Le PS en passe d'intégrer une alliance historique menée par LFI
L'alliance historique à gauche est sur le point d'aboutir: La France insoumise et le Parti socialiste sont "en bonne voie" vers un accord aux législatives après le compromis trouvé au petit matin mercredi sur les circonscriptions.
EELV dimanche soir, le PCF mardi... et le PS mercredi ou jeudi? La France insoumise, forte des 22% de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, est en passe de réunir ses anciens concurrents pour les scrutins des 12 et 19 juin.
Après une semaine de négociations, Insoumis et socialistes ont trouvé dans la nuit de mardi à mercredi un "accord de principe" sur l'épineux dossier des circonscriptions.
Les socialistes en ont obtenu 70, a indiqué la direction du PS à l'AFP, sans préciser combien étaient gagnables. Un "accord global est en bonne voie", même si "les discussions sur le fond doivent se poursuivre" mercredi matin au siège de LFI, a-t-elle indiqué.
Au menu notamment, la "désobéissance" sélective à l'Europe, qu'EELV a contribué à circonscrire aux sujets budgétaires et économiques, mais qui pose toujours problème aux socialistes.
Celui-ci n'aura peut-être pas lieu mercredi, même si l'événement des investitures communes est prévu samedi. Car Olivier Faure, premier secrétaire du PS, veut prendre le temps de convaincre ses 300 membres.
"Je ne dirais pas que c'est une formalité, au contraire", avertit son entourage. "Il y aura des déçus, chez les fédérations moins servies que d'autres" en circonscriptions.
- "Prouesse" -
Le nombre de circonscriptions obtenues est inférieur à EELV - une centaine dont une trentaine gagnable - mais supérieur aux communistes - 50 dont 16 gagnables.
"Les sortants désireux de l'union ont bien été préservés dans l'accord", glisse la direction du PS, se félicitant que les "1,7% de la présidentielle se soient transformés en 70 circonscriptions, une prouesse".
Elle déplore en revanche la bataille perdue pour Lamia El Aaraje dans la 15e circonscription de Paris, où va être investie l'insoumise historique Danielle Simonnet. "Les négociateurs ont bataillé mais LFI a refusé de la considérer comme sortante", car son élection en 2021 a été invalidée par le Conseil constitutionnel en janvier.
Le coordinateur de LFI Adrien Quatennens a jugé sur franceinfo que sa formation avait fait preuve de générosité, ayant proposé plus que la proportionnelle des scores à la présidentielle: "Parce que nous souhaitions qu'il y ait un accord qui embarque tout le monde, nous avons tenu compte de l'implantation territoriale des différentes formations politiques".
En échange, "le PS a fait des pas essentiels sur le bilan de Hollande, l'abrogation de la loi El Khomri, la retraite à 60 ans, le non-respect de certaines règles européennes", a salué l'eurodéputée Manon Aubry sur Europe 1.
Parallèlement, des discussions se poursuivent avec le petit parti trotskiste NPA, enthousiaste au départ mais désormais rebuté par l'alliance avec le PS, avatar selon lui du "social-libéralisme".
- "Renaissance" et dissidences -
Les nouveaux partenaires vont se retrouver pour une "photo de famille" rapidement, selon plusieurs cadres de partis, avant la convention d'investiture commune, qui est en train d'être conçue pour samedi.
Mais Olivier Faure doit composer avec la fronde d'un courant minoritaire et de figures historiques du parti, comme l'ancien président François Hollande et l'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve qui menace de partir.
Son ancien ministre de l'Agriculture, le maire du Mans Stéphane Le Foll, s'est dit sur France 2 prêt à "conduire la campagne" des dissidents, "tous ceux qui vont être candidats quand même parce qu'ils n'accepteront pas l'accord".
"Hollande et Cazeneuve ne peuvent pas avoir un droit de veto sur ce qu’il se passe à gauche et qui est une renaissance", a répondu l'écologiste Sandrine Rousseau, qui sera candidate dans la 9e circonscription de Paris, sur Public Sénat.
Mais les dissidences pourraient toucher tous les partis. A Vénissieux dans la banlieue de Lyon, la maire communiste Michèle Picard n'entend pas céder sa place à l'Insoumis investi, le journaliste controversé Taha Bouhafs.
"Nous ne sommes pas du genre à remettre en cause un accord que nous signons et donc j'appellerai à le faire respecter", a cependant prévenu le patron du PCF Fabien Roussel sur France Inter.
Même si, est convenu l'ancien candidat à la présidentielle, "il sera difficile de convaincre, dans ces circonscriptions, les électeurs communistes de soutenir ces candidatures".
(H.Duplantier--LPdF)