Présidentielle J-3: avant-dernier jour de campagne, l'écart se réduit entre Macron et Le Pen
A trois jours du premier tour, les candidats jettent jeudi leurs dernières forces dans la bataille tandis que l'écart se réduit de plus en plus entre les deux favoris de la présidentielle, Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
Pour les 12 prétendants à l'Elysée, deux grands défis s'imposent avant la fin officielle de la campagne vendredi à minuit: mobiliser leurs partisans alors que l'abstention pourrait approcher ou dépasser le record de 2002 (28,4%) et aller chercher les nombreux indécis, qui représentent un tiers des personnes sûres d'aller voter.
Le scrutin de dimanche intervient dans un contexte international très tendu, avec la guerre en Ukraine et ses répercussions, qui ont des effets très concrets sur la vie quotidienne des Français avec une flambée des prix de l'énergie et de l'alimentation. Une élection aussi sur fond de pandémie du Covid-19.
Tardivement entré en campagne et après avoir été très mobilisé par la situation en Ukraine, le candidat-président est toujours donné favori avec environ 26/27% des intentions de vote au premier tour, et donné victorieux au second tour par les sondages, mais jour après jour son avance se réduit face à la candidate d'extrême droite Marine Le Pen (23/24%).
"On voit la dynamique de Marine Le Pen, il faudra mettre le turbo au 2e tour", a reconnu à l'AFP un conseiller de la campagne Macron. "Il nous faut rester mobilisé jusqu'au dernier moment, c'est pas gagné jusqu'à la fin".
"Notre objectif est d’abord de conforter notre avance, éviter qu’elle (Marine Le Pen) soit devant au premier tour", a renchéri un membre de la majorité présidentielle.
- "Tout et n'importe quoi" -
"C'est pas parce que Marine Le Pen s'est drapée dans une cape de banalité depuis quelques mois qu'elle a changé en profondeur, elle reste la représentante d'une extrême droite en France, mais surtout elle est quelqu'un qui prétend être présidente de la République en proposant tout et n'importe quoi", a encore asséné Christophe Castaner, chef de file des députés LREM, sur Sud Radio.
De son côté, la candidate d'extrême droite, qui a beaucoup oeuvré pour lisser son image même si son projet reste aussi "radical" sur le plan migratoire et institutionnel, tient son dernier meeting dans le plus grand fief du RN, à Perpignan.
Son ancien compagnon et vice-président du parti, Louis Aliot, est le seul maire RN à diriger une ville de plus de 100.000 habitants en ayant fait échouer un "front républicain" organisé par le maire LR sortant.
En pleine dynamique dans les sondages ces derniers jours, autour de 23/24%, Mme Le Pen veut mobiliser un électorat largement populaire, face à la menace de l'abstention qui pourrait être particulièrement importante dans les classes modestes. "Si les Français se déplacent, alors Emmanuel Macron sera battu", veut croire Jordan Bardella, chef par interim du RN.
Bien décidé à s'inviter au second tour, le candidat insoumis Jean-Luc Mélenchon, en hausse autour de 16%, met également les bouchées doubles. LFI multiplie les réunions publiques, au moins une dans chaque département.
- Campagne "confisquée" -
Un cran en dessous, autour de 6%, l'écologiste Yannick Jadot en déplacement en Loire-Atlantique espère que "les Français s'empareront de l'élection" après une "campagne confisquée".
"Il faut rappeler ce qui est essentiel, (...) c'est le dérèglement climatique qui nous laisse trois ans pour agir, on peut pas avoir un quinquennat de plus d'inaction climatique", a-t-il insisté. Il tiendra en soirée à Nantes son dernier meeting.
La candidate LR Valérie Pécresse et son rival d'extrême droite Eric Zemmour (Reconquête!), tous deux autour de 8/9% après être partis de bien plus haut, se livrent une bataille acharnée en vue d'une recomposition dans leur camp.
En déplacement dans le Rhône, elle a appelé les Français à ne choisir "ni immobilisme, ni extrémisme".
"Les Français veulent un programme de droite" mais "Emmanuel Macron n'est pas de droite", a assuré la candidate dont l'électorat est très courtisé par le président-candidat mais aussi par l'extrême droite.
Valérie Pécresse tiendra son dernier meeting en soirée à Lyon, et son rival Eric Zemmour au palais des Sports de Paris.
Autour ou sous la barre fatidique des 5%, qui détermine le remboursement des frais de campagne, le communiste Fabien Roussel, qui a déploré que la campagne se termine "sous morphine", sera en meeting à Lille et, pour l'extrême gauche, Philippe Poutou (NPA) à Toulouse.
"On lâche rien", a lancé à des militants Anne Hidalgo lors d'une visite à Rouen. La socialiste est donnée à un score historiquement bas (2%) et a déjà le regard tourné vers l'après-présidentielle - elle a réuni mercredi soir plusieurs grandes figures socialistes, dont François Hollande, mais pas le numéro un du PS Olivier Faure qu'elle doit rencontrer vendredi.
(N.Lambert--LPdF)