Pour Berlin, un accord sur le nucléaire iranien "ne peut plus être reporté"
Le chancelier allemand Olaf Scholz a estimé mercredi lors d'une visite en Israël qu'un accord sur le nucléaire iranien ne pouvait "plus être reporté" indéfiniment, au moment où des discussions se tiennent à Vienne pour sauver le pacte avec Téhéran.
"C'est le moment de prendre une décision, cela ne peut pas être reporté plus longtemps", a affirmé M. Scholz lors d'une conférence de presse à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Naftali Bennett, dont le pays est vivement opposé à l'accord.
"Il est temps de dire oui à quelque chose qui représente une solution bonne et raisonnable", a ajouté M. Scholz, qui effectuait mercredi sa première visite à Jérusalem en tant que chef du gouvernement allemand.
A ses côtés, Naftali Bennett a dit suivre les négociations à Vienne "avec préoccupation". Ce dernier estime qu'un accord rendant possible l'installation de centrifugeuses "à grande échelle en l'espace de quelques années" ne serait "pas acceptable" pour l'Etat hébreu.
Israël, qui considère Téhéran et son programme nucléaire comme une menace à sa sécurité et celle du Moyen-Orient, "saura se défendre et assurer sa sécurité et son futur", a-t-il assuré.
M. Bennett avait récemment dit craindre que le possible accord soit "plus fragile" que celui conclu en 2015.
Ces derniers jours, des négociateurs ont fait état d'avancées dans les pourparlers visant à sauver cet accord conclu entre l'Iran, les Etats-Unis, la Chine, la France, le Royaume-Uni, la Russie et l'Allemagne.
- "Urgence critique" -
La France a elle affirmé lundi qu'il y avait "une urgence critique à conclure les négociations cette semaine".
L'enjeu est de faire revenir dans l'accord les Etats-Unis, qui s'en étaient retirés en 2018 en rétablissant des sanctions contre l'Iran. Téhéran avait en réaction rompu ses engagements liés à ses activités nucléaires sensibles.
L'accord de 2015 avait permis, jusqu'au retrait américain, la levée de sanctions économiques internationales contre la République islamique. En échange cette dernière devait respecter les restrictions liées à son programme nucléaire, censées l'empêcher de se doter de la bombe atomique, intention qu'elle a toujours niée.
Israël était opposé à l'accord car, selon lui, la levée des sanctions prévue dans le texte permettait à Téhéran de s'armer davantage.
Téhéran a déclaré samedi attendre des "décisions politiques" des Occidentaux pour conclure les pourparlers, ajoutant que l'invasion de l'Ukraine par Moscou ne devait pas affecter les négociations car "il n'y a aucun lien entre les deux dans le domaine diplomatique".
La visite d'Olaf Scholz intervient au moment où les forces russes continuent leur offensive en Ukraine, poussant Berlin à suspendre le gazoduc germano-russe controversé Nord Stream 2 et à livrer des armes à Kiev.
M. Scholz a assuré mardi que de nouvelles sanctions seraient prises "à coup sûr contre la Russie".
- "Politique très mesurée" -
"Sous votre direction, l'Allemagne aujourd'hui représente un pilier de stabilité, de commandement et de responsabilité en Europe", a loué Naftali Bennett à Jérusalem.
Israël a adopté une position plus prudente sur le conflit, mettant en avant ses bonnes relations avec l'Ukraine et la Russie, principaux viviers de l'aliyah, l'immigration juive en Israël. La Russie a par ailleurs des troupes en Syrie, pays voisin en guerre.
"Nous avons une politique très mesurée et responsable dont l'objectif est d'aider le peuple ukrainien et de faire ce que nous pouvons pour alléger une partie des pressions et des conséquences de cette horrible situation", a déclaré Naftali Bennett lors de la conférence de presse avec M. Scholz.
Plus tard mercredi, M. Bennett s'est entretenu au téléphone avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky pour la deuxième fois depuis l'invasion russe lancée jeudi. Ils ont convenu de "maintenir une communication continue", d'après le bureau du Premier ministre israélien.
Cent tonnes d'aide humanitaire, dont des systèmes de purification d'eau et du matériel médical, sont envoyées en Ukraine par Israël, qui a selon des médias locaux refusé de fournir des armes à Kiev.
A Jérusalem, M. Scholz a également rencontré le chef de la diplomatie israélienne Yaïr Lapid et visité le Parlement israélien. Invoquant la crise ukrainienne, il a reporté une visite prévue en Cisjordanie occupée où il devait notamment rencontrer le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, d'après la représentation allemande à Ramallah.
(L.Garnier--LPdF)