Présidentielle: Pécresse veut relancer sa campagne, Macron parle à Poutine
La candidate de la droite Valérie Pécresse a tenté mardi dans le Nord de relancer sa campagne en berne, en défendant les valeurs républicaines et la sécurité, son rival d'extrême droite, Eric Zemmour, affirmant pour sa part vouloir "éradiquer la racaille" lors d'une visite en banlieue parisienne.
Le chef de l'Etat Emmanuel Macron a de son côté retrouvé son agenda "présidentiel" et s'est entretenu au téléphone dans l'après-midi avec son homologue russe Vladimir Poutine sur la guerre en Ukraine, après avoir présidé dans la matinée un conseil de défense sur le Covid.
Ce nouvel entretien téléphonique intervient au moment où des pourparlers russo-ukrainiens "substantiels" à Istanbul ouvrent la voie à une rencontre entre les présidents Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, selon les négociateurs des deux camps.
- "La République partout" -
Privée de terrain depuis plusieurs jours à cause du Covid, la candidate LR s'est rendue mardi dans les Hauts-de-France, à la rencontre de chefs d'entreprise à Marcq-en-Baroeul, en région lilloise, se disant "la candidate du pouvoir d'achat, la seule qui finance ses mesures et ne fait pas de promesses démagogiques aux Français en augmentant le déficit et la dette".
Elle s'est ensuite rendue à Roubaix, dans un quartier au coeur d'une polémique sur l'islamisme, pour rencontrer des habitants. "Il faut parler de la République qui est partout chez elle et lutte contre tous les phénomènes, que ce soit les guerres de bandes ou les phénomènes d'islamisme radical", a-t-elle insisté.
Axant son déplacement sur le pouvoir d'achat et la sécurité, la candidate LR, qui oscille entre 9% et 11% dans les intentions de vote du premier tour le 10 avril, compte ainsi refaire une partie de son retard par rapport aux candidats d'extrême droite.
Après Aulnay la semaine dernière, Eric Zemmour est justement retourné en banlieue parisienne mardi, à Sevran (Seine-Saint-Denis), ville marquée par des violences urbaines: "Nous éradiquerons la racaille comme il fallait terroriser les terroristes", a-t-il dit, reprenant l'expression de "racaille" employée naguère par l'ex-président Nicolas Sarkozy.
Le candidat d'extrême droite s'est défendu de toute récupération politicienne mais a été interpellé verbalement par des habitants dénonçant "une provocation".
Même en baisse depuis plusieurs jours, le président sortant fait toujours la course en tête (environ 28%) devant la candidate d'extrême droite, qui est sur une dynamique favorable dans les enquêtes d'opinion et dépasse parfois même la barre des 20%. L'écart entre les deux se resserre également en cas d'un remake de la présidentielle de 2017.
- "C'est glissant" -
A gauche, le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon et candidat le mieux placé prépare son grand meeting prévu dimanche à Toulouse, après de bons sondages ces derniers jours dont l'un le donne à 15,5%.
"C'est glissant mais on tient", s'est de son côté exclamé l'écologiste Yannick Jadot, englué dans la vase sur la plage de Hillion, près de Saint-Brieuc, où il était venu parler du fléau des algues vertes. Avec 6 à 7% dans les intentions de vote, il est loin de son rival de la gauche radicale.
Interrogé justement sur M. Mélenchon qui a opté pour de gros meetings sans beaucoup d'autres déplacements, un membre de l'entourage du candidat écologiste a lâché: "Mélenchon est fatigué, ce n'est pas une stratégie".
Au sein d'une gauche divisée et affaiblie, certains pensent déjà à la recomposition post-présidentielle. L'ex-premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a ainsi annoncé le lancement d'un "pôle social-démocrate", destiné à "rassembler les énergies pour un changement majeur à gauche après les élections".
A la peine dans les sondages, la candidate socialiste Anne Hidalgo a pour sa part réservé ses flèches au président candidat, "à cloche-pied" sur sa jambe de droite.
"Faire culpabiliser les Français qui touchent le RSA et traiter de lâches ceux qui les aident, c'est ça le projet d'Emmanuel Macron?", s'est-elle interrogée sur France Inter, avant un déplacement à Nancy. M. Macron a dit vouloir conditionner le RSA à une quinzaine d'heures d'activité.
(H.Duplantier--LPdF)