Le chef du Hamas enterré au Qatar, l'Iran et ses alliés préparent leur riposte
Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, assassiné mercredi en Iran après une attaque imputée à Israël, doit être enterré vendredi au Qatar, où il vivait en exil, pendant que l'Iran et ses alliés préparent leur riposte.
Après des funérailles officielles, marquées par des appels à la vengeance, qui ont rassemblé des milliers de personnes jeudi à Téhéran, une cérémonie de prières aura lieu à la mosquée Imam Mohammad ben Abdel Wahhab, la plus grande de la capitale, Doha.
Le Hamas a appelé à une "journée de colère" à l'occasion de l'enterrement de son chef politique et demandé que "des marches de colère partent de chaque mosquée" après la grande prière du vendredi.
La Turquie a décrété une journée de deuil national.
Ismaïl Haniyeh, 61 ans, a été tué mercredi par un "projectile aérien", selon les médias locaux, dans l'une des résidences réservées aux anciens combattants dans le nord de Téhéran, après avoir assisté à la cérémonie d'investiture du président iranien Massoud Pezeshkian.
L'Iran, le Hamas et le Hezbollah libanais ont accusé Israël de cet assassinat. Mais selon l'armée israélienne, la seule frappe menée cette nuit-là au Moyen-Orient est celle qui a tué Fouad Chokr, le chef militaire du Hezbollah, dans la banlieue sud de Beyrouth.
Le New York Times, citant cinq responsables de pays du Moyen-Orient parlant sous couvert d'anonymat, a affirmé qu'Ismaïl Haniyeh avait été tué par une bombe cachée depuis environ deux mois dans la résidence où il séjournait, protégée par les Gardiens de la Révolution et faisant partie d'un vaste complexe situé dans un quartier huppé du nord de Téhéran.
- "Lignes rouges" -
"Israël ne sait pas quelles lignes rouges il a franchies", a lancé jeudi le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, lors des funérailles de Fouad Chokr, en menaçant Israël d'une "riposte inéluctable". Dans la soirée, le mouvement a annoncé avoir lancé des dizaines de roquettes sur le nord d'Israël.
Le Hezbollah, allié du Hamas et soutenu par l'Iran, échange des tirs presque quotidiens avec l'armée israélienne le long de la frontière israélo-libanaise depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël le 7 octobre.
Les attaques de Téhéran et Beyrouth ont ravivé les craintes d'une extension de la guerre à l'ensemble du Moyen-Orient, entre Israël d'une part, l'Iran et les groupes qu'il soutient au Liban, en Syrie, en Irak et au Yémen d'autre part.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a affirmé jeudi qu'Israël était à un "niveau très élevé" de préparation pour n'importe quel scénario, "tant défensif qu'offensif", selon son bureau.
Lors d'un entretien téléphonique avec M. Netanyahu jeudi, le président américain Joe Biden "a réaffirmé son engagement pour la sécurité d'Israël contre toutes les menaces de l'Iran, y compris de groupes terroristes qui agissent par procuration comme le Hamas, le Hezbollah et les Houthis" du Yémen, a souligné la présidence américaine.
Jeudi, des milliers de personnes en deuil, portant des portraits d'Ismaïl Haniyeh, ont assisté à ses funérailles à Téhéran, marquées par des appels à la vengeance.
Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, qui avait menacé Israël d'un "châtiment sévère", a récité la prière des morts devant les cercueils d'Ismaïl Haniyeh et de son garde du corps, couverts du drapeau palestinien.
Les rebelles houthis, eux aussi alliés du Hamas, ont promis jeudi une "réponse militaire" à la "dangereuse escalade" provoquée selon eux par Israël.
Selon le New York Times, citant trois responsables iraniens non identifiés, l'ayatollah Khamenei a, lors d'une réunion d'urgence du Conseil suprême de sécurité nationale mercredi, donné l'ordre de frapper directement Israël, en riposte à l'assassinat d'Ismaïl Haniyeh.
- Eviter une escalade -
Le Qatar accueille le bureau politique du Hamas avec l'accord des Etats-Unis depuis 2012, après la fermeture par le mouvement palestinien de son bureau à Damas.
La communauté internationale a appelé au calme et à œuvrer pour un cessez-le-feu à Gaza.
Plusieurs analystes estimaient que la riposte de l'Iran et de ses alliés devrait rester mesurée, avec la volonté d'éviter une escalade.
"L'Iran et le Hezbollah ne voudront pas jouer le jeu de Netanyahu et lui donner l'appât ou les prétextes dont il a besoin pour entraîner les Etats-Unis dans une guerre", a estimé l'analyste Amal Saad, experte du Hezbollah.
Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne, après l'attaque du 7 octobre qui a entraîné la mort de 1.197 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes alors enlevées, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l'armée.
En riposte, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait jusqu'à présent 39.480 morts, d'après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, qui ne donne pas d'indications sur le nombre de civils et de combattants morts.
(C.Fournier--LPdF)