Présidentielle: tous contre Macron
Maintenant qu'Emmanuel Macron est candidat, ses adversaires à la présidentielle recherchent vendredi la parade face à un "président de crise" au plus fort dans les sondages, au risque de la surenchère.
A 37 jours du premier tour, l'horizon de cette campagne qui sera express s'est éclairci et les prétendants à l'Elysée tente de se positionner comme celui ou celle qui sera seul capable de battre M. Macron au second tour, dénonçant le bilan de son quinquennat.
Mais la tâche n'est pas aisée.
S'en prendre à la légitimité d'un président en pleine guerre en Ukraine limite la marge de manoeuvre des candidats. D'autant qu'il bénéficie de sa stature de chef de l'Etat ayant eu à gérer, avec succès selon les sondeurs, deux autres crises, les "gilets jaunes" et la pandémie de Covid.
Pour le président, l'un des défis est de ne pas crier victoire trop tôt ou de faire les frais d'une démobilisation des Français sur fond de craintes d'abstention record en avril.
"La situation est hyper instable avec le contexte. On va subir un agenda qui va tout écraser. On ne veut pas dire que l'élection est faite. Mais il n'a pas besoin d'en faire trop", confie un ministre à l'AFP.
Son programme de déplacements reste très incertain en raison du conflit russo-ukrainien mais il devait poster une vidéo sur les réseaux sociaux vendredi à 18H00. Et ce weekend son équipe va distribuer près de 2,5 millions de tracts.
Dans un extrait publié sur le compte "Emmanuel Macron avec vous", il explique que "si à chaque seconde, on considère que la confiance est acquise et qu'on n'a pas à se remettre en cause et aller la chercher, à la solliciter, à ce moment-là, on perd".
Le président sortant entre en campagne porté par un bond dans un sondage BVA réalisé avant l'annonce de sa candidature. Il gagne 5 points dans les intentions de vote en 15 jours, pour atteindre 29% au premier tour de la présidentielle, loin devant Marine Le Pen, qui perd 1,5 point à 16%, Eric Zemmour (13%, -1,5 pt) et Valérie Pécresse (13%, -0,5 pt).
L'opposition fustige une entrée en campagne tardive et réclame de débattre.
La candidate des Républicains Valérie Pécresse a exigé vendredi un débat télévisé "absolument nécessaire" dans cette campagne "étonnante".
Se réjouissant qu'enfin il "entre en campagne" pour "se confronter à la réalité de l'état de la France", elle estime "qu'il ne peut pas aujourd'hui se mettre au-dessus du peuple et ne pas venir dans l'arène pour débattre".
- "Référendum" -
De son côté, le candidat d'extrême droite Eric Zemmour, qui a été chahuté par une quinzaine de personnes criant "Zemmour collabo" lors de son passage vendredi au salon de l'Agriculture, a déploré que la guerre en Ukraine "détourne l'attention des sujets majeurs pour la France dans les cinq ans qui viennent".
M. Zemmour a été par ailleurs condamné vendredi pour "contrefaçon de droits d'auteur" après l'utilisation non autorisée d'images de films dans son clip d'annonce de candidature, selon le jugement dont l'AFP a obtenu copie. Son entourage a indiqué qu'il fera appel.
Pour le président par intérim du Rassemblement national Jordan Bardella, la présidentielle "revêt un enjeu de civilisation et prend la forme d'un référendum à la question extrêmement simple +pour ou contre Macron+".
Dans la surenchère, le patron LR de la région Auvergne Rhône Alpes, Laurent Wauquiez, a lui dénoncé devant des élus locaux un président "à la fois monarchique et dictateur" avant de retirer ses propos dans un tweet.
- Rififi chez les Verts -
Du côté des Verts, les dissensions éclatent au grand jour avec l'exclusion de la finaliste de la primaire écologiste Sandrine Rousseau de l'équipe de campagne de Yannick Jadot pour des propos au vitriol sur sa stratégie.
Pour M. Jadot, dont la campagne patine, "c'est une forme de clarification après des semaines et des semaines de parasitage".
Selon la moyenne des sondages, le candidat écologiste est crédité d'environ 5% des intentions de vote.
Le suspense est en revanche pratiquement levé dans la course aux parrainages d'élus ce vendredi qui est également le dernier jour pour s'inscrire sur les listes électorales.
Le Conseil constitutionnel cessera à 18H00 d'accepter les signatures d'élus, et annoncera lundi la liste définitive des candidats qui seront en lice le 10 avril lors du premier tour de l'élection présidentielle.
Les derniers doutes concernent le candidat d'extrême gauche Philippe Poutou (NPA), qui assure avoir obtenu les 500 parrainages. Il en dispose de 439 au dernier décompte publié jeudi.
"Ce n'est pas encore officiel, mais on a arraché cette place", a-t-il déclaré à l'AFP. Si M. Poutou obtenait les 500 signatures, il y aurait 12 candidats sur la ligne de départ, comme en 2017.
(A.Renaud--LPdF)