Budget britannique: de lourdes hausses d'impôts, mais des milliards pour les services publics
Des hausses d'impôts assumées, de 40 milliards de livres, mais d'importants investissements "pour les écoles, les hôpitaux et les routes": le gouvernement travailliste de Keir Starmer a présenté mercredi son premier budget depuis son accession au pouvoir en juillet, un exercice périlleux pour le reste de la mandature.
C'est à la Chancelière de l'Echiquier, Rachel Reeves, attendue au tournant par l'opposition, les entreprises, les marchés et les Britanniques, qu'est revenu la lourde tâche d'assumer les choix gouvernementaux face à la Chambre des communes. Un moment charnière pour les travaillistes, dont la popularité est déjà au plus bas.
"Ce budget augmentera de manière permanente la capacité de l'économie, stimulant ainsi la croissance à long terme", a-t-elle promis, détaillant par le menu de lourdes hausse d'impôts.
Parmi elles, une hausse des cotisations patronales, appréhendée par les entreprises, qui rapportera selon elle 25 milliards de livres par an d'ici la fin de la législature.
Avant même son officialisation, cette mesure avait été décriée par l'opposition, qui estime qu'elle contrevient à la promesse travailliste d'épargner les "gens qui travaillent", qui finiront selon eux par payer la note sur leurs salaires.
- "Reconstruire le Royaume-Uni" -
Autre hausse: l'impôt sur les plus-values, jusqu'à 24% pour le taux le plus élevé, qui restera cependant "le plus bas de toutes les économies européennes du G7", selon la ministre.
D'autres sources de recettes et d'économie avaient déjà été annoncées, comme la hausse de la TVA sur les écoles privées ou la fin du chèque énergie pour des millions de retraités, très contestée, y compris dans son camp.
"Nous devons rétablir la stabilité économique et tourner la page des 14 dernières années", s'est-elle justifiée visant les précédents gouvernement conservateurs. "Ce n'est pas la première fois qu'il incombe au parti travailliste de reconstruire le Royaume-Uni."
Elle a de nouveau dénoncé un "trou noir" de 22 milliards de livres dans les finances publiques, dont elle jure avoir hérité des conservateurs --"une fiction", selon eux-- et insisté sur l'énorme dette, à 100% du PIB, héritage du Covid et de la crise de l'énergie.
Mais "le seul moyen d'améliorer le niveau de vie et de stimuler la croissance économique est d'investir, investir, investir", a aussi martelé Mme Reeves, égrenant les milliards prévus notamment pour les écoles et la construction de logement.
Le NHS, le système de santé à bout de souffle, bénéficiera notamment d'une augmentation de 22,6 milliards de livres de son budget "pour cette année et l'année prochaine" et de 3,1 milliards d'investissements.
"Il s'agit de la plus forte augmentation en termes réels des dépenses quotidiennes du NHS en dehors du Covid depuis 2010", a affirmé Rachel Reeves.
Elle a promis au total 100 milliards au total sur cinq ans pour les services publics et les infrastructures, rendues possibles par une modification à venir des règles budgétaires, une pirouette comptable pour emprunter plus, mais uniquement pour des dépenses d'investissement.
- Prévisions de croissance en hausse -
"Un avenir plus radieux nous attend", a promis Keir Starmer sur X dans la matinée. "Après 14 années de déclin, nous allons investir dans notre pays, en reconstruisant nos écoles, nos hôpitaux et nos routes", a-t-il ajouté.
Mme Reeves a par ailleurs annoncé une amélioration des prévisions de croissance pour les deux années à venir: l'organisme public de prévision budgétaire OBR prévoit désormais une hausse de 1,1% du produit intérieur brut (PIB) cette année (contre 0,8% prévu précédemment) et de 2% l'an prochain (1,9% précédemment) - mais les prévisions sont légèrement dégradées au delà.
En repli avant ces annonces, la livre est désormais quasiment stable face au billet vert, à +0,04% à 1,3021 dollar vers 14H15 GMT (15H15 à Paris), car certaines hausses de taxes se sont avérées moins importantes qu'initialement anticipées par les investisseurs, note Kathleen Brooks, de XTB.
Les coûts d'emprunt du Royaume-Uni, qui avaient atteint leur plus haut depuis juillet, semblent désormais apaisés, face aux prévisions d'une diminution déficit britannique, explique l'analyste.
(F.Bonnet--LPdF)