Présidentielle: Macron et Le Pen mobilisent une dernière fois sur le terrain
Ultimes bains de foule et discours du nord au sud de la France: Marine Le Pen et Emmanuel Macron achèvent vendredi tambour battant une campagne où chacun s'efforce de mobiliser et convaincre, à deux jours du second tour de la présidentielle.
A Figeac, dans le Lot, un département rural qui a voté massivement pour lui il y a cinq ans, M. Macron a enchaîné les bains de foule et s'est lancé dans un long plaidoyer en faveur de son projet de réformes de la France, tout en défendant son bilan notamment le "quoi qu'il en coûte" face à la pandémie de Covid-19.
Interpellé par une banderole déployée sur un balcon où l'on pouvait lire, "Quand tout sera privé, on sera privé de tout", il a répondu: "Félicitez vous d'être en démocratie. J'espère que ça pourra continuer car, le 24 avril, si ce n'est pas le cas, ce sera un autre choix".
"On ne fera pas l'unité du pays en promettant tout et en ne finançant rien", a-t-il taclé, mettant en garde sur le fait que "rien n'est joué" et demandant à ses partisans de "se mobiliser jusqu'à la dernière seconde".
M. Macron, qui était accompagné du Premier ministre Jean Castex, devait encore intervenir en soirée dans plusieurs médias dont LCI et BFMTV.
Auparavant, tirant le bilan de l'entre-deux-tours, il avait attaqué sa rivale affirmant qu'elle était parvenue à "avancer masquée", cependant que "les fondamentaux de l'extrême droite sont là".
"Des millions de nos compatriotes se sont portés vers son parti et son projet parce qu'elle a donné le sentiment qu'elle répondait au problème du pouvoir d'achat. Mais ses réponses ne sont pas viables", a affirmé vendredi matin le président candidat, sur France Inter.
"Mme Le Pen est l'héritière d'un père, d'un parti et d'une idéologie qui a aussi reposé sur beaucoup d'antisémitisme", a-t-il encore accusé.
- "Macron ou la France" -
La candidate RN a, elle, choisi son fief des Hauts-de-France pour achever sa campagne, multipliant elle aussi les bains de foule et échanges avec des habitants.
En déplacement à Etaples (Pas-de-Calais), à quelques encablures du Touquet, lieu de villégiature des époux Macron, Mme Le Pen a notamment dénoncé le projet de son adversaire de repousser l'âge de départ à la retraite à 65 ans, jugeant qu'en cas de réélection du président sortant, les "Français vont en prendre pour perpèt'".
"La retraite à 65 ans obligerait un jeune de 20 ans à travailler durant 45 ans pour pouvoir obtenir une retraite pleine", a-t-elle dit sur le marché local avant de rencontrer des soignants dans un hôpital à Berck puis de se rendre à Abbeville, dans la Somme voisine.
Le choix posé aux Français: "C'est Macron ou la France", a-t-elle prévenu en dénonçant la stratégie de "diabolisation" de l'extrême droite engagée par le président sortant.
Marine Le Pen cherche à faire échec au "front républicain", actionné en 2002 contre son père puis en 2017 contre elle-même pour faire barrage à l'extrême droite, et plaide au contraire pour un "front anti-Macron" dimanche.
"Ce ne sont pas les sondages qui font l'élection", a-t-elle assuré alors qu'elle est donnée perdante, entre 42,5% et 45%, selon les dernières enquêtes d'opinion, contre 55% à 57,5% pour Emmanuel Macron. Mais "quelle que soit la manière dont je sors" de la présidentielle, "j'ai fait la campagne que je souhaitais", a-t-elle dit.
A un journaliste anglo-saxon qui lui demandait ce qu'elle fera lundi si elle est battue, Mme Le Pen a répondu: "Je suis bretonne, vous allez me coller la poisse avec vos questions".
Plus tôt dans la journée, elle avait dénoncé sur Europe 1 et CNews le fait que "l'ensemble des médias, des institutions déclenchent la diabolisation" de son parti, accusant son adversaire de "(la) traiter +d'extrême droite+" ce qui revient selon elle à traiter "des millions de Français d'+extrême droite+" - et précisant qu'"extrême droite est une insulte".
En cette fin de campagne musclée, les deux rivaux craignent surtout une démobilisation des électeurs ce week-end. D'autant plus que les trois zones scolaires seront en vacances, avec notamment le début du congé de printemps pour la région parisienne.
L'enjeu dans ces dernières heures est de mobiliser les abstentionnistes, convaincre les indécis et séduire l'électorat du chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon, plus gros réservoir de voix à l'issue du premier tour (près de 22%).
A minuit, ils ne pourront plus parler ni agir: réunions publiques, distributions de tracts et propagande numérique des candidats seront interdites. Et aucun sondage ne pourra être publié avant les premières estimations diffusées dimanche à 20H00.
En Guadeloupe, Guyane, Martinique, à Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon et en Polynésie française où le scrutin est avancé à samedi, la campagne a pris fin jeudi à minuit heure locale.
(M.LaRue--LPdF)