Vladimir Jirinovski, figure de la vie politique russe, est mort
Le vétéran ultra-nationaliste de la vie politique russe Vladimir Jirinovski est mort à 75 ans, a annoncé mercredi le président de la chambre basse du Parlement, Viatcheslav Volodine.
"Sa personnalité est tellement énorme qu'il est difficile d'imaginer le développement du système politique de la Russie moderne sans lui", a-t-il écrit sur sa chaîne Telegram au sujet du défunt trublion, qui avait toujours pris soin de ne pas s'opposer au président Vladimir Poutine.
"Il comprenait profondément comment le monde fonctionnait, et a prédit beaucoup de choses", a-t-il poursuivi.
Ses idées anti-occidentales et sur la grandeur de la Russie, qui paraissaient extrêmes dans les années 1990, se sont peu à peu imposées comme dominant la vie publique, y compris au Kremlin.
"Vladimir Jirinovski était un politicien expérimenté, énergique, ouvert à la discussion et un orateur et polémiste éclatant", a noté Vladimir Poutine, selon un communiqué.
"Toujours, quel que soit l'auditoire, dans les conversations les plus tendues, il défendait une position patriotique et les intérêts de la Russie", a-t-il ajouté.
Ses collègues députés ont rendu hommage par une minute de silence au sein de la Douma à cette personnalité explosive.
M. Jirinovski était donné à l'agonie par de nombreux médias russes depuis des semaines après avoir contracté le Covid-19. M. Volodine a fait état d'une "longue maladie".
Le ministère de la Santé a indiqué aux agences russes que de "grands spécialistes, médecins, se sont battus pour sa vie jusqu'au bout".
Sa mort "est un coup porté à la Russie, pour l'armée de ses partisans", a commenté pour sa part le parti libéral-démocrate (LDPR), qu'il a dirigé pendant plus de 30 ans.
Classé à l'extrême droite, Vladimir Jirinovski a participé à presque toutes les présidentielles de la Russie moderne et son parti a toujours été représenté dans les instances locales et nationales, jouant le rôle d'opposant bruyant mais pas rebelle.
Ce sont ses diatribes, ses élans guerriers et ses apparitions improbables qui restent dans les mémoires des Russes, jetant un verre d'eau dans un débat en insultant son adversaire ou se battant dans l'enceinte du Parlement avec un député.
Son dernier coup d'éclat remonte au 22 décembre, lorsqu'il avait prédit que 2022 "ne sera pas une année pacifique, ce sera l'année où la Russie redeviendra une puissance", appelant à "attendre le 22 février".
Hasard de calendrier ou pas, la veille de ce jour-là Vladimir Poutine a reconnu les séparatistes prorusses du Donbass ukrainien, avant de faire entrer ses troupes en Ukraine le 24 février.
M. Jirinovski n'avait aussi jamais manqué de mots durs à l'égard de l'opposant Alexeï Navalny : dès 2013, il avait estimé que ce dernier devait être envoyé en prison pour dix ans. En mars dernier, Alexeï Navalny, derrière les barreaux depuis janvier 2021, a été condamné à neuf ans d'emprisonnement.
Pour l'équipe de Navalny, le parti de Jirinovski servait d'opposition de façade utile au pouvoir russe.
"Jirinovski était l'un des piliers du système poutinien", a écrit mercredi sur Twitter Lioubov Sobol, une alliée en exil d'Alexeï Navalny. Selon elle, le Kremlin va essayer de conserver le parti LDPR mais, sans Jirinovski, "cela ne va pas être facile".
(A.Renaud--LPdF)