La résidence de Netanyahu visée par un drone, tirs du Hezbollah sur le nord d'Israël
Israël a annoncé samedi qu'un tir de drone depuis le Liban avait visé la résidence du Premier ministre Benjamin Netanyahu, en pleine offensive israélienne contre le Hezbollah libanais, qui a revendiqué des tirs de roquettes sur la région de Haïfa.
Dans le nord de la bande de Gaza, un bombardement israélien a fait 33 morts, selon la Défense civile, alors que l'armée poursuit son offensive visant à écraser le Hamas, décimé après un an de guerre et la mort de son chef, Yahya Sinouar, tué par des soldats israéliens.
La guerre qui fait rage dans le territoire palestinien depuis le 7 octobre 2023 a gagné le Liban, où Israël a lancé le 30 septembre une offensive terrestre dans le sud du pays, appuyée par des bombardements aériens, contre le Hezbollah, puissant allié du Hamas lui aussi soutenu par l'Iran.
Les sirènes d'alerte ont retenti dans plusieurs villes du nord d'Israël. Selon l'armée, plus de cent projectiles ont été tirés depuis le Liban samedi.
Le Hezbollah a annoncé avoir tiré une salve de roquettes sur la région de Haïfa, le grand port du nord d'Israël, et avoir visé une base militaire, disant riposter aux "agressions" israéliennes sur le Liban.
Au Liban, une frappe aérienne, qui a fait deux morts, a touché pour la première fois depuis le début de la guerre l'autoroute reliant Beyrouth au nord du Liban, selon les autorités.
La frappe qui a visé une voiture s'est produite dans le secteur de Jounieh, une zone chrétienne épargnée jusque-là.
Israël dit vouloir neutraliser le Hezbollah dans les régions proches de la frontière libanaise et permettre le retour dans le nord de son territoire de quelque 60.000 habitants, déplacés depuis un an par les tirs de roquettes incessants du mouvement islamiste.
Au moins 1.418 personnes ont été tuées au Liban depuis le début des bombardements israéliens massifs contre le Hezbollah le 23 septembre, d'après un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.
L'ONU a recensé environ 700.000 déplacés.
- Un avenir "flou" -
Dans la bande de Gaza, l'armée israélienne mène depuis le 6 octobre une offensive aérienne et terrestre dans la région de Jabalia, dans le nord, en affirmant que le Hamas cherche à y reconstituer ses forces.
Le mouvement islamiste palestinien a déclaré vendredi que les otages retenus dans la bande de Gaza ne seraient pas libérés avant "l'arrêt" de l'offensive israélienne, déclenchée en riposte à l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2023.
Le Hamas a assuré que le décès mercredi de Yahya Sinouar, considéré comme l'architecte de cette attaque, "renforcerait" le mouvement.
D'après le New York Times, qui a interrogé le médecin légiste chargé de l'autopsie en Israël, le chef du Hamas a d'abord été grièvement blessé au bras lors d'un échange de tirs, puis tué d'une balle dans la tête.
Plusieurs frappes aériennes ont visé la bande de Gaza samedi matin, notamment le camp de réfugiés de Jabalia où trois maisons ont été visées après un bombardement qui a fait 33 morts et "des dizaines" de blessés pendant la nuit, selon la Défense civile.
Des témoins ont signalé des tirs nourris et des bombardements à l'artillerie sur ce camp ainsi que des frappes sur celui de Bureij, dans le centre du territoire. Selon des médecins, les forces israéliennes ont bombardé l'Hôpital indonésien de Beit Lahia, dans le nord.
Plusieurs dirigeants étrangers ont émis l'espoir que la mort de Yahya Sinouar ouvre la voie vers un cessez-le-feu et la libération des otages. Le président américain, Joe Biden, y a vu l'opportunité "d'un chemin vers la paix" au Proche-Orient.
Mais plusieurs analystes soulignaient que la disparition du chef du Hamas désorganisait encore davantage le mouvement, à présent éparpillé en petites cellules, compliquant d'autant de futures négociations.
"Les efforts de négociations étaient précédemment tous basés sur l'idée que Sinouar disposait d'un lien avec la plupart de ceux qui détenaient des otages, et qu'il pouvait façonner leurs actions", a résumé Jon Alterman, du think-tank américain CSIS.
"La photo est bien plus floue maintenant et nous devrions assister à des dénouements variés", a ajouté cet expert.
- "Enfer sur terre" -
Les familles des otages, tout en saluant la mort de Yahya Sinouar, ont d'ailleurs exprimé leur "profonde inquiétude" sur le sort de leurs proches.
Sur les 251 personnes enlevées le jour de l'attaque du Hamas, 97 sont toujours otages à Gaza dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée.
Cette attaque a entraîné la mort de 1.206 personnes en Israël, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels, incluant les otages morts en captivité.
Dans la bande de Gaza assiégée, des Palestiniens hésitaient entre espoir et résignation.
"Maintenant que Sinouar a été tué, nous espérons que la guerre s'arrêtera", a affirmé l'un d'eux, Ali Chameli. Mais "la guerre ne s'est pas arrêtée, et les tueries continuent avec intensité", a souligné un autre habitant du territoire, Jemaa Abou Mendi.
Au moins 42.500 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués jusqu'à présent dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
Le petit territoire, assiégé par Israël, est un véritable "enfer sur terre" pour le million d'enfants qui y vit, a affirmé l'Unicef vendredi.
Dans ce contexte explosif, Israël a promis de riposter à l'attaque de missiles lancée par l'Iran contre son territoire le 1er octobre.
Le Hamas est "vivant et le restera" en dépit de la mort de Yahya Sinouar, a affirmé samedi le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.
(Y.Rousseau--LPdF)