La Lituanie aux urnes pour le second tour des législatives
La Lituanie vote dimanche au second tour des élections législatives qui devrait porter au pouvoir une coalition de centre-gauche, au détriment des conservateurs en place, dans un climat d'inquiétudes sécuritaires face au voisin russe.
Les sociaux-démocrates qui ont remporté nombre de sièges dès le premier tour du scrutin, il y a quinze jours, s'apprêtent à remplacer les conservateurs au pouvoir, un changement qui, selon les analystes, ne devrait pas modifier le soutien à l'Ukraine apporté par ce pays membre de l'Otan et de l'UE.
Le parti s'est assuré 20 sièges sur les 141 que compte le Parlement, et 35 autres de ses candidats se sont qualifiés pour le second tour dans les circonscriptions uninominales.
Cet Etat balte de 2,8 millions d'habitants observe avec circonspection la Russie voisine, craignant d'être sa prochaine cible si Moscou remportait sa guerre contre l'Ukraine.
Au cours de la campagne électorale, tous les principaux partis lituaniens étaient d'accord sur la nécessité de soutenir fermement l'Ukraine et de maintenir voire augmenter le budget de la défense, qui s'élève à environ 3% du PIB, au delà d'objectif de 2% fixé aux membres de l'Alliance atlantique.
"Les différends dans cette élection portaient sur des questions de politique intérieure, mais en matière de politique étrangère, nous ne voyons pratiquement aucune différence" entre les partis, a déclaré à l'AFP l'analyste politique Rima Urbonaite.
Selon l'Institut Kiel, basé en Allemagne, la Lituanie se classe parmi les trois premiers pays au monde en termes de pourcentage du Produit intérieur brut consacré à l'aide à l'Ukraine, avec un taux de 1,64%.
- "'Pas tragique" -
Le Parti social-démocrate, qui avait dirigé le gouvernement de 2012 à 2016, mise sur une coalition avec l'Union démocratique "Au nom de la Lituanie" et l'Union populaire des paysans lituaniens.
Ensemble, ils comptent obtenir 80 sièges, et la dirigeante sociale-démocrate Vilija Blinkeviciute devrait abandonner son siège au Parlement européen pour diriger le nouveau gouvernement.
Selon Tomas Valiunas, un étudiant de 18 ans, qui a voté pour les sociaux-démocrates, la nomination de Mme Blinkeviciute au poste de Premier ministre "ne serait pas idéale, mais pas non plus tragique".
"J'aimerais voir de meilleures infrastructures et une réduction des inégalités sociales, qui sont parmi les plus élevées d'Europe", confie-t-il à l'AFP.
Valerija Zaltauskiene, retraitée, espère une augmentation plus rapide des pensions sous le nouveau gouvernement.
"Je reçois une pension de 300 euros en Lituanie. Comment puis-je survivre avec cet argent?", demande-t-elle.
Les sociaux-démocrates se sont engagés à augmenter les retraites, à rendre la fiscalité plus progressive, à taxer les produits de luxe et à accroître le financement des services sociaux.
"Les électeurs attribuent la flambée de l'inflation et d'autres crises au gouvernement conservateur et attendent des sociaux-démocrates qu'ils proposent des solutions pour améliorer leur situation financière", souligne Mme Urbonaite.
- Défis -
Le parti conservateur au pouvoir devrait terminer juste derrière les sociaux-démocrates, mais ses chances de former une majorité restent limitées.
Cependant, selon les analystes, la tâche de former un gouvernement risque d'être difficile aussi pour les sociaux-démocrates.
"Il est très probable que personne ne gagne vraiment cette élection", estime Mme Urbonaite.
La campagne électorale a été marquée par une controverse autour d'un nouveau parti populiste, l'Aube sur le Niémen, dirigé par un ancien député Remigijus Zemaitaitis qui a remporté 15 sièges au premier tour du scrutin.
Si les sociaux-démocrates ont exclu ce parti comme partenaire de coalition, les analystes préviennent qu'il pourrait être difficile de former un gouvernement stable sans eux.
"L'arrivée d'Aube sur le Niémen résoudrait le manque de voix, mais ce parti est si controversé et toxique qu'il semble que les sociaux-démocrates vont tout faire pour l'écarter de la coalition", selon Mme Urbonaite.
L'an dernier, M. Zemaitaitis a renoncé à son siège au Parlement après avoir été critiqué pour des commentaires antisémites présumés.
Il est actuellement jugé pour incitation à la haine, accusation qu'il rejette, affirmant qu'il n'a fait que critiquer la politique du gouvernement israélien à Gaza.
(E.Beaufort--LPdF)