Présidentielle: Macron alterne entre la campagne et la guerre en Ukraine
Comme il l'avait prévenu, Emmanuel Macron alterne lundi entre la guerre en Ukraine et la campagne présidentielle qu'il promet de ne pas "éluder" malgré des circonstances exceptionnelles.
Le désormais président candidat devait observer un bref intermède au conflit russo-ukrainien, le temps d'effectuer son premier déplacement de candidat lundi en fin d'après-midi, le jour où le Conseil constitutionnel a annoncé qu'ils seront douze sur la ligne de départ le 10 avril.
Le nouveau candidat n'ira pas très loin: il est attendu en fin d'après-midi dans la région parisienne, à Poissy, pour "une conversation avec les habitants".
Dans la matinée, il s'est rendu à son QG de campagne à Paris où il a dit ne pas vouloir "éluder la campagne", devant des élus locaux et des comités de soutien à sa réélection.
Il a esquissé les contours de son projet en proposant de "lancer trois grands chantiers: l'un pour l'école, l'un pour la santé, l'un pour nos institutions", et "quatre pactes: européen, productif, générationnel et républicain".
Emmanuel Macron, qui est largement en tête des intentions de vote du premier tour et donné gagnant au second tour, selon les sondages, est de fait happé par la guerre en Ukraine qui bouleverse la campagne présidentielle.
Dans une interview à LCI, il a dénoncé "le cynisme moral et politique" de son homologue russe Vladimir Poutine qui a proposé des couloirs humanitaires aux habitants de plusieurs villes d'Ukraine pour "les amener en Russie".
"Tout ça n'est pas sérieux, c'est du cynisme moral et politique, qui m'est insupportable", a-t-il ajouté.
Kiev a refusé lundi les couloirs humanitaires vers le Bélarus et la Russie proposés par Moscou pour l'évacuation des civils des villes ukrainiennes de Kharkhiv, Kiev, Marioupol et Soumy, en proie à de violents combats.
Dimanche, M. Macron s'était entretenu avec le président russe, exigeant de Moscou qu'elle "respecte le droit international humanitaire, la protection des populations civiles et l'acheminement de l'aide", selon l'Elysée.
Et il devait notamment s'entretenir avec le président américain Joe Biden à 16h30 avant d'entamer cette semaine de multiples rendez-vous diplomatiques culminant jeudi et vendredi à Versailles pour un sommet européen.
- Douze prétendants -
C'est que la guerre en Ukraine pèse sur la campagne présidentielle.
"L'Ukraine frappe les esprits, déboule dans ce paysage politique, tout cela provoque un intérêt accru pour la campagne présidentielle", relève le sondeur Brice Teinturier sur LCI, soulignant toutefois la difficulté pour les adversaires de M. Macron de faire entendre leurs propositions dans ce contexte exceptionnel.
D'autant que plusieurs d'entre eux sont aux prises avec leurs positions prorusses par le passé.
Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon, en meeting dimanche à Lyon, a par exemple dit "stop à la guerre, stop à l'invasion de l'Ukraine", et a plaidé pour une France "non alignée" qui "n'accepte pas un ordre du monde dans lequel il y aurait d'un côté l'Otan et de l'autre un bloc russe" et chinois.
Ce qui lui a valu les foudres du candidat écologiste Yannick Jadot qui s'en est pris lundi aux "complaisances" de M. Mélenchon et à sa "capitulation" vis-à-vis de Vladimir Poutine, l'accusant de "discours grandiloquents" visant à masquer ses positions.
La socialiste Anne Hidalgo et M. Jadot, qui a aussi appelé Emmanuel Macron à "imposer à Total le retrait de la Russie", critiquent notamment l'opposition de M. Mélenchon à la livraison d'armes aux Ukrainiens.
Le candidat des Insoumis est en tête des intentions de vote à gauche.
Eric Zemmour, qui a reçu le soutien dimanche de Marion Maréchal, la nièce de Marine Le Pen, est lui aussi pris à partie pour son tropisme prorusse.
Ce weekend, il a été mis en difficulté après la révélation par Le Monde et le JDD de liens avec l'ex-président de la Compagnie des chemins de fer russes Vladimir Iakounine. Ses propos sur l'accueil des réfugiés ukrainiens en Pologne plutôt qu'en France ont également suscité des remous, y compris au sein de son entourage.
Au total, comme en 2017, les candidats seront douze au premier tour le 10 avril, le Conseil constitutionnel ayant validé les parrainages du candidat d'extrême gauche Philippe Poutou.
Dans les starting-blocks, selon l'ordre officiel tiré au sort: Nathalie Arthaud (LO), Fabien Roussel (PCF), Emmanuel Macron (LREM), Jean Lassalle (Résistons!), Marine Le Pen (RN), Eric Zemmour (Reconquête!), Jean-Luc Mélenchon (LFI), Anne Hidalgo (PS), Yannick Jadot (écologiste), Valérie Pécresse (LR), Philippe Poutou (NPA) et Nicolas Dupont-Aignan (DLF).
(N.Lambert--LPdF)