Ukraine: Moscou confirme avoir frappé Kiev en pleine visite du chef de l'ONU
Moscou a confirmé vendredi avoir frappé Kiev la veille, en pleine visite du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, tandis qu'une opération d'évacuation de civils terrés dans l'usine Azovstal de Marioupol est envisagée.
"Les forces russes ont détruit avec des armes de haute précision de longue portée les ateliers de l'entreprise spatiale Artiom dans la ville de Kiev", a indiqué le ministère russe de la Défense, lors d'un briefing, ajoutant que l'armée avait également détruit jeudi "trois centrales électriques situées près de noeuds ferroviaires", notamment à Fastov dans la région de Kiev.
Ce premier bombardement à Kiev depuis la mi-avril a fait au moins un mort, une productrice américaine de Radio Liberty. Il s'est produit alors que M. Guterres, en Ukraine mercredi et jeudi pour sa première visite depuis le début de l'invasion russe le 24 février, se trouvait dans la capitale ukrainienne.
M. Guterres est "choqué" mais "en sécurité", avait rassuré un porte-parole de l'ONU, Saviano Abreu.
Condamnant les "frappes indiscriminées" des forces russes sur Kiev, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a assuré vendredi sur Twitter de sa "pleine solidarité" le peuple ukrainien ainsi que M. Guterres et le Premier ministre bulgare Kiril Petkov "qui se trouvaient à proximité".
"Cela en dit long sur la véritable attitude de la Russie envers les institutions internationales, sur les efforts des dirigeants russes pour humilier l'ONU et tout ce que l'organisation représente", avait commenté la veille le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Les frappes russes ont fait au moins un mort selon le maire Vitaly Klitschko ajoutant que plus de 100 habitants de la ville ont été tués depuis deux mois.
Il s'agit de la productrice américaine Vira Ghyrytch, a annoncé pour sa part Radio Liberty, un média américain. Son corps a été découvert sous les décombres de son immeuble vendredi.
Alors que des centaines de militaires et civils ukrainiens dont des dizaines d'enfants sont retranchés dans l'immense aciérie d'Azovstal à Marioupol (sud-est), la présidence ukrainienne a annoncé vendredi qu'"une opération destinée à sortir les civils de l'usine est envisagée pour aujourd'hui".
Ce port stratégique, presque entièrement détruit, est contrôlé par les forces russes après des semaines de siège.
Jeudi, la coordinatrice de l'ONU en Ukraine, Osnat Lubrani, avait annoncé partir dans le sud préparer une tentative d'évacuation de Marioupol, M. Guterres assurant que l'organisation faisait "tout son possible" pour évacuer les civils coincés dans "l'apocalypse" de cette ville.
- "Atrocités" -
M. Guterres s'était rendu jeudi à Boutcha et d'autres lieux théâtres d'exactions imputées par l'Ukraine aux forces russes et avait appelé Moscou à "coopérer" avec l'enquête de la Cour pénale internationale sur de possibles crimes de guerre.
Il s'était entretenu avec M. Zelensky, regrettant que le Conseil de sécurité n'ait pas réussi à empêcher et arrêter la guerre déclenchée le 24 février par Moscou.
Quelques heures auparavant, Joe Biden avait réitéré le soutien de son pays à l'Ukraine face "aux atrocités et à l'agression" et demandé une rallonge de 33 milliards de dollars au Congrès. Les Etats-Unis "n'attaquent pas" la Russie mais "aident l'Ukraine à se défendre", a assuré le président américain.
L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) a appelé jeudi à la création d'un "tribunal pénal international (TPI) ad hoc" afin de juger "les auteurs du crime d'agression contre l'Ukraine".
Dix soldats russes ont été mis en examen pour des crimes de guerre présumés à Boutcha, selon les services de la procureure générale d'Ukraine Iryna Venediktova jeudi. C'est la première mise en examen depuis que 20 corps de personnes portant des vêtements civils ont été découverts par l'AFP gisant dans une rue de Boutcha le 2 avril, suscitant une condamnation et un émoi à travers le monde.
Les Ukrainiens ont accusé les Russes de crimes de guerre, mais Moscou a démenti toute responsabilité et parlé de corps "mis en scène" par Kiev.
"Plus de 8.000 cas" présumés de crimes de guerre ont été identifiés par les enquêteurs ukrainiens, a également indiqué la procureure au média allemand Deutsche Welle.
Parallèlement, les combats se poursuivent, surtout dans l'Est et le Sud du pays.
- 5,4 millions de réfugiés -
"L'ennemi intensifie son offensive. Les occupants effectuent des frappes pratiquement dans toutes les directions", avec une activité particulièrement intense dans les régions de Kharkiv et dans le Donbass, selon l'état-major ukrainien jeudi. Selon lui, l'armée russe tente d'empêcher le transfert de forces ukrainiennes du nord vers l'est.
Côté russe, le gouverneur de la région de Koursk, frontalière de l’Ukraine, Roman Starovoït, a annoncé vendredi sur Telegram une nouvelle attaque au mortier dans sa région en provenance du territoire ukrainien, sur un poste de contrôle du village de Kroupets.
Depuis le 24 février, 3.033.000 personnes fuyant le conflit en Ukraine sont entrées en Pologne, ont annoncé vendredi les garde-frontières polonais. Parallèlement, 924.000 personnes ont traversé la frontière polono-ukrainienne en sens inverse.
Près de 5,4 millions de réfugiés ukrainiens ont fui leur pays depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, selon l'ONU jeudi.
Par ailleurs, environ 8.000 soldats britanniques participeront cet été selon Londres à des exercices en Europe de l'Est aux côtés de soldats de l'Otan, dans une "démonstration de solidarité et de force". Des dizaines de chars et 120 véhicules de combat blindés seront déployés de la Finlande à la Macédoine du Nord dans le cadre de ce projet prévu de longue date et renforcé depuis l'invasion russe en Ukraine.
Jeudi, Londres avait annoncé qu'un ressortissant britannique avait été tué en Ukraine et qu'un autre était porté disparu. Selon les médias britanniques, tous deux combattaient les forces russes comme volontaires.
Les présidents ukrainien Volodymyr Zelensky et russe Vladimir Poutine sont invités au sommet du G20 prévu en novembre en Indonésie, a annoncé pour sa part le président indonésien Joko Widodo, suggérant qu'un compromis avait été trouvé à la suite des pressions des Occidentaux pour exclure la Russie du groupe depuis le début de son invasion de l'Ukraine.
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(L.Garnier--LPdF)