Allemagne: un groupe d'"antivax" radicalisés projetait des attentats
La justice allemande a annoncé jeudi avoir déjoué des projets d'attentats d'extrême droite, fomentés par une frange radicalisée de la mouvance "antivax", qui soutenait le président russe et voulait s'en prendre à "l'ordre démocratique".
Quatre personnes ont été arrêtées à l'issue d'un coup de filet dans un réseau de messagerie baptisé "Patriotes unis", ont annoncé le parquet de Coblence et la police de la Rhénanie-Palatinat dans un communiqué.
"Nous allons combattre les ennemis de notre démocratie avec tous les moyens de l'Etat de Droit", a promis le chancelier Olaf Scholz sur Twitter.
Le réseau organisé sur la plateforme Telegram envisageait des enlèvements de personnalités de la vie publique, dont le ministre de la Santé Karl Lauterbach, partisan des restrictions face au Covid-19.
Il s'est dit "bouleversé" en apprenant la nouvelle.
Le ministre de l'Intérieur de Rhénanie-Palatinat Roger Lewentz a parlé de "terrorisme d'extrême droite", avec un groupe rassemblant quelque "70 personnes" dans le pays, lors d'une conférence de presse.
Les membres parlaient entre eux "d'un renversement de l'ordre démocratique, de la mise en place d'un nouveau gouvernement, jusqu'à des déclarations selon lesquelles (le président russe Vladimir) Poutine devrait aussi réussir ici en Allemagne pour permettre l'avènement d'un nouveau système, a-t-il détaillé.
- Minorité "très dangereuse"
Visé personnellement, le ministre social-démocrate de la Santé a dénoncé une dérive de certains "Querdenker" (littéralement anti-conformistes), comme se désignent en Allemagne ces opposants à la politique gouvernementale de lutte contre la pandémie.
Cela "montre non seulement que les protestations contre les règles anti-Covid se sont radicalisées, (...) mais qu'il y a parallèlement des tentatives de déstabiliser l'Etat", a-t-il réagi devant la presse, déplorant des agissements "d'une petite minorité mais très dangereuse".
Dans un communiqué, la ministre fédérale de l'Intérieur, Nancy Faeser, a elle qualifié les "fantasmes de coup d'Etat" de ce groupe et ses projets d'enlèvement de "nouvelle dimension de la menace terroriste" contre l'Allemagne.
Ces suspects avaient notamment prévu de s'attaquer aux réseaux d'électricité pour provoquer "une panne de courant de longue durée sur tout le territoire", qui aurait, dans leur esprit, créé les conditions d'une "guerre civile", selon les autorités.
- L'Allemagne en alerte -
La police enquêtait depuis octobre 2021 sur ce groupe.
Lors des perquisitions dans neuf régions mercredi, les enquêteurs ont notamment saisi des armes à feux et des munitions, des lingots d'or et pièces d'argent, des devises d'une valeur supérieure à 10.000 euros, ainsi que des téléphones portables dont l'analyse doit encore être effectuée.
Ils ont aussi trouvé des faux certificats de vaccination contre le Covid-19, ou encore plusieurs documents écrits sur leurs plans pour renverser l'Etat.
L'enquête porte sur 5 suspects, tous allemands, âgés entre 41 et 55 ans, dont 4 ont été arrêtés.
Les opérations policières visant la frange radicale de la mouvance anti-restrictions sanitaires se sont multipliées dans le pays qui a érigé la violence d'extrême droite au premier rang des menaces pour l'ordre public, avant le risque jihadiste.
Cette mouvance est particulièrement mobilisée en Allemagne depuis le début de la pandémie de Covid-19 et active dans des groupes Telegram. Elle profère des menaces contre les élus ou lors de manifestations.
Les protestations dans la rue se sont toutefois réduites à la portion congrue depuis l'allègement des restrictions dans le pays et l'échec récent d'une loi sur la vaccination obligatoire que le gouvernement d'Olaf Scholz n'a pas réussi à faire voter.
Plus globalement, l'Allemagne est en état d'alerte face au terrorisme d'extrême droite depuis le meurtre en juin 2019 par un militant néonazi d'un élu du parti conservateur d'Angela Merkel qui défendait la politique d'accueil des migrants de l'ancienne chancelière.
Sa mort avait fait l'effet d'un électrochoc dans le pays. Et depuis les opérations de police sont fréquentes.
(R.Lavigne--LPdF)