchir avant ?", a-t-il interrogé depuis l'île de La Réunion, dénonçant "une mauvaise blague".
Egalement épinglée pour des déclarations pro-russes difficiles à assumer en ces temps de guerre, la candidate du RN Marine Le Pen est, elle, plus à l'aise lorsqu'il s'agit d'alerter sur les conséquences des sanctions sur le pouvoir d'achat des Français, qui pourraient selon elle être "terrifiantes".
"Les sanctions en elles-mêmes seront inefficaces" et "toucheront" les "intérêts" français, avait abondé son rival d'extrême droite Eric Zemmour vendredi lors d'un meeting à Chambéry (Savoie).
- "Discrédités" pour l'Elysée -
A droite, la candidate LR Valérie Pécresse, en perte de vitesse, a saisi en Normandie l'occasion d'attaquer les candidats à l'Elysée "qui ont défendu" la Russie, désormais "discrédités pour gouverner la France" - comprendre Mme Le Pen et MM. Zemmour et Mélenchon. Elle s'est dit aussi favorable à la définition au niveau européen des "productions stratégiques" à soutenir.
La candidate socialiste Anne Hidalgo propose, elle, un "blocage des prix de l’énergie" en France et une "politique européenne de sécurité et de défense" plus "solide", a-t-elle détaillé lors d'un meeting à Bordeaux.
La campagne, qui avait du mal à décoller, asphyxiée par la crise sanitaire et l'absence dans l'arène du président sortant, est désormais chamboulée par la guerre.
Le conflit "ne devra pas éclipser la campagne démocratique qui est devant nous", a souhaité le président du groupe LREM à l'Assemblée Christophe Castaner samedi sur TF1, mais "les Français attendent aussi qu'Emmanuel Macron soit le président, qu'il travaille pour (...) avoir une réponse forte et ferme" à Vladimir Poutine, a-t-il fait valoir.
Des déplacements de candidats ont été annulés, et les agendas s'adaptent: l'écologiste Yannick Jadot, le communiste Fabien Roussel et Anne Hidalgo ont participé à des rassemblements en faveur du peuple ukrainien samedi, respectivement à Paris, Lille et Bordeaux.
Emmanuel Macron a, lui, reçu un soutien supplémentaire en la personne du président ex-LR de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca) Renaud Muselier, a annoncé ce dernier dans une interview au Journal du dimanche (JDD).
(H.Leroy--LPdF)