Moscou et Pyongyang affichent leur unité, jusqu'à "la victoire" en Ukraine
La Corée du Nord sera au côté de la Russie jusqu'à sa "victoire" en Ukraine, a prévenu à Moscou la ministre nord-coréenne des Affaires étrangères, au moment où l'Occident dénonce le déploiement de milliers de soldats nord-coréens près du front.
"Il n'y a pas de doute que (...) l'armée et le peuple russes remporteront une grande victoire" en Ukraine, a déclaré Choe Son Hui, lors d'une rencontre avec son homologue russe Sergueï Lavrov, qui a lui salué les "contacts très étroits (...) établis entre les militaires et les services de sécurité" des deux pays.
"Nous réaffirmons que nous resterons toujours fermement aux côtés de nos camarades russes jusqu'au jour de la victoire", a ajouté la ministre nord-coréenne, selon une traduction en russe de ses propos.
La Russie et la Corée du Nord, qui considèrent les Etats-Unis comme un ennemi existentiel, se sont considérablement rapprochées depuis que Vladimir Poutine s'est lancé à l'assaut de l'Ukraine en février 2022, les deux pays ayant conclu notamment un accord de défense mutuelle lors de la visite en juin du président russe à Pyongyang.
La Corée du Nord est suspectée depuis de longs mois de fournir des obus en grande quantité à la Russie ainsi que des centaines de missiles. Désormais, elle fournirait aussi des milliers de soldats pour combattre dans le conflit avec l'Ukraine.
- Première ligne -
Moscou et Pyongyang n'ont ni confirmé ni infirmé l'arrivée de ces troupes, mais selon les Occidentaux, elles sont sur le point d'être déployées sur le champ de bataille, dans la région russe de Koursk où l'armée ukrainienne contrôle plusieurs centaines de km2 depuis août.
La Corée du Nord est en outre suspectée de demander en échange des technologies qui l'aideront à renforcer son arsenal nucléaire, en particulier ses missiles balistiques.
Citant les services de renseignement américains, le chef de la diplomatie Antony Blinken a indiqué jeudi que sur les 10.000 soldats nord-coréens qui, selon Washington, sont entrés en Russie, jusqu'à 8.000 "ont été déployés dans la région de Koursk".
"Nous n'avons pas encore vu ces troupes se déployer au combat contre les forces ukrainiennes, mais nous nous attendons à ce que cela se produise dans les prochains jours", a-t-il ajouté.
La Russie a, selon lui, équipé les soldats nord-coréens d'uniformes russes et formé ces troupes à l'artillerie, aux drones, aux opérations d'infanterie de base, y compris au nettoyage des tranchées, "ce qui indique qu'elle a bien l'intention d'utiliser ces forces dans des opérations de première ligne".
Un tel déploient constituera un nouveau coup dur pour l'Ukraine, qui voit l'Occident tergiverser depuis des mois sur l'aide qu'elle réclame.
Sur le terrain, l'Ukraine, déjà en manque d'hommes et de munitions, recule sur de multiples tronçons du front.
En octobre, l'armée russe a progressé de presque 500 km2 en Ukraine, gain territorial le plus important sur un mois depuis mars 2022 et les premières semaines du conflit.
- Réaction "zéro" occidentale -
Et Américains comme Européens empêchent grandement l'Ukraine d'utiliser les missiles qu'ils ont livré sur des cibles en territoire russe, de peur de provoquer une escalade du Kremlin.
Mais pour Kiev, c'est l’absence de fermeté occidentale qui encourage Vladimir Poutine à une escalade du conflit. Jeudi, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky s'en est ainsi pris à la réaction "zéro" des Occidentaux au déploiement des soldats nord-coréens et à l'internationalisation de la guerre.
La rencontre entre Sergueï Lavrov et Choe Son Hui intervient aussi à quelques jours de la présidentielle américaine, et au moment où la Corée du Nord fait monter les tensions avec le tir d'un missile intercontinental.
Mme Choe a d'ailleurs dit à Moscou que son pays ne "changera en aucun cas le cours du renforcement de son arsenal nucléaire".
Dans ce contexte, la Corée du Sud, importante exportatrice d'armes, a fait savoir qu'elle étudiait la possibilité d'envoyer de l'armement directement à l'Ukraine en réponse.
Elle s'y opposait jusqu'à présent en raison d'une politique de longue date l'empêchant de fournir des armes dans des conflits actifs.
(C.Fournier--LPdF)