Rencontre inédite en Israël entre Antony Blinken et des ministres arabes
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken et les chefs de la diplomatie d'Israël et de quatre pays arabes tiennent lundi une rencontre inédite en territoire israélien pour discuter de la paix au Moyen-Orient et du programme nucléaire iranien.
Ce sommet dans la localité de Sde Boker, un kibboutz du désert du Néguev (sud) où repose la dépouille du fondateur d'Israël David Ben Gourion, a lieu au lendemain d'une attaque revendiquée par l'organisation jihadiste Etat islamique (EI) qui a coûté la vie à deux policiers à Hadera dans le nord israélien.
Au début de sa tournée dimanche, Antony Blinken s'est entretenu à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Naftali Bennett, avant de rencontrer le président palestinien Mahmoud Abbas en Cisjordanie occupée. Il a ensuite dîné à Sde Boker avec ses homologues d'Israël, d'Egypte, de Bahreïn, des Emirats arabes unis et du Maroc, quatre pays arabes ayant normalisé leurs relations avec l'Etat hébreu.
Tôt lundi, M. Bennett a annoncé avoir été testé positif au Covid-19. "Le Premier ministre se sent bien et il poursuivra son emploi du temps comme prévu depuis son domicile", selon son bureau.
Le département d'Etat a ensuite indiqué que M. Blinken avait été le seul membre de la délégation américaine à avoir été en "contact rapproché" avec M. Bennett et qu'il suivrait les recommandations en portant "un masque et menant les tests appropriés".
- "N'avez-vous pas oublié quelqu'un?"-
Avant la rencontre avec ses homologues arabes, M. Blinken a fait son footing aux abords de l'hôtel où sont logés les dignitaires, selon un photographe de l'AFP sur place.
Une poignée de personnes ont manifesté face à l'hôtel avec des pancartes en hébreu, arabe et anglais avec l'inscription "N'avez-vous pas oublié quelqu'un?", en allusion aux Palestiniens.
Ces derniers, du Fatah laïc de Mahmoud Abbas aux islamistes du Hamas, ont fustigé la normalisation en 2020 des Emirats, de Bahreïn et du Maroc avec Israël, estimant que cela ne devrait intervenir qu'après un règlement du conflit israélo-palestinien.
Si les Palestiniens ne participent pas à la rencontre du Néguev, le roi de Jordanie Abdallah II doit rencontrer lundi M. Abbas à Ramallah, en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.
L'Egypte a été le premier pays arabe à conclure la paix avec Israël en 1979, suivie en 1994 par la Jordanie.
M. Abbas a dénoncé dimanche le "deux poids deux mesures" des Occidentaux, prompts selon lui à invoquer le droit international pour imposer des sanctions à la Russie qui a envahi l'Ukraine, mais pas à Israël pour ses "crimes" dans les Territoires palestiniens occupés.
La rencontre à Sde Boker doit tourner notamment autour de la question d'un retour à un accord de 2015 censé empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique, en échange de la levée des sanctions internationales.
Les Etats-Unis et l'Iran sont dans les dernières phases de pourparlers indirects visant à relancer le pacte de 2015 qui s'est délité après le retrait unilatéral américain en 2018 et après que Téhéran s'est en représailles progressivement affranchi des limites imposées à son programme nucléaire.
Les Etats-Unis sont "déterminés" à empêcher l'Iran d'obtenir l'arme nucléaire, a assuré dimanche Antony Blinken.
Israël, considéré par les experts comme la seule puissance nucléaire du Moyen-Orient, accuse l'Iran de chercher à se doter de l'arme nucléaire, ce que ce pays dément.
- Attaque jihadiste -
La visite de M. Blinken en Israël a été marquée par une attaque dimanche soir à Hadera qui a coûté la vie à deux policiers israéliens, Yazen Falah et Shirel Abukarat, âgés de 19 ans, et fait plusieurs blessés.
La police a tué les deux assaillants, des Arabes israéliens et arrêté 5 suspects. L'attaque a été saluée par les mouvements palestiniens Hamas et Jihad islamique et par le mouvement libanais pro-iranien Hezbollah.
La semaine dernière, une attaque au couteau et à la voiture-bélier a tué quatre Israéliens dans le Néguev. Selon Israël, l'assaillant avait été condamné en 2016 à quatre ans de prison pour avoir planifié de se rendre en Syrie pour combattre au sein de l'EI.
"Une deuxième attaque par des partisans de l'EI en Israël oblige les forces de sécurité à s'adapter rapidement à la nouvelle menace. J'invite les citoyens à continuer d'être vigilants. Ensemble, nous pourrons également vaincre cet ennemi", a dit M. Bennett.
(R.Dupont--LPdF)