Guerre en Ukraine: la situation sur le terrain au 85e jour
La reddition de soldats ukrainiens qui défendaient le site d'Azovstal à Marioupol (sud-est) s'est poursuivie jeudi selon Moscou, tandis qu'au moins 12 personnes ont été tuées à Severodonetsk, dans le Donbass (Est), au cœur d'un brutal affrontement d'artillerie.
Alors que l'armée russe peine à enregistrer des avancées significatives sur le terrain, Moscou semble avoir entamé une purge au sein du commandement militaire, selon le ministère britannique de la défense.
Au 85e jour de la guerre, qui depuis le début de l'invasion russe le 24 février a fait de très nombreuses victimes civiles, voici un point de la situation à partir d'informations des journalistes de l'AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d'analystes et d'organisations internationales.
- L'Est -
Au moins 12 personnes ont été tuées et 40 autres blessées jeudi dans des bombardements russes nourris sur la ville de Severodonetsk, dans l'est de l'Ukraine, quasiment encerclée par les forces de Moscou, a annoncé le gouverneur régional.
Les Russes "ont commencé à bombarder dans la matinée le centre régional de manière aléatoire avec des armes lourdes. Les bombardements se poursuivent", a indiqué sur Telegram Serguiï Gaïdaï.
Les forces russes "continuent de préparer un assaut sur Severodonetsk et intensifient leurs opérations autour de Lyman", autre ville désormais quasi-encerclée, souligne l'Institut américain d'études de la guerre (ISW).
Severodonetsk et Lyssytchansk constituent la dernière poche de résistance ukrainienne (région de Lougansk). Les Russes encerclent désormais les deux, séparées seulement par une rivière, et les bombardent sans relâche pour épuiser la résistance et empêcher l'arrivée de renforts.
Une équipe de l'AFP sur place a constaté que Severodonetsk était engloutie sous un déluge d'artillerie. Les habitants n'ont plus d'accès à l'eau, à l'électricité, au gaz depuis plusieurs semaines.
- Le Sud -
La Russie a annoncé jeudi la reddition de 1.730 militaires ukrainiens du site sidérurgique Azovstal à Marioupol, montrant des images d'hommes, certains aidés de béquilles, émergeant après une longue bataille devenue mondialement un symbole de la résistance à l'invasion russe.
Ces soldats, parmi lesquels 80 blessés, sont sortis depuis lundi et "se sont constitués prisonniers", a précisé le ministère russe de la Défense.
Ils étaient retranchés depuis plusieurs semaines dans le dédale de galeries souterraines creusées à l'époque soviétique sous la gigantesque aciérie.
Plusieurs déclarations récentes de hauts responsables russes montrent que la Russie prépare plus globalement l'occupation durable voire l'annexion des territoires du sud de l'Ukraine qu'elle contrôle: la région de Kherson et une bonne partie de celle de Zaporijjia.
- Otan -
Joe Biden a accueilli jeudi la Première ministre suédoise Magdalena Andersson et le président finlandais Sauli Niinistö, pour manifester son soutien enthousiaste à une adhésion des deux pays à l'Otan.
Les deux pays remplissent "tous les critères", a-t-il estimé. La Turquie s'y oppose mais l'Otan veut répondre aux "inquiétudes" d'Ankara, a promis son secrétaire général Jens Stoltenberg.
- Perpétuité requise -
Le Parquet ukrainien a requis jeudi la prison à perpétuité, la peine maximale, à l'encontre du premier soldat russe jugé pour crime de guerre à Kiev, accusé d'avoir abattu un civil fin février.
Au deuxième jour du procès, Vadim Chichimarine, 21 ans, a demandé pardon à la veuve de sa victime.
- Au chevet de l'économie -
Les grands argentiers du G7 se réunissaient jeudi en Allemagne pour tenter de maintenir à flot les finances de l'Ukraine et évaluer les répercussions de la guerre sur l'économie mondiale : inflation notamment liée à l'envolée des prix de l'énergie, menaces de crise alimentaire, spectre du surendettement de nombreux pays en développement.
- Dizaines de milliers de morts -
Il n'existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. Rien qu'à Marioupol, les autorités ukrainiennes ont parlé il y a plusieurs semaines de 20.000 morts. Et les enquêteurs ukrainiens affirment avoir identifié "plus de 8.000 cas" présumés de crimes de guerre.
Sur le plan militaire, le ministère ukrainien de la Défense évalue les pertes russes à 28.500 hommes depuis le début de l'invasion le 24 février. C'est notoirement plus que les sources occidentales. Le Kremlin a, lui, tout juste admis des "pertes importantes".
Côté ukrainien, aucun chiffre indépendant et fiable n'est disponible non plus.
- Déplacés et réfugiés -
L'Ukraine a vu plus de six millions des siens fuir son territoire, dont plus de la moitié - 3,4 millions - vers la Pologne, selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) à Genève, qui relève toutefois que le flot de ces départs s'est considérablement tari au fil des semaines et s'est même inversé.
Le solde global reste cependant encore largement négatif - avec 6,3 millions de départs pour 1,89 million de retours, selon les garde-frontières.
(V.Blanchet--LPdF)