La crainte d'un embrasement enfle au Moyen-Orient, les Etats-Unis musclent leur dispositif
Les craintes d'un embrasement enflent samedi au Moyen-Orient, où l'Iran et ses alliés multiplient les menaces contre Israël après la mort du chef du Hamas palestinien et du commandant du Hezbollah libanais, et où les Etats-Unis renforcent leur dispositif militaire.
Au vu de "la possibilité d'une escalade régionale par l'Iran et ses partenaires", les Etats-Unis, principal allié d'Israël, ont annoncé "modifier (leur) dispositif militaire" pour "améliorer la protection des forces armées des Etats-Unis" et "doper le soutien à la défense d'Israël".
Davantage de navires de guerre, "porteurs de missiles balistiques de défense" et "un escadron supplémentaire d'avions de combat", vont être déployés, a indiqué vendredi le Pentagone.
Samedi, l'ambassade des Etats-Unis a exhorté ses ressortissants à quitter le Liban en prenant "n'importe quel billet d'avion disponible".
Israël n'a pas commenté l'assassinat de Haniyeh, mais a juré de détruire le Hamas après une attaque sans précédent menée par ce mouvement le 7 octobre sur le sol israélien, qui a déclenché une riposte dévastatrice de l'armée israélienne dans la bande de Gaza.
- "En profondeur" -
La guerre à Gaza a entraîné l'ouverture de fronts contre Israël par le Hezbollah et les rebelles yéménites houthis qui forment avec le Hamas et des groupes irakiens ce que l'Iran appelle "l'axe de la résistance" face à Israël.
Les attaques contre Haniyeh et Chokr et les menaces de riposte ont alimenté davantage les inquiétudes d'une guerre à grande échelle.
Samedi, la représentation de l'Iran auprès de l'ONU a dit s'attendre à ce que le Hezbollah frappe des zones situées en "profondeur" du territoire israélien, et "ne se limite pas aux cibles militaires".
Selon les Gardiens de la révolution, armée idéologique de la République islamique, Ismaïl Haniyeh a été tué par un "projectile de courte portée" tiré sur le bâtiment où il se trouvait après avoir assisté à la cérémonie d'investiture du président iranien.
"Le régime (...) sioniste recevra certainement la réponse à ce crime au moment et au lieu appropriés", ont-ils averti.
- "Tel-Aviv et Haïfa" -
Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a menacé Israël d'un "châtiment sévère", le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avertissant d'une "riposte inéluctable".
Tel-Aviv et Haïfa "font partie des cibles", selon le quotidien ultraconservateur iranien Kayhan, qui prédit "de douloureuses pertes humaines".
D'après une source du Hezbollah, l'Iran et ses alliés envisagent deux scénarios, "une riposte simultanée" ou "une réponse de chaque partie".
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a affirmé que son pays Israël était à un "niveau très élevé" de préparation pour n'importe quel scénario, "tant défensif qu'offensif".
En attendant la "riposte sévère", le cycle de violences se poursuit à la frontière israélo-libanaise.
Le Hezbollah a annoncé samedi la mort d'un combattant tué selon une source de sécurité par un "drone israélien" dans le sud du Liban et revendiqué deux attaques contre des positions israéliennes près de la frontière.
- Suspension de liaisons aériennes -
Signe de l'inquiétude qui monte, les rumeurs alarmistes se multiplient au Liban, frontalier d'Israël, où l'aviation civile a dû démentir l'annulation de toutes les dessertes de Beyrouth.
Mais plusieurs compagnies aériennes ont suspendu leurs liaisons avec l'aéroport de Beyrouth, dont l'allemande Lufthansa jusqu'au 5 août. Air France et Transavia ont prolongé cette mesure jusqu'à au moins mardi inclus, et Kuwait Airways va interrompre ses rotations à partir de lundi.
La Suède a annoncé la fermeture de son ambassade à Beyrouth et conseillé à ses ressortissants de quitter le pays.
- Bombardements à Gaza -
Selon la Défense civile locale, une femme et son enfant ont été tués dans un tir israélien sur le camp d'al-Bureij, dans le centre du territoire palestinien assiégé, ravagé et menacé de famine selon l'ONU.
Le Hamas, qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza, est considéré comme une organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne.
Son attaque le 7 octobre dans le sud d'Israël a entraîné la mort de 1.197 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes. Sur 251 personnes alors enlevées, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l'armée.
L'offensive de représailles israélienne a fait jusqu'à présent 39.550 morts à Gaza, d'après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, qui ne donne détaille pas le nombre de civils et de combattants morts.
(A.Renaud--LPdF)