La cheffe de la diplomatie allemande tente de rassurer les Ukrainiens
La cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock a essayé lundi à Kiev de rassurer les Ukrainiens, frustrés par la timidité de la réaction occidentale en pleine escalade militaire de Moscou, qui a reçu, selon Kiev, un renfort de 11.000 soldats nord-coréens près du front.
Si la ministre allemande a réitéré le soutien de son pays à l'Ukraine, confrontée depuis bientôt trois ans à l'invasion russe, elle n'a pas donné publiquement de réponses concrètes aux griefs de Kiev.
Ce huitième voyage de Mme Baerbock en Ukraine depuis le début de l'attaque russe à grande échelle intervient à un moment critique.
L'armée ukrainienne, en manque d'hommes et de munitions, notamment en raison des retards de l'aide occidentale, recule depuis des mois sur le terrain. Selon Kiev et ses alliés, elle doit également faire face, désormais, à des soldats nord-coréens.
Lundi soir, Volodymyr Zelensky a ainsi affirmé que 11.000 militaires envoyés par Pyongyang se trouvaient dans la région de Koursk, frontalière de l'Ukraine, où le Kremlin tente de repousser depuis août une offensive des forces de Kiev, qui s'y sont emparés de dizaines de localités.
"Nous voyons une augmentation du nombre de Nord-Coréens mais pas d'augmentation de la réaction de nos partenaires" occidentaux, a déploré le président ukrainien dans son allocution quotidienne.
Lors d'une conférence de presse avec son homologue ukrainien Andriï Sybiga, Annalena Baerbock n'a pour sa part fait que mentionner "l'aide" militaire reçue par Moscou de la Corée du Nord, sans plus de déclarations.
"Je sais à quel point certains débats en Allemagne semblent effrayants dans vos pays", alors que "certains de mes compatriotes doutent du soutien allemand" à l'Ukraine, a admis Mme Baerbock.
"C'est pourquoi je le répète très clairement (...) nous nous tenons fermement à vos côtés tant que vous avez besoin de nous", a-t-elle souligné.
Signe d'une alliance toujours plus visible, le président russe Vladimir Poutine a lui reçu lundi, au Kremlin, la cheffe de la diplomatie nord-coréenne, Choe Son Hui, qui lui a transmis "de très sincères" salutations du dirigeant Kim Jong-un.
Moscou et Pyongyang n'ont toutefois ni confirmé, ni nié la présence de ces troupes en Russie.
- Réponse "zéro" -
Volodymyr Zelensky avait déjà fustigé la semaine passée l'Occident pour sa réponse "zéro" à la présence de soldats nord-coréens en Russie.
L'Ukraine voit "tous les sites où la Russie rassemble ces soldats nord-coréens sur son territoire" et pourrait les frapper si elle avait les armes et l'autorisation de les utiliser, avait-il déclaré samedi.
Mais au lieu d'agir, "l'Amérique observe, la Grande-Bretagne observe, l'Allemagne observe. Tout le monde attend que l'armée nord-coréenne commence à frapper les Ukrainiens", avait fulminé le chef de l'Etat.
L'Allemagne est le deuxième fournisseur d'aide financière pour la défense de l'Ukraine après les Etats-Unis, mais Kiev est agacée par le refus répété du chancelier Olaf Scholz de soutenir son adhésion à l'Otan et de lui livrer des missiles à longue portée Taurus, par crainte d'une escalade du conflit.
Lundi, sa ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, n'a d'ailleurs pas répondu à cette demande de Kiev d'autoriser des frappes en profondeur en Russie avec des armes à longue portée.
Pour sa part, le chef de l'administration présidentielle ukrainienne Andriï Iermak, sur Telegram, a également affirmé que des Nord-coréens étaient présents dans la région de Koursk et que, selon lui, "ils mourront".
- Présidentielle américaine -
En parallèle, l'armée russe a accéléré ses gains territoriaux dans l'est de l'Ukraine où elle a l'initiative depuis un an.
La Russie a conquis un total de 610 km2 de territoire ukrainien en octobre, le plus gros gain mensuel depuis mars 2022, d'après une analyse de l'AFP lundi, à partir de données de l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW).
Sur ce dernier mois, la Russie avance en moyenne de 22 km2 chaque jour, selon cette source, son plus haut rythme depuis juillet 2022.
L'Ukraine attend par ailleurs avec anxiété la présidentielle américaine de mardi, craignant de voir l'aide militaire se tarir en cas de victoire du candidat républicain Donald Trump face à sa rivale démocrate Kamala Harris.
Les Ukrainiens ont peur que Donald Trump ne les force à négocier avec la Russie dans des conditions très favorables à Moscou.
"Il ne peut y avoir de négociations basées sur la coercition. Des négociations qui se feraient par-dessus votre tête et celle de l'Europe", a assuré lundi Annalena Baerbock, sans mentionner M. Trump directement.
"Surtout, aussi triste et amer que cela soit, Poutine ne donne aucun signe de vouloir négocier," a-t-elle ajouté.
(H.Duplantier--LPdF)