Le Pays De France - Ukraine: Moscou vise le contrôle du Donbass et du sud du pays, l'ONU évoque des "crimes de guerre"

Paris -
Ukraine: Moscou vise le contrôle du Donbass et du sud du pays, l'ONU évoque des "crimes de guerre"
Ukraine: Moscou vise le contrôle du Donbass et du sud du pays, l'ONU évoque des "crimes de guerre" / Photo: © AFP

Ukraine: Moscou vise le contrôle du Donbass et du sud du pays, l'ONU évoque des "crimes de guerre"

Moscou a annoncé viser le contrôle total du sud de l'Ukraine et de la région du Donbass près de deux mois après l'invasion du pays par l'armée russe, accusée vendredi par l'ONU d'actions "pouvant relever de crimes de guerre".

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"L'un des objectifs de l'armée russe est d'établir un contrôle total sur le Donbass et le sud de l'Ukraine", a déclaré vendredi un haut responsable militaire russe parlant d'une "deuxième phase de l'opération spéciale" visant entre autres à "assurer un couloir terrestre vers la Crimée".

L'Ukraine, qui a obtenu ces derniers jours une aide en armements plus substantielle des Occidentaux, continue d'assurer qu'elle peut repousser les forces russes hors du pays.

"Ils ne peuvent que retarder l'inévitable - le moment où les envahisseurs devront quitter notre territoire, en particulier Marioupol", a dit jeudi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Ce port stratégique, que Moscou a assuré jeudi avoir "libéré", résiste encore aux forces russes, selon Kiev, qui affirme vendredi que les combattants ukrainiens "tiennent bon" dans l'immense complexe métallurgique Azovstal où sont également retranchés des civils.

"Je m’adresse à tous ceux qui attendent pour être évacués: patientez, s’il vous plaît, tenez bon!", a lancé à leur adresse la vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk sur Telegram.

- "Crimes de guerre" -

Les autorités ukrainiennes accusent régulièrement les forces russes de cibler des voies utilisée par des personnes fuyant les combats.

"Dans les territoires temporairement occupés, des unités de l’ennemi continuent de bloquer les mouvements de la population locale, de voler et de rapprocher une crise humanitaire.

Ils réduisent en ruines les infrastructures critiques et bloquent la livraison de cargaisons humanitaires depuis l’Ukraine.

Il y a des cas de civils et volontaires fusillés", affirme vendredi dans sa note matinale le ministère ukrainien de la Défense.

L'ONU a répertorié vendredi une série d'actions des militaires russes pouvant relever, selon elle, de crimes de guerre.

"Les forces armées russes ont bombardé et pilonné de manière indiscriminée des zones peuplées, tuant des civils et détruisant des hôpitaux, des écoles et d'autres infrastructures civiles, autant d'actions pouvant relever des crimes de guerre", a déclaré Ravina Shamdasani, lors d'un briefing régulier de l'ONU à Genève.

De récentes images satellite publiées par la société américaine Maxar Technologies montrent, selon la compagnie, "l'existence d'un site de fosses communes dans le nord-ouest de Mangouch", un village à 20 kilomètres à l'ouest de Marioupol.

Dans ce seul village, "les occupants auraient enterré entre 3 et 9.000 résidents", a affirmé sur Telegram la mairie de Marioupol.

- Crainte de "faux référendum" -

"Ils creusent des trous de trente mètres et amènent les corps de nos résidents de Marioupol dans des camions", a affirmé jeudi le maire de la ville, Vadim Boïtchenko, lors d'un point de presse retransmis sur YouTube.

Il a estimé que les bombardements russes avaient fait au moins 20.000 morts à Marioupol depuis le début du siège.

M. Zelensky avait estimé plus tôt, devant les dirigeants du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale à 7 milliards de dollars par mois l'aide nécessaire pour compenser les pertes économiques causées par la guerre.

Un appel en partie entendu. Jeudi, le président de Etats-Unis Joe Biden a annoncé une nouvelle aide militaire de 800 millions de dollars pour l'Ukraine.

Le Pentagone a précisé que cette nouvelle tranche d'aide comprenait 72 obusiers Howitzer et leurs véhicules, 144.000 obus et 121 drones tueurs Phoenix Ghost.

Jeudi soir, M. Biden a qualifié "les grandes ambitions" de Vladimir Poutine "d'échec".

"Zelensky et son gouvernement démocratiquement élu sont toujours au pouvoir, et les forces armées ukrainiennes accompagnées par les vaillants civils ukrainiens ont déjoué la conquête russe de leur pays", a-t-il écrit.

Cette affirmation n'a pas suffi à dissiper les inquiétudes du président ukrainien, qui a accusé la Russie de chercher à organiser un faux référendum d'indépendance dans les régions de Kherson et Zaporijjia qu'elle occupe dans le sud du pays.

- Sépultures de fortune -

Dans un message vidéo, M. Zelensky a demandé aux habitants des zones sous occupation de ne fournir aucune donnée personnelle, comme leurs numéros de passeport, que leur réclameraient les forces russes.

"Ce n'est pas juste pour mener un recensement. (...) Ce n'est pas pour vous donner de l'aide humanitaire d'aucune sorte. C'est en fait pour falsifier un soi-disant référendum sur votre terre, si l'ordre d'organiser cette comédie arrive de Moscou", a averti le président ukrainien.

L'Ukraine avait déjà accusé, début mars, la Russie de chercher à mettre en scène à Kherson un "référendum" à l'image de celui qui, en 2014, avait scellé l'annexion de l Crimée par la Russie, et qui est considéré comme illégal par Kiev et par les Occidentaux.

Autour de la capitale, les sépultures de fortune découvertes à proximité d'un hôpital de la ville dévastée de Borodianka ont offert des éléments aux experts enquêtant sur les accusations de crimes de guerre portées contre les troupes russes.

Les autorités ont déclaré que neuf cadavres de civils, dont beaucoup ont été abattus, avaient été exhumés de ces tombes.

Les enquêteurs ont rassemblé plus de 1.000 corps de civils dans des rues, des cours ou des sépultures improvisées dans les environs de la capitale ukrainienne, dont certains avaient les mains et les pieds liés ou des blessures par balle dans la nuque, ont expliqué jeudi des responsables.

Cette enquête s'inscrit dans le cadre de la documentation de ce qu'Oleksandre Pavliouk, chef de l'administration militaire régionale de Kiev, a qualifié d'"atrocités" commises à la suite de l'invasion des troupes russes, qui ont par le suite été contraintes de se retirer de la région.

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(C.Fournier--LPdF)