Présidentielle: climat et prix des carburants s'invitent dans la campagne
Sur fond de guerre en Ukraine, l'urgence climatique a tenté samedi une percée dans la campagne présidentielle, sérieusement concurrencée par des préoccupations plus immédiates des Français: l'envolée des prix du carburants et la baisse du pouvoir d'achat.
L'image du jour restera l'oeuf écrasé sur la tête du candidat d'extrême droite Eric Zemmour, en déplacement dans le Sud-Ouest, par un septuagénaire vite maîtrisé. L'homme, père d'un enfant autiste, selon le parquet, a motivé son geste par son profond désaccord avec les prises de position controversées du candidat Reconquête! sur l'inclusion des enfants handicapés.
"Bienvenue en politique", a commenté Marine Le Pen, tout en condamnant cette "agression", comme l'a fait aussi la candidate LR Valérie Pécresse.
En contrepoint de cet incident, M. Zemmour a pu engranger un nouveau soutien venu du Rassemblement national, celui du maire de Moissac Romain Lopez, un proche de Marion Maréchal qui l'accompagnait sur ce déplacement.
- "Inaction climatique " -
La gauche a tenté pour sa part de remettre sur le devant de la scène l'urgence climatique, grande absente de la campagne.
D'après un "baromètre climat" mis en place par des ONG, "les questions climatiques ont occupé 1,5% du temps de parole dans les médias" sur la dernière semaine étudiée (28 février au 6 mars).
Pas moins de trois candidats, l'écologiste Yannick Jadot, mais aussi la socialiste Anne Hidalgo et l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon, ont participé à Paris à l'une des nombreuses marches pour le climat organisées en France.
Pour M. Jadot, le climat est "le plus grand défi de l'humanité" et "c'est aussi un levier extraordinaire pour créer de l'emploi".
"Les jeunes gens ont compris que c'est la question numéro 1. C'est pas pour relativiser les autres, c'est pour dire que si la planète est détruite, on discutera de plus rien", a déclaré M. Mélenchon.
Le candidat Insoumis s'est invité dans le peloton de tête des poursuivants d'Emmanuel Macron dans les sondages. Avec 12% des intentions de vote selon un sondage "rolling" Ipsos/Le Parisien/franceinfo publié samedi, il se place juste derrière Eric Zemmour (13,5%) derrière l'échappé Emmanuel Macron (30,5%) et Marine Le Pen (16%), mais devant Valérie Pécresse (11%).
"Nous ne pouvons pas nous offrir cinq ans de plus d'inaction climatique", a tweeté la maire de Paris, toujours en panne dans les sondages autour de 2 à 2,5%.
- "Profiteurs de guerre" -
A moins d'un mois du premier tour, la guerre aux portes de l'Europe continue d'écraser la campagne.
Avec des Français inquiets de son évolution, mais aussi de ses répercussions sur leur pouvoir d'achat, et un président candidat fortement mobilisé sur la scène diplomatique qui a eu samedi un nouvel échange téléphonique avec le président russe Vladimir Poutine et le chancelier allemand Olaf Scholz.
C'est donc au travers d'une vidéo que le candidat Macron s'est adressé à ses électeurs potentiels : "Je voulais être à vos côtés ce samedi, mais le contexte international, la guerre en Ukraine me retiennent à Paris", explique-t-il dans cet enregistrement qui a vocation à être diffusé dans les meetings régionaux.
Il y promet de mener, en cas de réélection, "un nouveau grand débat permanent" autour de plusieurs chantiers comme "l'école, la santé, la réforme institutionnelle", afin que "la responsabilité" des réformes "soit partagée".
En attendant, c'est le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal qui sont montés sur scène à Marseille pour un meeting de soutien. "La pire des choses serait de penser que c'est joué, il faut aller tracter, militer", a exhorté Gabriel Attal.
Marine Le Pen a, elle, achevé à Dunkerque un déplacement de deux jours dans les Hauts-de France axé sur l'inflation. Sur un marché, elle a multiplié les selfies et a été interpellée sur les prix à la pompe qui flambent en raison des sanctions prises contre la Russie.
En réponse, elle a dénoncé les pétroliers "profiteurs de guerre" qui font des bénéfices "suspects" à ses yeux.
Pendant ce temps, son adversaire d'extrême droite Eric Zemmour est allé visiter les clients d'une station-service de Castelsarrasin dont la plupart étaient des... militants locaux de son parti Reconquête!.
Dans la soirée, le chef du gouvernement Jean Castex a annoncé une "remise à la pompe de 15 centimes par litre" qui s'appliquera à partir du 1er avril et pendant quatre mois pour tous les Français.
Insuffisant pour Marine Le Pen qui estime que "le gouvernement se moque de nous en baissant le prix de 15 centimes" peu avant le scrutin présidentiel.
Cette journée de campagne a été marquée par la disparition de la figure de l'extrême gauche Alain Krivine, dernier survivant des candidats à la présidentielle de 1969 remportée par Georges Pompidou.
(A.Renaud--LPdF)