L'Iran assure avoir "le devoir de se défendre" après les frappes israéliennes
L'Iran a assuré samedi avoir le "devoir de se défendre" après des frappes aériennes contre des sites de fabrication de missiles menées par Israël, qui a menacé la République islamique de lui faire "payer un prix élevé" si elle répliquait.
Ces bombardements surviennent un mois après les frappes iraniennes de missiles sur Israël, à un moment où l'armée israélienne est en guerre contre deux mouvements islamistes soutenus par l'Iran, le Hamas dans la bande de Gaza depuis plus d'un an et le Hezbollah au Liban depuis fin septembre.
L'attaque israélienne contre "des sites militaires dans les provinces de Téhéran et celles du Khouzestan (sud-ouest) et d'Ilam (ouest)", limitrophes de l'Irak, a causé des "dégâts limités", ont assuré les forces iraniennes de défense aérienne, tandis que l'armée iranienne a rapporté la mort de deux militaires, sans préciser où.
Après les tirs de quelque 200 missiles iraniens le 1er octobre, Israël avait juré de se venger et Téhéran avait assuré être prêt à riposter à une attaque, faisant craindre une guerre régionale.
"L'Iran considère qu'il a le droit et le devoir de se défendre contre les actes d'agression étrangers", a déclaré le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, citant la "base du droit inhérent de légitime défense qui figure à l'article 51 de la Charte des Nations unies".
L'armée israélienne a indiqué avoir "frappé des sites de fabrication de missiles (...) que l'Iran tire sur l'Etat d'Israël depuis un an. Ces missiles étaient une menace directe et immédiate pour les citoyens d'Israël".
"Le régime iranien et ses relais dans la région ont attaqué sans relâche Israël depuis le 7 octobre (2023) sur plusieurs fronts, notamment des attaques directes depuis le sol iranien", a indiqué Israël.
- "Réponse achevée" -
Selon l'armée israélienne, les frappes ont aussi visé "des batteries de missiles sol-air et d'autres systèmes aériens qui avaient pour but de restreindre la liberté d'Israël d'opérer en Iran".
"Tous ceux qui menacent l'Etat d'Israël et tentent de plonger la région dans une escalade plus large paieront un prix élevé", a affirmé le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l'armée.
Il a assuré que l'armée israélienne avait "achevé la réponse israélienne aux attaques de l'Iran contre Israël".
Dans la nuit en Iran, l'agence de presse officielle Irna avait rapporté des premières détonations vers 02H15 locales, principalement à l'ouest de Téhéran, tandis que la télévision d'Etat avait fait état de "six fortes détonations" autour de Téhéran, "liées à l'activation du système de défense aérienne".
Des journalistes de l'AFP ont entendu des détonations continues accompagnées de traînées lumineuses dans le ciel vues depuis le centre de la capitale iranienne.
L'Iran a annoncé dans la matinée la réouverture de son espace aérien, fermé après l'attaque, dès 09H00 locales (05H30 GMT).
Presque au même moment en Syrie, dont le régime est allié de l'Iran, l'agence de presse étatique a annoncé samedi que Israël avait mené une attaque aérienne contre des "positions militaires" sur son territoire dans la nuit".
En Irak, les factions de la "Résistance islamique", nébuleuse de groupes armés irakiens alliés de Téhéran, ont revendiqué samedi à l'aube une attaque de drone contre une "cible militaire" dans le nord d'Israël.
L'Irak a annoncé la suspension du trafic dans tous ses aéroports jusqu'à nouvel ordre en raison des "tensions régionales".
- "Extension du conflit" -
A Washington, la Maison Blanche a qualifié les frappes israéliennes de "manoeuvres d'autodéfense" et sommé Téhéran de "cesser ses attaques contre Israël pour que ce cycle de violence puisse se terminer sans nouvelle escalade".
Les frappes israéliennes ont été condamnées par plusieurs pays du Moyen-Orient, comme l'Arabie saoudite, l'Irak, les Emirats arabes unis ou encore la Syrie, craignant un embrasement régional, alors que l'Iran avait promis qu'il répondrait à une attaque israélienne.
Sur le front libanais, l'agence de presse Ani a indiqué que l'armée israélienne "dynamitait" des maisons dans le village frontalier d'Adaysseh.
L'armée israélienne a annoncé l'interception d'un drone et frappé 70 cibles du Hezbollah, alors qu'elle poursuit son opération terrestre dans le sud du Liban frontalier d'Israël lancée le 30 septembre.
Après avoir affaibli le Hamas à Gaza, l'armée israélienne a déplacé le coeur de ses opérations au Liban.
Elle dit vouloir défaire le Hezbollah dans les zones frontalières et permettre le retour dans le nord d'Israël de 60.000 déplacés en raison des tirs de roquettes du mouvement islamiste depuis un an, qui a ouvert un front en soutien au Hamas le 8 octobre 2023.
Mais depuis le 6 octobre, l'armée israélienne a repris son offensive dans le nord de la bande de Gaza, où selon elle le Hamas regroupe ses forces, au moment où une reprise des pourparlers en vue d'une issue à la guerre se dessine, après la mort du chef du Hamas, Yahya Sinouar, tué par des soldats israéliens le 16 octobre.
Le chef du Mossad, l'Israélien David Barnea, doit rencontrer dimanche au Qatar son homologue de la CIA, l'Américain Bill Burns, et le Premier ministre qatari.
Mais le nord du territoire palestinien vit ses "heures les plus sombres", a alerté le Haut-commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Volker Turk.
La guerre à Gaza a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité.
L'offensive israélienne lancée pour anéantir le Hamas a coûté la vie à au moins 42.847 Palestiniens, majoritairement des civils, d'après les données du ministère de la Santé, jugées fiables par l'ONU.
(N.Lambert--LPdF)