Ukraine: poursuite des évacuations à Azovstal selon Kiev, premier procès pour crime de guerre
L'opération d'"évacuation" des derniers soldats ukrainiens retranchés dans la ville stratégique de Marioupol se poursuit mercredi selon Kiev, alors que s'ouvre dans la capitale ukrainienne le premier procès d'un soldat russe pour crime de guerre depuis l'invasion du pays.
Conséquence directe de l'offensive russe sur son voisin, les candidatures à l'Otan de la Suède et de la Finlande - qui partage 1.300 kilomètres de frontière avec la Russie - seront également déposées mercredi au siège de l'Alliance atlantique à Bruxelles.
A Marioupol, dans le sud de l'Ukraine, "la mission d'évacuation" des soldats encore à l'intérieur de l'aciérie Azovstal "se poursuit", a affirmé, sans en préciser le nombre, le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur son site internet.
L'Ukraine avait assuré la semaine dernière que plus de 1.000 soldats ukrainiens - dont 600 blessés - s'y trouvaient.
"Ces héros ukrainiens" qui ont "rempli leur mission" seront échangés contre des prisonniers russes pour leur permettre de rentrer au pays "le plus rapidement possible", a de son côté déclaré le ministère ukrainien de la Défense, confirmant indirectement que ces hommes sont bien aux mains des Russes.
L'opération d'évacuation, dont M. Zelensky a discuté avec le président français Emmanuel Macron au téléphone mardi, "est supervisée par nos militaires et nos services de renseignement" et implique "les médiateurs internationaux les plus influents", a-t-il ajouté.
"Nous avons pris la décision de ne pas faire de commentaires tant que l'opération est en cours", a précisé de son côté son conseiller, Oleksiï Arestovich, à un média ukrainien.
La prise totale de Marioupol, une cité portuaire stratégique sur la mer d'Azov assiégée dès début mars par les Russes et chèrement défendue par les Ukrainiens au prix de vastes destructions, constituerait une avancée importante pour Moscou dans ce conflit.
Elle lui permettrait de contrôler une bande de territoire allant de la péninsule de Crimée, que les Russes ont annexée en 2014, aux territoires du Donbass (est) déjà aux mains de séparatistes prorusses.
- Test-
Près de trois mois après le début de l'invasion russe, le 24 février, un soldat russe - accusé d'avoir abattu un civil non armé - comparaît devant la justice ukrainienne mercredi pour crime de guerre, une première depuis le déclenchement du conflit.
Ce procès aura une valeur de test pour le système judiciaire ukrainien, au moment où les institutions internationales mènent leurs propres enquêtes sur les exactions commises par les troupes russes dans ce pays.
A la Haye, le procureur de la Cour pénale internationale, Karim Khan, a annoncé le déploiement en Ukraine d'une équipe de 42 enquêteurs et experts, soit la plus importante mission en termes d'effectifs jamais envoyée sur le terrain, afin de faire la lumière sur les crimes commis pendant l'invasion russe.
Et les Etats-Unis ont annoncé mardi la création d'un "observatoire du conflit", doté initialement de six millions de dollars, pour "recueillir, analyser et partager largement les preuves des crimes de guerre" qu'ils imputent à la Russie en Ukraine.
Alors que la guerre entre dans une "phase prolongée", selon les mots mardi du ministre ukrainien de la Défense Oleksiï Reznikov, la Suède et la Finlande soumettent ensemble mercredi leurs candidatures à l'Otan, après des décennies de non-alignement militaire.
Les demandes d'adhésion des deux pays nordiques seront remises au siège de l'alliance à Bruxelles au secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg mercredi à 08H00 (06H00 GMT) par les ambassadeurs suédois et finlandais.
Le Parlement finlandais a ouvert mardi par un vote massif la voie à cette candidature, dans la foulée de l'annonce officielle la veille par la Suède de la sienne.
Alors que Vladimir Poutine a semblé mettre la sourdine lundi sur les menaces russes de représailles à une adhésion suédo-finlandaise, le principal obstacle semble désormais venir de l'intérieur de l'alliance : la Turquie, dont la ratification est impérative comme celle de chacun des 30 membres de l'Otan, a réaffirmé lundi son hostilité à l'entrée de la Suède et de la Finlande.
- "Le 'dictateur' va perdre" -
Sur le terrain des opérations militaires, huit personnes sont mortes et 12 ont été blessées dans un bombardement russe sur Desna, un village situé à une soixantaine de kilomètres au nord de Kiev connu pour abriter un grand camp d'entraînement militaire, d'après les secours locaux.
Une autre attaque russe a touché mardi matin une base militaire ukrainienne dans la région de Lviv (ouest) située à seulement 15 kilomètres de la frontière avec la Pologne, selon Maxim Kozitsky, le gouverneur de la région de Lviv.
L'Est du pays reste toutefois l'objectif prioritaire des troupes russes depuis leur retrait des environs de la capitale ukrainienne fin mars.
Selon le ministre ukrainien de la Défense Oleksiï Reznikov, qui s'exprimait mardi devant les ministres de la Défense de l'Union européenne et le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, "les principaux efforts du Kremlin se concentrent sur les tentatives d'encercler et de détruire le regroupement des forces armées ukrainiennes dans les régions de Donetsk et de Lougansk" (est), partiellement aux mains de séparatistes prorusses.
Le ministère ukrainien de la Défense a de son côté indiqué dans son rapport du soir mardi que les forces russes menaient des "offensives le long de la totalité de la ligne de contact" dans la région de Donetsk, et partiellement dans celle voisine de Lougansk.
Mardi, sept civils ont été tués "par les Russes" et six autres blessés dans la région de Donetsk, a affirmé sur Telegram son gouverneur, Pavlo Kyrylenko.
Dans la région de Lougansk, les forces russes tentent une percée près de Popasna et en direction de Severodonetsk, l'une des grandes villes de la région sous contrôle ukrainien, a indiqué son gouverneur Serguiï Gaïdaï en faisant état de "l'intensification des bombardements sur la population civile".
Le ministre de la Défense Oleksiï Reznikov a également appelé les alliés occidentaux de l'Ukraine à plus de coordination dans les livraisons d'armes à Kiev.
La France va intensifier ses livraisons d'armes à l'Ukraine "dans les jours et semaines qui viennent", a promis le président Emmanuel Macron à son homologue Volodymyr Zelensky.
Ce dernier a pris la parole dans un message vidéo pendant le gala d'ouverture du festival de Cannes pour dire qu'"il nous faut un nouveau Chaplin qui prouvera que le cinéma n'est pas muet" face à la guerre en Ukraine. "Je suis persuadé que le +dictateur+ va perdre", a-t-il ajouté, faisant allusion au président russe et au film de Charlie Chaplin.
burx/am/ob
(H.Leroy--LPdF)