Zelensky, attendu devant le parlement, remet l'Ukraine au coeur de la présidentielle
L'union sacrée pour l'Ukraine et son président? Le conflit russo-ukrainien s'invite encore une fois dans la campagne à trois semaines du premier tour de la présidentielle, avec l'intervention vidéo mercredi devant le Parlement de Volodymyr Zelensky, sur fond de divergences entre candidats sur la politique de la France face à la Russie.
Assemblée nationale et Sénat français, dont les sessions sont suspendues pour la camapagne, se réuniront exceptionnellement et simultanément à 15H00 pour le message du président ukrainien en direct.
"Ce que nous voulons, c’est donner la parole au président Zelensky (...) qu'il nous dise comment il organise les choses pour résister, où en sont les discussions qui sont menées par certains de ses ministres avec les Russes et ensuite qu'il nous dise aussi où en est le niveau d'aide (...) que son peuple reçoit", a déclaré le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand (LREM) sur France Inter.
Mais le président du comité de campagne d'Emmanuel Macron a écarté un embargo sur le gaz et le pétrole russes, dans la ligne de l'UE dont 40% de ses besoins en gaz naturel et 30% pour le pétrole sont assurés par la Russie.
En tee-shirt militaire kaki, M. Zelensky enchaîne les interventions en visioconférence devant les parlements occidentaux, pour les persuader de lui fournir plus d'armes et de plus de sanctions à l'égard de Moscou. Après les représentations allemande, américaine, britannique, israélienne, canadienne ou encore italienne, il s'adresse mercredi aux parlements japonais puis français.
Trois candidats à l'Elysée, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Nicolas Dupont-Aignan, également députés, siègeront au Palais Bourbon pendant les 15 minutes qu'est censée durer l'adresse vidéo du président ukrainien.
- "Prise de conscience" -
Ironie, ces trois candidats, auxquels il faut ajouter le polémiste d'extrême droite Eric Zemmour, sont régulièrement brocardés pour leurs positions jugées pro-russes. Pas question cependant d'"instrumentaliser" le message de Volodymyr Zelensky, assure une source parlementaire LREM. "L'enjeu global dépasse la politique intérieure."
"Il y a une prise de conscience de la classe politique française. L'Ukraine est un sujet qui nous appartient car c'est l'Europe qu'on agresse", expose Frédéric Petit, député MoDem des Français de l'Europe de l'Est.
Marine Le Pen, solidement installée à la 2e place des intentions de vote, derrière le président Emmanuel Macron, et qui avait initialement annoncé faire l'impasse sur ce rendez-vous, s'est finalement ravisée. "Ca montre bien que certains sont gênés aux entournures", persifle la source parlementaire LREM.
Un quatrième député également candidat à la présidentielle, le communiste Fabien Roussel, est lui excusé en raison d'un deuil familial.
L'allocution sera diffusée dans l'hémicycle du Conseil de Paris, dont la maire PS Anne Hidalgo est aussi candidate à la présidentielle.
- "Hystérisation de l'actualité" -
Au Sénat, tous les présidents de groupe devraient être présents dans l'hémicycle, à l'exception du chef de file des sénateurs PS Patrick Kanner, en déplacement, ce qu'il "regrette".
Une délégation menée par la présidente du groupe d'amitié France-Ukraine Nadia Sollogoub, centriste au père russo-ukrainien, a en outre prévu de se rendre devant l'ambassade de Russie pour porter "un appel humanitaire" au gouvernement russe, signé par quelque 170 sénateurs de tous bords.
Avec l'intervention de M. Zelensky, la guerre en Ukraine devrait continuer d'écraser l'actualité de la campagne présidentielle, un conseil de défense et de sécurité étant par ailleurs au menu à l'Elysée.
Cela ne découragera pas Marine Le Pen et Eric Zemmour de parler chiffres et mesures, avec la présentation pour l'une du chiffrage de son projet et la présentation de son programme pour le second.
M. Zemmour, qui décroche dans les sondages où il navigue autour des 10%, doit également composer avec une nouvelle plainte.
Six associations anti-homophobie ont annoncé à l'AFP avoir déposé plainte mercredi à Paris contre lui pour "contestation de crime contre l'humanité", l'accusant d'avoir nié la déportation d'homosexuels pendant la Seconde guerre mondiale en la qualifiant de "légende".
Loin de la démonstration de force prévue par M. Zemmour ou celle de Jean-Luc Mélenchon place de la Bastille dimanche dernier, avec à la clef des dizaines de milliers de militants, la majorité s'essaiera mercredi à un rare grand rassemblement à Nice où 3.000 personnes sont attendues au palais Nikaïa.
Sans Emmanuel Macron, le meeting alignera quelques poids lourds comme l'ex-premier ministre Edouard Philippe, le patron des députés LREM Christophe Castaner, les ministres Olivier Véran et Roselyne Bachelot.
Le maire LR de Cannes David Lisnard, soutien de Valérie Pécresse, a regretté sur Europe 1 une campagne marquée par une "hystérisation de l'actualité", "cette succession de crises que le président bien sûr utilise avec cette mise scène en permanence de l'immédiateté".
(M.LaRue--LPdF)