Troubles au Sri Lanka: un nouveau gouvernement et des manifestations attendus
Le président sri-lankais devait nommer un nouveau gouvernement lundi, alors que les forces de sécurité se préparaient à d'éventuelles violences avec d'autres manifestations contre l'aggravation des pénuries de nourriture, de carburant et de médicaments.
Vingt-six ministres, à l'exception du président Gotabaya Rajapaksa et de son frère aîné le Premier ministre Mahinda Rajapaksa, ont présenté leur lettre de démission lors d'une réunion qui s'est tenue tard dans la nuit de dimanche à lundi.
Cette démission en bloc ouvre la voie à la nomination d'un nouveau gouvernement par le président, lundi, qui pourrait y inclure certains des ministres démissionnaires.
Le pays de 22 millions d'habitants souffre de pénuries de biens essentiels, produits alimentaires, carburant, médicaments, de coupures d'électricité et d'une inflation record, sans que rien ne laisse présager la fin des difficultés économiques.
L'armée et la police ont été placées en état d'alerte élevée, alors qu'un couvre-feu de 36 heures a pris fin à l'aube lundi, et ce malgré les rapports des services de renseignement mettant en garde contre de nouveaux troubles, a déclaré à l'AFP un haut responsable de la sécurité.
- Nouvelles manifestations -
"Selon nos indications, nous pouvons nous attendre à de nouvelles manifestations", a-t-il dit, réaffirmant que l'armée avait été habilitée à détenir des suspects dans le cadre de l'état d'urgence déclaré vendredi.
Le président Gotabaya Rajapaksa avait imposé l'état d'urgence vendredi, au lendemain d'une tentative d'assaut de sa résidence à Colombo par une foule en colère.
Tout au long de la soirée de dimanche, des centaines de personnes ont manifesté, tout en restant pacifiques, dans plusieurs villes de l'île pour dénoncer la gestion de la crise par le président Rajapaksa.
"Va-t-en Gota, va-t-en Gota", hurlaient les manifestants à Rajagiriya, près du parlement, tandis qu'à Negombo, près du principal aéroport international, la foule scandait "Gota recalé, recalé, recalé".
Le couvre-feu de dimanche, qui a duré toute la journée, a empêché l'organisation de manifestations plus importantes grâce au blocage des réseaux sociaux Twitter, Facebook, Whatsapp, YouTube et Instagram dénoncé par la principale alliance de l'opposition, le Samagi Jana Balawegaya (SJB).
La censure des réseaux sociaux a été levée plus tard dans la journée, la Commission des droits de l'homme ayant jugé qu'elle était illégale.
Des militants ont prévenu que des manifestations de plus grande ampleur se dérouleraient lundi dans plusieurs villes clés pour appeler à la démission du président Rajapaksa et son clan.
De mauvaises décisions politiques ont aggravé les problèmes, selon les économistes. Des réductions d'impôts malavisées juste avant la pandémie ont privé l'État de recettes et creusé la dette.
(E.Beaufort--LPdF)