ExxonMobil, Apple, Boeing: les géants américains coupent les ponts avec Moscou
Plusieurs géants de l'économie américaine, d'ExxonMobil à Apple en passant par Boeing et Ford, ont annoncé mardi qu'ils prenaient leurs distances avec la Russie après l'invasion de l'Ukraine.
Ces décisions ont des conséquences diverses, allant du report de la sortie d'un film en salle pour Disney au retrait d'un projet à plusieurs milliards de dollars pour ExxonMobil.
Mais Moscou a provoqué une onde de choc internationale en lançant ses forces armées en Ukraine, déclenchant une batterie de sévères sanctions économiques de l'Occident et les réactions de nombreuses entreprises ayant des liens avec la Russie.
ExxonMobil est ainsi devenu le dernier grand groupe pétrolier en date à annoncé qu'il allait se retirer du pays, en quittant progressivement le champ d'exploitation pétrolière et gazière Sakhalin-1.
L'entreprise américaine gère ce projet depuis 1995 au nom d'un consortium comprenant des filiales de l'entreprise russe Rosneft, une société indienne et une compagnie japonaise, et en possède 30%.
Mais "en réponse aux événements récents" le groupe a entamé "le processus d'arrêt des activités" et prend des mesures pour en sortir "progressivement".
"Au vu de la situation actuelle", il a aussi choisi de ne plus investir dans de nouveaux projets en Russie.
ExxonMobil suit ainsi l'exemple de certains concurrents internationaux, comme les groupes britanniques Shell et BP, l'italien Eni ou le norvégien Equinor, qui ont aussi prévu de se séparer de leurs parts dans plusieurs projets communs avec des entreprises russes.
Le français TotalEnergies a lui plutôt penché pour le statu quo en choisissant de ne pas quitter la Russie mais de ne pas y investir davantage d'argent.
- "Sécurité de nos co-équipiers" -
Autre symbole de l'économie américaine, Apple a annoncé mardi avoir suspendu la vente de tous ses produits en Russie après avoir arrêté les exportations vers le pays dès la semaine dernière.
Le fabricant des téléphones iPhone, des ordinateurs Mac et des tablettes iPad a aussi limité certains services comme sa solution de paiements Apple Pay et retiré de son magasin en ligne AppStore les applications des médias d'Etat russes RT et Sputnik.
Le gouvernement ukrainien avait spécifiquement interpellé Apple et son patron, Tim Cook.
Dans une lettre postée sur Twitter vendredi, le ministre ukrainien du numérique, Mykhailo Fedorov, écrivait: "Je vous prie (...) de cesser de fournir des services et des produits Apple à la Fédération de Russie, y compris en bloquant l'accès à l'Apple Store!".
Boeing de son côté a annoncé qu'il allait suspendre ses services opérationnels aux compagnies aériennes russes (pièces détachées, maintenance et soutien technique) ainsi que des "opérations majeures" à Moscou. L'entreprise a aussi fermé temporairement son bureau à Kiev.
"Alors que le conflit se poursuit, nos équipes se concentrent sur la sécurité de nos co-équipiers dans la région", a souligné Boeing dans un message transmis à l'AFP.
Cette décision pourrait notamment rapidement poser problème à la compagnie Aeroflot, qui selon son site internet compte 59 appareils Boeing dans sa flotte.
Automobile, divertissement, tech, finance: des entreprises de tous secteurs ont aussi choisi ces derniers jours de se désengager, au moins temporairement, de la Russie.
General Motors a ainsi cessé jusqu'à nouvel ordre ses exportations de voitures vers la Russie tandis que Ford a décidé de suspendre sa participation à une co-entreprise fabriquant des camionnettes Transit dans le pays.
Les géants du divertissement Disney et WarnerMedia ont suspendu la sortie de leur prochain film dans les salles de cinéma en Russie, dont le prochain Alerte rouge de Pixar et le dernier Batman.
Plusieurs grands noms de la tech comme Facebook, Google ou Twitter ont pris des mesures pour limiter l'influence de médias proches du pouvoir russe.
Les émetteurs américains de cartes de paiement Visa, Mastercard et American Express ont aussi indiqué avoir pris leurs dispositions pour mettre en œuvre les sanctions imposées à la Russie, empêchant notamment des banques russes d'utiliser leur réseau.
Moscou a annoncé mardi qu'il préparait un décret pour tenter d'enrayer cette hémorragie, en imposant des restrictions temporaires à la sortie des investisseurs étrangers des actifs russes.
(N.Lambert--LPdF)