Les dirigeants du monde réunis à l'ONU en pleine explosion des violences au Proche-Orient
La grand-messe annuelle de l'ONU commence mardi à New York, avec la crainte d'une guerre régionale au Proche-Orient, escalade qui va dominer cette session de l'Assemblée générale à laquelle participe pour la dernière fois le président américain Joe Biden.
Après deux journées de "Sommet de l'avenir" consacrées aux grands défis de l'humanité pour les générations qui viennent, plus de 100 chefs d'Etat et de gouvernement vont se succéder à la tribune pendant une semaine assombrie par les conflits qui font rage, en particulier au Liban et dans la bande de Gaza.
"Cette année, l'accent sera mis sur les questions de guerre et de paix", commente Richard Gowan, de l'International Crisis Group. En particulier Gaza, l'Ukraine et le Soudan.
Près d'un an après le début de la guerre dans le petit territoire palestinien déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, le conflit menace de s'étendre à la région.
Des frappes israéliennes contre le Hezbollah libanais, soutenu par l'Iran, ont fait près de 500 morts lundi au Liban qui a vécu sa journée la plus meurtrière en près d'un an d'échange de tirs entre les deux parties en marge de la guerre à Gaza.
Joe Biden, qui a réaffirmé "travailler à une désescalade", montera mardi matin à la tribune pour son dernier discours à l'Assemblée générale. Les Etats-Unis sont opposés à une invasion terrestre du Liban et vont présenter des "idées concrètes" à leurs partenaires cette semaine à l'ONU pour apaiser ce conflit, a confié un haut responsable américain.
Le nouveau président iranien Massoud Pezeshkian, dont le pays soutient le Hezbollah et le Hamas et qui fera lui son premier discours à l'ONU, a accusé lundi Israël de chercher à "élargir" le conflit au Moyen-Orient.
- "Cortège de misères humaines" -
"Nous sommes au bord d'une guerre totale" au Liban, a de son côté averti le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, tandis que la France a demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité durant cette semaine diplomatique déjà surchargée.
Mardi, à la demande des Ukrainiens qui, selon des sources diplomatiques, craignaient cette année que "leur" guerre ne soit éclipsée, le Conseil se réunira sur l'Ukraine en présence du président Volodymyr Zelensky, star de l'édition 2023.
Le dirigeant ukrainien, qui doit s'exprimer mercredi à l'Assemblée, a appelé lundi "tous les pays à continuer à soutenir nos efforts conjoints pour un avenir pacifique".
Le président russe Vladimir "Poutine a déjà volé tellement de choses, mais il ne volera pas l'avenir du monde", a-t-il déclaré, alors qu'il doit présenter cette semaine à son homologue américain son "plan pour la victoire".
Autres têtes d'affiche du défilé de leaders à la tribune cette semaine: le Brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et le Turc Recep Tayyip Erdogan mardi, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas jeudi et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, jeudi ou vendredi.
Mais "la vraie diplomatie pour réduire les tensions aura lieu en coulisses", souligne Richard Gowan, évoquant peut-être une possibilité pour les diplomates occidentaux et arabes de discussions avec les Iraniens pour "empêcher la situation régionale de devenir hors de contrôle".
"La paix est assaillie de toute part", s'est de son côté inquiété le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, appelant à "en finir avec le cortège de misères humaines".
"Les dirigeants mondiaux doivent s'engager pendant l'Assemblée générale de l'ONU à des mesures audacieuses pour mettre fin aux atrocités dans les pires crises mondiales et à ce que les responsables rendent des comptes", a plaidé Louis Charbonneau, de l'ONG Human Rights Watch.
(A.Monet--LPdF)