Israël bombarde des cibles du Hezbollah au Liban, des dizaines de morts à Gaza
L'armée israélienne a bombardé dimanche des dizaines de cibles du Hezbollah à Beyrouth et dans le sud du Liban tout en poursuivant son offensive contre le Hamas à Gaza, où une frappe a fait plus de 70 morts la veille selon les secours.
En guerre contre les deux mouvements islamistes soutenus par l'Iran, Israël a notamment visé un "centre de commandement" du Hezbollah, selon son armée, dans la banlieue sud de la capitale libanaise, et mené des frappes aériennes sur des dizaines de localités dans le sud du Liban.
La guerre, qui s'est étendue au Liban à la mi-septembre, fait à présent rage sur deux fronts alors qu'Israël célèbre jusqu'au 23 octobre la fête juive de Souccot.
Dimanche, l'armée a annoncé avoir frappé depuis la veille "environ 175 cibles" dans la bande de Gaza et au Liban, parmi lesquelles "des entrepôts d'armes, des sites de lancement et des infrastructures terroristes appartenant au Hamas et au Hezbollah".
- 50 localités bombardées -
Au Liban, plus de 50 villes et villages du sud du pays ont été bombardés dimanche, selon l'agence de presse Ani, dont la ville de Nabatiyeh, encore frappée à sept reprises après avoir été visée ces derniers jours.
L'aviation israélienne a également bombardé la banlieue sud de Beyrouth, l'un des fiefs du Hezbollah, après un appel à évacuer lancé à la population.
L'une des frappes a touché un immeuble d'habitation dans le quartier de Haret Hreik, "situé près d'une mosquée et d'un hôpital", selon l'Ani.
Le Hezbollah a de son côté revendiqué des tirs de roquettes sur le nord d'Israël, qui ont visé notamment une base militaire proche de la ville de Safed.
L'armée a annoncé qu'environ 70 "projectiles" avaient été tirés en quelques minutes depuis le Liban vers le nord d'Israël, dont "un certain nombre" ont été interceptés.
Samedi, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait accusé le mouvement chiite libanais d'avoir tenté de l'assassiner après un tir de drone qui a visé, en son absence, sa résidence privée à Césarée, une ville côtière du centre d'Israël.
Le Hezbollah n'a pas revendiqué ce tir, mais la mission iranienne à l'ONU a affirmé qu'il était derrière l'attaque.
"Le Hezbollah, allié de l'Iran, qui a tenté de m'assassiner, moi et ma femme, a fait une grave erreur", a affirmé le Premier ministre. "Je dis aux Iraniens et à leurs partenaires de l'axe du Mal: quiconque essaie de faire du mal aux citoyens d'Israël paiera un prix élevé", a-t-il ajouté.
Ces accusations amplifient les craintes d'une escalade militaire au Moyen-Orient, alors qu'Israël a menacé de riposter à une attaque de missiles lancée le 1er octobre par l'Iran.
Après un an d'offensive dans la bande de Gaza, Israël est entré en guerre contre le Hezbollah au Liban, où il a lancé le 23 septembre une campagne de frappes aériennes massives puis, le 30, une offensive terrestre dans le sud du pays, frontalier de son territoire.
Israël dit vouloir neutraliser le mouvement islamiste dans le sud du Liban pour permettre le retour chez eux de quelque 60.000 habitants du nord d'Israël, déplacés par les tirs de roquettes incessants depuis un an.
Au moins 1.454 personnes ont été tuées au Liban depuis le 23 septembre, d'après un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.
A la mi-octobre, l'ONU recensait près de 700.000 déplacés.
- "Horreurs indescriptibles" -
Parallèlement, l'offensive israélienne contre le Hamas s'est de nouveau intensifiée ces derniers jours dans la bande de Gaza.
L'armée a annoncé dimanche mener des opérations dans "le nord, le centre et le sud" du territoire et avoir "éliminé des dizaines de terroristes dans des combats au sol rapprochés et des frappes aériennes".
La veille, une frappe a fait 73 morts "et un grand nombre de blessés", selon la Défense civile, à Beit Lahia, dans le nord du territoire palestinien.
L'armée a affirmé avoir visé une "cible terroriste" du Hamas et assuré que le bilan donné par les autorités de Gaza "ne correspondait pas" aux informations en sa possession.
Avant cette frappe, la Défense civile avait fait état de "plus de 400 morts" dans le nord de Gaza depuis le début de l'offensive lancée par l'armée israélienne le 6 octobre dans ce secteur, où elle affirme que le Hamas cherche à reconstituer ses forces.
"Des nouvelles épouvantables en provenance du nord de Gaza, où les Palestiniens continuent de subir des horreurs indescriptibles sous le siège des forces israéliennes", a affirmé Joyce Msuya, la cheffe intérimaire de l'ONU pour l'aide humanitaire.
Le Hamas, au pouvoir depuis 2007 à Gaza, a affirmé qu'il continuerait à se battre malgré la mort de son chef, Yahya Sinouar, tué le 16 septembre par des soldats israéliens et considéré comme le cerveau de l'attaque du 7 octobre 2023.
Cette attaque a entraîné la mort de 1.206 personnes en Israël, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels israéliens, incluant les otages tués ou morts en captivité.
Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque, 97 sont toujours otages à Gaza, dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée.
Au moins 42.603 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués jusqu'à présent dans l'offensive israélienne menée en représailles dans la bande de Gaza, dont au moins 84 en 24 heures, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
(P.Toussaint--LPdF)