Biden, devenu boulet de la campagne de Harris
En traitant d'"ordures" les partisans de Donald Trump, Joe Biden n'a pas fait qu'une énième gaffe. Il a confirmé qu'il était un handicap pour Kamala Harris, qui le tient désormais le plus possible à l'écart de sa campagne.
Le président octogénaire a commis cet impair mardi, dans un appel vidéo au cours duquel il a critiqué les propos, dénoncés comme racistes, d'un humoriste. Celui-ci avait comparé Porto Rico à une "île flottante d'ordures" lors d'un meeting dimanche de Donald Trump.
"Les seules ordures que je vois flottant autour d'ici, ce sont ses partisans", a déclaré Joe Biden, suscitant la consternation dans le camp démocrate.
La Maison Blanche et l'impopulaire président lui-même ont très vite enclenché la marche arrière, en affirmant que seule était visée la "rhétorique odieuse" de l'humoriste, et non les soutiens de Donald Trump.
Mais le mal était fait et les républicains n'ont pas perdu une minute pour exploiter la gaffe.
- Excuses exigées -
"Joe Biden et Kamala Harris détestent l'Amérique", a asséné Karoline Leavitt, porte-parole du candidat républicain. "Kamala doit répondre de cette attaque honteuse visant des dizaines de millions d'Américains."
"C'est terrible de dire cela", a insisté Donald Trump, en meeting en Pennsylvanie. Lors de ce même rassemblement, le sénateur Marco Rubio, un ténor républicain, a exigé des excuses de Joe Biden. "Nous ne sommes pas des ordures. Nous sommes des patriotes qui aimons l'Amérique", a-t-il lancé.
Au lendemain d'une soirée emblématique qui l'a vue rassembler des dizaines de milliers de militants à Washington, Kamala Harris s'est retrouvée mercredi à devoir limiter les dégâts causés.
"Je suis en désaccord profond avec toute critique contre des gens fondée sur la personne pour laquelle ils votent", a-t-elle assuré.
Dans le camp démocrate, tout le monde garde en tête la retentissante erreur commise par Hillary Clinton, lors d'une soirée de levée de fonds en septembre 2016 à New York. Elle avait estimé que la moitié des partisans de Donald Trump étaient des gens "pitoyables".
Malgré les regrets publics de la candidate démocrate, cette expression méprisante avait été fièrement reprise en boucle par les trumpistes, le milliardaire en faisant même une publicité télévisée.
Et, à l'heure de dresser le bilan de la défaite d'Hillary Clinton, l'impact de l'insulte avait été jugé notable.
La semaine dernière, Joe Biden a donné d'autres sueurs froides aux démocrates, en déclarant, toujours à propos de Donald Trump: "On doit l'enfermer". Il a ensuite rectifié le tir, en affirmant avoir voulu dire "l'enfermer politiquement".
Sa dernière gaffe pourrait-elle jouer contre Kamala Harris à l'heure du vote? "C'est possible. C'est tellement serré que n'importe quoi peut compter", confie à l'AFP John Hansen, politologue de l'Université de Chicago.
- Beyoncé, pas Biden -
Ayant remplacé en juillet Joe Biden dans la course à la Maison Blanche, Kamala Harris a dans un premier temps placé sa candidature dans les pas du président, affirmant assumer son programme et son bilan.
Mais ces dernières semaines elle a compris son intérêt à promettre un changement de cap de l'exécutif, si elle est élue, et à prendre ses distances avec le dirigeant usé par les années.
Ces derniers jours, la vice-présidente a également soigneusement choisi les personnes qui l'ont rejointe sur ses estrades de campagne. Parmi une brochette de vedettes, elle a pu compter sur Beyoncé, vedette planétaire de la pop et Bruce Springsteen, légende du rock. Ou encore Barack Obama et surtout sa femme Michelle, un phénomène politique.
"Harris doit évidemment éviter d'apparaître ensemble avec Biden jusqu'à ce que l'élection soit passée. Biden est assez impopulaire, il est rouillé et il a perdu la main", résume à l'AFP le professeur de sciences politiques Larry Sabato.
(C.Fontaine--LPdF)