Le pape "disponible" pour aider au règlement de la guerre en Ukraine
Le pape François a exprimé dimanche sa "disponibilité" pour contribuer à faire taire les armes en Ukraine et s'est dit prêt à se rendre à Kiev, après avoir condamné une "guerre sacrilège" au lendemain de la découverte de cadavres de civils qui a suscité choc et indignation.
"Je suis disponible", a déclaré le pape à bord de l'avion qui le ramenait à Rome au terme d'une visite-éclair à Malte. "Le Saint-Siège fait tout son possible" pour faciliter un règlement du conflit, a-t-il assuré, précisant toutefois ne pas avoir parlé directement avec le président russe Vladimir Poutine depuis le début du conflit.
Il a confirmé qu'un déplacement à Kiev faisait partie des options. "Je ne sais pas s'il pourra avoir lieu, ni s'il serait utile", a-t-il cependant souligné.
François a part ailleurs affirmé qu'une rencontre avec le patriarche orthodoxe russe Kirill – qui soutient Vladimir Poutine et a justifié fin février l'intervention militaire russe - était toujours "à l'étude". "Nous y travaillons et nous pensons au Moyen-Orient pour le faire", a-t-il déclaré.
Lors d'une messe en plein air devant au moins 12.000 personnes dans la capitale La Valette dimanche matin, il avait dénoncé "la guerre sacrilège" déclenchée par la Russie dans une "Ukraine martyrisée".
La veille, il avait employé des mots particulièrement forts au sujet de Vladimir Poutine - sans le nommer - , qualifié de "puissant, tristement enfermé dans ses prétentions anachroniques d'intérêts nationalistes", qui "provoque et fomente des conflits".
- Une santé capricieuse -
Le Saint-Père, 85 ans, est apparu diminué par ses problèmes d'articulations tout au long de son voyage de deux jours à Malte. Pour la première fois, il a dû utiliser samedi une plate-forme élévatrice pour monter et descendre de son avion.
"Ma santé est un peu capricieuse. J'ai ce problème au genou qui entraîne des problèmes de déambulation, de marche. C'est ennuyeux, mais ça s'améliore", a déclaré le pape pendant le vol retour. "A mon âge, on ne sait jamais comment finira la partie", a-t-il ajouté.
L'accueil des migrants était au cœur de sa visite à Malte, archipel méditerranéen situé sur une des routes migratoires les plus dangereuses du monde. L'ONU et Médecins Sans Frontières ont indiqué dimanche que 96 personnes avaient encore péri cette semaine au large de Libye après le naufrage de leur embarcation.
François a rencontré dimanche après-midi des migrants dans un centre d'accueil pour réfugiés à Hal Far (sud), le "Laboratoire de paix Jean XXIII", où des réfugiés ukrainiens rejoindront bientôt la cinquantaine de jeunes hommes originaires de plusieurs pays d'Afrique.
Dans un théâtre à ciel ouvert en pierre, et devant un mur formé de bouteilles en plastique bleues et vertes évoquant la mer, surmonté d'un gilet de sauvetage orange, il a entendu le témoignage de deux réfugiés.
- "Naufrage de civilisation" -
En les regardant "dans les yeux", François a évoqué la "blessure du déracinement" et invité Malte à être un "port sûr" pour "ceux qui débarquent sur ses côtes", déplorant l'"expérience tragique" du naufrage que "des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants ont vécue au fil des ans en Méditerranée."
Comme lors de son déplacement sur le camp de Lesbos (Grèce) début décembre, le pape a exhorté à faire preuve d'"humanité" face à la menace d'un "naufrage de la civilisation". "Ne nous laissons pas tromper par ceux qui disent : "il n’y a rien à faire", "ces problèmes nous dépassent", a-t-il lancé.
Il a aussi évoqué l'"appel étouffé de millions de migrants dont les droits fondamentaux sont violés, parfois malheureusement avec la complicité des autorités compétentes", dans une apparente illusion à la Libye, provoquant des applaudissements nourris.
"Vos histoires rappellent celles de nombreuses personnes qui, ces derniers jours, ont été contraintes de fuir l'Ukraine à cause de la guerre", a ajouté le pape.
Devant l'entrée du centre, des membres de la petite communauté ukrainienne de Malte s'étaient d'ailleurs rassemblés pour saluer le pontife, agitant des drapeaux bleus et jaunes. "Nous voudrions qu'il bénisse notre pays", a confié à l'AFP Olga Attard, 36 ans.
Plus tôt dans la journée, le souverain pontife s'était recueilli à la grotte de Saint Paul à Rabat, l'un des principaux lieux de pèlerinage de l'île, que ses prédécesseurs Jean-Paul II et Benoit XVI avaient déjà visitée.
(A.Monet--LPdF)