La Finlande et la Suède se rapprochent de l'Otan, nouvelles redditions à Azovstal selon Moscou
La Suède et la Finlande ont soumis mercredi leurs demandes d'adhésion à l'Otan, conséquence directe de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, qui a affirmé que près de 1.000 soldats ukrainiens retranchés dans l'usine Azovstal, à Marioupol (sud), s'étaient rendus.
Autre fait marquant en Ukraine mercredi: le début à Kiev du procès d'un soldat russe jugé pour crime de guerre, le premier du genre depuis le début du conflit le 24 février.
La Turquie s'oppose à leur intégration et pourrait bloquer le processus, mais des consultations sont en cours pour tenter de lever l'opposition d'Ankara, selon une source diplomatique. "Nous espérons conclure rapidement", a énoncé M. Stoltenberg.
- Redditions à Azovstal, selon Moscou -
Sur le site d'Azovstal à Marioupol, "959 combattants (ukrainiens) dont 80 blessés se sont constitués prisonniers" depuis lundi, a affirmé mercredi le ministère russe de la Défense.
Une information que Kiev n'avait pas commentée en milieu de matinée.
L'Ukraine avait assuré la semaine dernière que plus de 1.000 soldats ukrainiens - dont 600 blessés - se trouvaient dans cet immense complexe sidérurgique, dernier bastion de la résistance dans la ville ravagée par les attaques russes.
L'armée russe concentre ses efforts "sur le blocage de nos unités près d'Azovstal", avec des tirs d'artillerie et des frappes aériennes, a signalé mercredi matin l'état-major ukrainien.
Mardi, le ministère ukrainien de la Défense avait salué des "héros ukrainiens" ayant "rempli leur mission". Il avait aussi indiqué qu'ils seraient échangés contre des prisonniers russes pour leur permettre de rentrer au pays "le plus rapidement possible", ce qui semblait confirmer que certains de ces hommes étaient bien aux mains des Russes.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait néanmoins affirmé mardi que "la mission d'évacuation" des soldats encore à l'intérieur de l'aciérie Azovstal "se poursuivait", sans préciser le nombre de soldats concernés. Cette mission implique notamment "les médiateurs internationaux les plus influents", selon le président, qui en a discuté avec son homologue français Emmanuel Macron au téléphone mardi.
La prise totale de Marioupol, une cité portuaire stratégique sur la mer d'Azov assiégée dès début mars par les Russes et chèrement défendue par les Ukrainiens au prix de vastes destructions, constituerait une avancée importante pour Moscou dans ce conflit.
Elle lui permettrait de contrôler une bande de territoire allant de la péninsule de Crimée, que les Russes ont annexée en 2014, aux territoires du Donbass (est) déjà aux mains de séparatistes prorusses.
- "Signal clair" -
Près de trois mois après le début de l'invasion de l'Ukraine, un soldat russe de 21 ans, accusé d'avoir abattu un civil, comparaît mercredi devant la justice ukrainienne pour crime de guerre, une première.
Ce procès, qui doit débuter à 11H00 GMT, est "un signal clair", a affirmé sur Twitter la procureure générale ukrainienne Iryna Venediktova. "Aucun bourreau (...) n'échappera à la justice", a-t-elle promis, disant avoir ouvert plus de 11.000 enquêtes pour crimes de guerre, au moment où les institutions internationales enquêtent également sur les exactions commises par les troupes russes.
A La Haye (Pays-Bas), le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a ainsi annoncé déployer en Ukraine une équipe de 42 enquêteurs et experts, soit la plus importante mission en termes d'effectifs jamais envoyée sur le terrain par la CPI.
Et Washington a annoncé mardi la création d'un "observatoire du conflit", doté initialement de six millions de dollars, pour "recueillir, analyser et partager largement les preuves des crimes de guerre" qu'ils imputent à la Russie en Ukraine.
- "Phase prolongée" -
Sur le terrain, la guerre entre dans une "phase prolongée", a estimé mardi le ministre ukrainien de la Défense Oleksiï Reznikov.
Le long de la ligne de front dans la région de Donetsk (est), sept personnes ont été tuées et six blessées, selon la présidence ukrainienne.
Dans la région voisine, celle de Lougansk, quatre personnes ont été tuées mercredi, a déclaré son gouverneur Serguiï Gaïdaï, qui a annoncé aussi la découverte de deux corps dans le village de Pryvillia.
Les forces russes tentent une percée près de Popasna et en direction de Severodonetsk, l'une des grandes villes de la région sous contrôle ukrainien, a-t-il ajouté, faisant état de "l'intensification des bombardements sur la population civile".
Les forces russes mènent des "offensives tout le long de la ligne de contact" dans la région de Donetsk, et partiellement dans celle voisine de Lougansk, a prévenu mardi le ministère ukrainien de la Défense.
L'armée russe tente "d'encercler et de détruire le regroupement des forces armées ukrainiennes dans les régions de Donetsk et de Lougansk", partiellement aux mains de séparatistes prorusses, a confirmé M. Reznikov, qui s'exprimait mardi devant les ministres de la Défense de l'Union européenne et le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg.
Après des semaines de violents combats autour de petits villages dans ces régions, mais aussi celle de Kharkiv (nord-est), l'armée russe progresse petit à petit.
A Sydorovié, des journalistes de l'AFP ont vu des champs en flammes et assisté à des bombardements contre ce petit village.
Et "l'ennemi renforce" ses troupes "pour mener une offensive dans la direction de Polohy et Orikhiv", non loin de Zaporijjia, dans le sud-est de l'Ukraine, selon l'état-major ukrainien.
L'est du pays est l'objectif prioritaire des troupes russes depuis leur retrait des environs de la capitale ukrainienne fin mars.
Des frappes russes continuent cependant de viser le reste du pays, faisant ainsi huit morts et 12 blessés à Desna, un village situé à une soixantaine de kilomètres au nord de Kiev qui abrite un grand camp d'entraînement militaire, d'après les secours locaux.
Une autre attaque russe a touché mardi matin une base militaire ukrainienne dans la région de Lviv (ouest), à seulement 15 kilomètres de la frontière avec la Pologne, selon Maxim Kozitsky, le gouverneur de la région de Lviv.
M. Reznikov, ministre ukrainien de la Défense, a, lui, appelé les alliés occidentaux de l'Ukraine à plus de coordination dans les livraisons d'armes à Kiev.
Paris va intensifier ses livraisons à l'Ukraine "dans les jours et semaines qui viennent", a promis M. Macron à M. Zelensky lors de leur appel mardi.
Ce dernier s'est par ailleurs adressé au festival de Cannes lors d'un message vidéo diffusé pendant le gala d'ouverture, pour appeler à un cinéma qui ne reste pas "muet" devant la guerre en Ukraine.
burx-all/rbj/mba
(H.Leroy--LPdF)