Attendu à Marseille, Macron veut prouver sa capacité à rassembler
Le ciel, le soleil, la mer et Emmanuel Macron: le président-candidat s'offre samedi une carte postale de Marseille pour son premier grand meeting d'entre-deux-tours, un cap au sud également convoité par Marine Le Pen qui a labouré pendant deux jours ces terres provençales stratégiques.
Dans la cité phocéenne, c'est pourtant Jean-Luc Mélenchon qui est arrivé en tête dimanche (31%), près de 9 points devant le président sortant.
Il s'agit donc pour Emmanuel Macron de renouer avec une ville pour laquelle il a toujours témoigné de son attachement, d'abord en s'affichant fervent supporter de l'OM.
Ensuite, de réparer un affront: le chef-lieu des Bouches-du-Rhône devait accueillir début mars un premier grand meeting de lancement de campagne, annulé in extremis après le déclenchement de l'invasion de l'Ukraine.
A partir de 15H00 dans le jardin du Pharo, un parc qui surplombe le Vieux-Port, le candidat toujours favori des sondages entend donner samedi une image de rassemblement populaire: plusieurs milliers de personnes sont attendues dans une ambiance volontairement décontractée, sans chaises mais sous un soleil promis estival.
Chez les stratèges macronistes, on s'est notamment félicité de ce format expérimenté mardi à Strasbourg - devant une foule toutefois bien plus modeste - tout en reconnaissant que "c'est une prise de risque, indéniablement, puisqu'on n’est jamais à l'abri d'un incident, y compris physiquement".
C'était en outre déjà dans ce parc bucolique que le président de la République s'était exprimé début septembre pour présenter son plan Marseille en grand, globalement bien accueilli localement.
D'abord, le patron de Provence-Alpes-Côte-d'Azur Renaud Muselier, ex-LR, avec qui la majorité présidentielle s'était alliée avec succès lors des régionales du printemps dernier.
L'ancien bras droit de Jean-Claude Gaudin est devenu un solide allié du président sortant, lequel peut également compter sur le ralliement de Martine Vassal, la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence, elle aussi ex-LR.
- L'hypothèse Benoît Payan -
Mais c'est la présence - ou non - du maire de Marseille Benoît Payan qui sera scrutée samedi après-midi et qui doit parachever le grand "rassemblement". Le socialiste a toujours fait montre de rapports chaleureux, voire amicaux, avec Emmanuel Macron et n'avait pas soutenu Anne Hidalgo au premier tour.
Le combat contre l'extrême droite pourrait lui permettre d'assumer un soutien sans réserve au chef de l'Etat sans mettre en péril sa majorité municipale qui va de LFI à EELV, espèrent plusieurs pontes de la macronie.
L'opération permettrait également d'inciter toujours plus les électeurs de Jean-Luc Mélenchon à glisser un bulletin Macron le 24 avril et non à choisir un simple vote blanc ou l'abstention, mécaniquement favorables à Marine Le Pen.
Emmanuel Macron fera-t-il de nouvelles annonces au Pharo? Tout à l'œuvre d'un "enrichissement" de son projet, le président sortant est notamment attendu sur l'écologie, l'une des pierres angulaires du vote Mélenchon qui a notamment largement séduit les jeunes dimanche dernier.
A huit jours du second tour, le déplacement du candidat-président se veut la poursuite d'un tour de France entamé dans le Nord lundi, passé par l'Alsace et Le Havre, des terres qui lui sont parfois électoralement compliquées.
A contrario, c'est dans ce sud qui lui est pour une bonne part acquis que Marine Le Pen a passé un bout de la semaine, d'abord lors d'un grand meeting à Avignon, puis à Pertuis (Vaucluse), le temps d'une visite d'un marché.
Samedi matin, la candidate RN fait un déplacement en Eure-et-Loir.
Dans la journée, une trentaine de manifestations sont prévues partout en France pour dire "non à l'extrême droite", à l'appel d'organisations et syndicats comme SOS Racisme, la CGT ou le Syndicat de la magistrature.
(C.Fontaine--LPdF)