A Jakarta, le pape appelle à "contrecarrer l'extrémisme et l'intolérance"
Le pape François, 87 ans, a appelé mercredi à Jakarta à "renforcer le dialogue interreligieux" pour "contrecarrer l'extrémisme et l'intolérance", en ouverture de sa longue tournée en Asie-Pacifique.
Le dialogue interreligieux constitue l'un des thèmes principaux de cette visite de trois jours en Indonésie, avec une rencontre jeudi entre les représentants des six confessions officiellement reconnues dans le pays.
Un tel dialogue est "indispensable pour affronter les défis communs, dont celui de contrecarrer l’extrémisme et l’intolérance, lesquels – en déformant la religion – tentent de s’imposer en se servant de la supercherie et de la violence", a souligné le pape argentin lors d'un discours devant les autorités indonésiennes et le corps diplomatique.
En début de matinée, au son de la fanfare de la garde d'honneur, le pape, apparu en bonne forme et souriant, a été accueilli au palais Merdeka par le président indonésien sortant Joko Widodo, avec lequel il s'est ensuite entretenu en privé.
"Cet esprit de liberté et de tolérance est ce que l’Indonésie et le Vatican veulent propager, surtout au milieu d’un monde de plus en plus soumis aux turbulences", a déclaré Joko Widodo.
L’Indonésie a été aux prises avec l’extrémisme islamiste au cours des dernières décennies, avec pour point d’orgue des attentats à la bombe perpétrés par des militants islamistes sur l'île balnéaire de Bali en 2002, qui ont fait 202 morts.
Ces attentats, les plus meurtriers de l'histoire indonésienne ont conduit à une répression de l’extrémisme islamiste.
- Drapeaux et costumes -
Dans une ambiance joyeuse, des centaines d'enfants et de jeunes en costumes traditionnels exhibant des drapeaux de l'Indonésie et du Vatican ont salué l'arrivée de François, qui s'est prêté au jeu protocolaire avec défilé militaire et hymne des deux pays.
Le chef des 1,3 milliard de catholiques a également salué Prabowo Subianto, l'actuel ministre de la Défense qui succédera en octobre à Joko Widodo après son élection en février.
Après 13 heures de vol mardi depuis Rome, François, qui se déplace en fauteuil roulant, a pu bénéficier d'une demi-journée de repos avant de se lancer dans le ballet des rencontres et discours. Il n'a pas semblé souffrir du décalage horaire, ni de la chaleur humide de la capitale indonésienne.
L'immense archipel aux 17.500 îles abrite la plus importante population musulmane au monde (242 millions, soit 87% des habitants), pour quelque huit millions de catholiques (moins de 3%), et le dialogue inter-religieux constitue le thème central de cette étape.
En fin de matinée, Jorge Bergoglio doit rencontrer en privé des membres de la Compagnie de Jésus - l'ordre des Jésuites, auquel il appartient - à la nonciature apostolique du Saint-Siège, l'ambassade du Vatican, une tradition lors de ses déplacements à l'étranger.
- Sécurité renforcée -
Cette visite s'inscrit dans une tournée marathon qui doit le mener dans quatre pays d'Asie du Sud-Est et d'Océanie, initialement prévue en 2020, mais reportée en raison de la pandémie de Covid-19.
Après Paul VI en 1970 et Jean-Paul II en 1989, François est le troisième pape à se rendre dans le pays, dont la capitale a mis son image à l'honneur, avec des drapeaux du Vatican et des affiches de bienvenue.
Mercredi après-midi, il se rendra à la cathédrale Notre-Dame de l'Assomption, reconstruite à la fin du XIXe siècle après un incendie, où il devrait encourager le clergé local, avant de clôturer sa journée par une rencontre avec des jeunes du réseau Scholas Occurrentes.
Ce mouvement éducatif, initialement destiné aux enfants des zones défavorisées de Buenos Aires, s'est progressivement étendu à un réseau mondial d'écoles.
La sécurité a été renforcée pour la visite du pape à Jakarta, avec la fermeture de certaines routes et le déploiement d'effectifs de sécurité comprenant quelque 4.000 soldats ou policiers, ainsi que des tireurs d'élite.
François est ensuite attendu vendredi en Papouasie-Nouvelle-Guinée, puis au Timor oriental et à Singapour où il achèvera le 13 septembre un périple de 32.000 km, le plus lointain depuis son élection en 2013.
Ce 45e voyage à l'étranger constitue un défi physique de taille pour le jésuite argentin, qui a connu ces dernières années des problèmes de santé mais apparaît souvent revigoré par les voyages et le contact avec les fidèles.
(L.Chastain--LPdF)