Présidentielle: entre campagne et Ukraine, le difficile "en même temps" de Macron
Le "en même temps" porté à son paroxysme: Emmanuel Macron a alterné lundi entre la campagne présidentielle, avec un premier déplacement de candidat sur le terrain, et une intense activité diplomatique à propos de la guerre en Ukraine.
Cette expression souvent employée par le président sortant résume cette campagne présidentielle percutée comme jamais depuis plus d'un demi-siècle par une crise internationale, obligeant les 12 candidats à passer de propositions très concrètes à la complexité de la géopolitique.
"Je serai président autant que je le dois et je serai candidat autant que je le peux", a-t-il indiqué en début de soirée à Poissy (Yvelines), lors d'une "conversation" avec des habitants, dans un contexte "qui est très lourd" avec le "retour de la guerre en Europe".
"Moi qui ai beaucoup défendu le +en même temps+, celui-là est compliqué (...) c'est difficile d'être en même temps président et candidat", a-t-il reconnu.
"La force de la France n'est ni dans le rétrécissement, ni dans le catastrophisme", a-t-il lancé en préambule, dans une allusion à ses rivaux d'extrême droite. Il reste "encore beaucoup à faire" notamment en matière de transition énergétique, sécurité et immigration.
- "Envie de faire" -
"Rien n'est acquis" mais j'ai "envie de faire", a souligné celui qui est largement en tête des intentions de vote du premier tour, dépassant même la barre des 30% dans certains sondages, et donné vainqueur dans tous les cas de figure au second tour selon les sondages.
Il s'était entretenu dans l'après-midi avec le président américain Joe Biden, après son homologue russe Vladimir Poutine la veille, et avant le Chinois Xi Jinping mardi. Les multiples rendez-vous diplomatiques culmineront jeudi et vendredi à Versailles pour un sommet européen.
Dans une interview à LCI, il avait dénoncé à la mi-journée "le cynisme moral et politique" de Vladimir Poutine à propos des couloirs humanitaires en Ukraine.
"L'Ukraine frappe les esprits, déboule dans ce paysage politique, tout cela provoque un intérêt accru pour la campagne présidentielle", relève le sondeur Brice Teinturier sur LCI, soulignant toutefois la difficulté pour les adversaires de M. Macron de faire entendre leurs propositions dans ce contexte exceptionnel.
D'autant que plusieurs d'entre eux sont aux prises avec leurs positions prorusses par le passé.
Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon, en meeting dimanche à Lyon, a par exemple dit "stop à la guerre, stop à l'invasion de l'Ukraine", et a plaidé pour une France "non alignée" qui "n'accepte pas un ordre du monde dans lequel il y aurait d'un côté l'Otan et de l'autre un bloc russe" et chinois.
Ce qui lui a valu les foudres du candidat écologiste Yannick Jadot qui s'en est pris lundi aux "complaisances" de M. Mélenchon et à sa "capitulation" vis-à-vis de Vladimir Poutine, l'accusant de "discours grandiloquents" visant à masquer ses positions.
La socialiste Anne Hidalgo et M. Jadot, qui a aussi appelé Emmanuel Macron à "imposer à Total le retrait de la Russie", critiquent notamment l'opposition de M. Mélenchon à la livraison d'armes aux Ukrainiens.
Le candidat des Insoumis est en tête des intentions de vote à gauche, avec 10-11%.
Eric Zemmour, qui a reçu le soutien dimanche de Marion Maréchal, la nièce de Marine Le Pen, est lui aussi pris à partie pour son tropisme prorusse.
- Douze candidats -
Dans cette course à l'Elysée sur fond de guerre, de sanctions et de flambée des prix de l'énergie, il y aura finalement 12 candidats, un de plus qu'en 2017, le Conseil constitutionnel ayant validé les parrainages du candidat d'extrême gauche Philippe Poutou.
Engagée dans une féroce bataille avec les candidats d'extrême droite Marine Le Pen (le plus souvent classée en deuxième position dans les sondages) et Eric Zemmour, la candidate de droite Valérie Pécresse a décroché la médaille d'or des parrainages (2.636 signatures).
Elle dépasse le président-candidat (2.098), Anne Hidalgo (1.440) qui bien qu'à la peine dans les sondages décroche la troisième position, devant le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon (906), Eric Zemmour (741) et l'écologiste Yves Jadot (712), Jean Lassalle (642), le communiste Fabien Roussel (626) et Marine Le Pen (622).
Mais François Asselineau, candidat favorable au Frexit qui était en lice il y a cinq ans, ne pourra pas se présenter à nouveau cette année. Il n'a obtenu que 293 paraphes d'élus, loin des 500 requises. Tout comme l'ancienne ministre de la Justice Christiane Taubira, qui a abandonné la course, et n'a obtenu au final que 274 parrainages.
(R.Lavigne--LPdF)