Présidentielle: Le Pen expose sa vision, critique la diplomatie "bornée" de Macron
La bataille de la présidentielle s'est transposée mercredi sur le terrain de la diplomatie et de l'Europe, Marine Le Pen se plaçant en rupture avec la politique étrangère menée par Emmanuel Macron dont elle dénonce la "vision bornée des relations internationales".
"Il faut restaurer la place singulière de la France dans le monde", a déclaré la candidate d'extrême droite lors d'une conférence de presse, brièvement interrompue par un collectif de gauche lui reprochant sa "complaisance" avec Vladimir Poutine, où elle a égrené ses positions en matière de politique étrangère.
Europe, Otan, guerre en Ukraine, Algérie, Chine: Mme Le Pen a réitéré sa volonté de sortir la France du commandement militaire intégré de l'Otan et plaidé un "rapprochement stratégique" entre l'Alliance et la Russie "dès que la guerre russo-ukrainienne sera achevée et aura été réglée par un traité de paix".
Elle a dit ne souhaiter ni "soumission à Moscou", ni "suivisme à l'égard de l'administration Biden", particulièrement dans la région Asie et Océanie, et assuré qu'elle ne "sortirait pas de l'accord de Paris sur le climat".
Pour la candidate RN, l'objectif était d'asseoir sa stature présidentielle face à M. Macron, fort de l'expérience d'un quinquennat et qui dénonce pour sa part la volonté de Mme Le Pen de sortir de l'UE, sans le dire.
Emmanuel Macron, qui sera l'invité du 20H00 de TF1 ce mercredi, a fait de l'Europe le pilier central de sa diplomatie depuis cinq ans et a souligné mardi soir à Strasbourg que le deuxième tour, le 24 avril, sera aussi "un référendum sur l'Europe". Le nationalisme mène à "une alliance de nations qui veulent se faire la guerre" en Europe, a-t-il dit visant sa rivale.
"Le Frexit n'est nullement notre projet. Nous voulons réformer l'Union européenne de l'intérieur", a répliqué Mme Le Pen.
Elle a également jugé "inutilement insultants" des propos récents du président Macron à l'égard de la Pologne, avec laquelle elle a noué des liens.
A l'égard de l'Allemagne, dont elle a fustigé la politique anti-nucléaire, Mme Le Pen dit prendre acte de "divergences stratégiques irréconciliables" et veut donc arrêter "l'ensemble des coopérations avec Berlin" sur le plan militaire. Elle a aussi dénoncé "l'aveuglement français à l'égard de Berlin". "Je restaurerai la diplomatie secrète car c'est la seule qui soit efficace à la diplomatie bavarde et ouverte d'Emmanuel Macron", a-t-elle dit dénonçant son multilatéralisme.
- "Fébrilité" et "autoritaire" -
Les passes d'armes entre les candidats se multiplient depuis le démarrage en fanfare de la campagne du second tour lundi.
Dès l'aube, les deux adversaires ont eu des échanges acerbes. En visite dans une entreprise de construction à Gennevilliers (Hauts-de-Seine), la candidate du RN a jugé que le gouvernement et Emmanuel Macron étaient dans le "déni" face au "mur de l'inflation" auquel la France allait être confrontée.
La candidate a aussi dénoncé la "fébrilité" de son adversaire, qui critique chez elle une "dérive autoritaire" à l'égard de la presse et des institutions.
Marine Le Pen est sur la défensive sur un autre front, cette fois avec la Commission nationale de contrôle de la campagne électorale (CNCCEP), qui, selon France Inter, lui a demandé des clarifications sur sa profession de foi pour le second tour.
Dans le collimateur du "gendarme" de la campagne, des chiffres mis en avant pour illustrer le bilan d'Emmanuel Macron sur l'insécurité et l'immigration.
"Je ne vois vraiment pas ce qui pourrait pousser le juge de l'élection à interdire ma profession de foi, ce qui reviendrait à adresser aux Français uniquement la profession de foi du président sortant", a répliqué Marine Le Pen. "Attention à ce type de manœuvre (...) attention à respecter la démocratie", a-t-elle averti.
En vue du 24 avril, les deux finalistes lorgnent les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, arrivé en troisième position dimanche soir avec 21,95% des voix.
Abstention, vote blanc ou vote Emmanuel Macron ? Jean-Luc Mélenchon a lancé mercredi la consultation de ses quelque 310.000 soutiens, l'ex-candidat ayant déjà appelé à ne pas "donner une seule voix à Le Pen". La consultation, dont le résultat sera public, s'achève samedi à 20H00.
Trois sondages publiés mercredi donnent Emmanuel Macron devant Marine Le Pen au second tour dans une fourchette de 53 à 55% contre 45 à 47%.
(A.Laurent--LPdF)