Malte: le Premier ministre travailliste reconduit
Le Premier ministre sortant à Malte, candidat du parti travailliste, a remporté les législatives à l'issue d'un scrutin tenu dans l'ombre de la guerre en Ukraine et marqué par une abstention record dans l'histoire du petit archipel méditerranéen.
Les résultats définitifs ne sont pas attendus avant lundi matin mais les travaillistes devraient obtenir la majorité absolue comme annoncé dans les sondages, selon les projections réalisées à partir de résultats préliminaires.
"C'est un résultat qui nous oblige à davantage de responsabilité, et que nous devons traduire par une plus grande humilité", a déclaré Roberto Abela à ses supporteurs en liesse dans la ville de Naxxar où s'est tenu le dépouillement.
Son adversaire du parti nationaliste, Bernard Grech, l'a appelé pour concéder sa défaite et a indiqué vouloir travailler "pour ceux qui ne sont pas satisfaits du gouvernement actuel".
Alors que le taux de participation dépasse habituellement les 90%, il devrait s'établir autour de 85% selon la Commission électorale, un niveau historiquement bas depuis l'indépendance en 1964 de Malte, ancienne colonie britannique entrée dans l'Union Européenne en 2004.
Il s'agit du premier mandat gagné dans les urnes pour M. Abela, nommé chef du gouvernement après la démission début 2020 de Joseph Muscat, dont le mandat a été entaché par des soupçons de corruption.
C'est aussi le premier scrutin national auquel pouvaient également voter les Maltais âgés de 16 à 18 ans.
Les résultats définitifs ne sont pas attendus avant dimanche soir ou lundi matin, mais les deux partis qui se disputent le pouvoir depuis des décennies, les travaillistes et les nationalistes, se basent sur un décompte préliminaire fiable.
M. Abela a pris des mesures pour renforcer l'Etat de droit et la liberté de la presse, encore insuffisantes pour les militants anti-corruption et la famille de Caruana Galizia.
- L'économie d'abord -
Située au large de la Sicile, Malte est le pays le plus petit et le plus densément peuplé de l'Union européenne, avec environ 516.000 habitants pour 316 km².
L'ancienne colonie britannique, où le catholicisme est religion d'Etat et qui attend la visite du pape François le week-end prochain, a bâti une économie florissante reposant essentiellement sur le tourisme, les sociétés offshore et les jeux en ligne, mais fait face aux accusations la présentant comme un paradis fiscal.
Malte a été placée l'an dernier par le Groupe d'action financière (GAFI) sur une "liste grise" de pays sous surveillance accrue en raison de leur exposition au blanchiment d'argent et au financement du terrorisme, et est critiquée pour son système de "passeports dorés" accordant la citoyenneté à de riches investisseurs qui, souvent, ne s'y rendent jamais.
Sous la pression politique, M. Abela a suspendu ce programme pour les Russes et les Bélarusses après l'invasion de l'Ukraine mais le Parlement européen a demandé ce mois-ci la suppression de tous les programmes de ce type dans l'UE.
Pour de nombreux électeurs, la croissance économique reste la principale préoccupation. Après une chute libre de l'économie provoquée par la crise sanitaire, la croissance a dépassé les 9% l'année dernière, revigorée par l'appui du gouvernement aux particuliers et aux entreprises.
Autre enjeu majeur sur l'archipel: l'environnement. Les habitants se plaignent régulièrement du manque d'espaces verts suite à l'explosion des constructions ces dernières années.
Les gratte-ciel modernes se multiplient entre les vieux bâtiments en pierre et les routes sont souvent encombrées par la circulation.
Le parti travailliste et le parti nationaliste ont tous deux promis davantage d'efforts pour protéger les espaces verts. Quant au parti écologiste, l'ADPD, il n'est pas parvenu à s'imposer dans le système bipartite qui régit Malte depuis des décennies.
(F.Bonnet--LPdF)