"Agir" pour "rassembler le pays": Macron donne le ton au premier Conseil des ministres du gouvernement Borne
"Agir" pour "rassembler le pays" face à des "défis inédits": Emmmanuel Macron a donné le ton lundi en ouvrant le premier Conseil des ministres du nouveau gouvernement d'Elisabeth Borne, dans une ambiance plombée par les accusations de viol visant Damien Abad.
"Le gouvernement que vous constituez est avant toute chose (...) un gouvernement pour agir", a lancé le chef de l'Etat, pointant "un contexte inédit" avec la crise du Covid-19, "dont nous sortons à peine si tant est qu'elle soit totalement terminée", la guerre en Ukraine et des "défis inédits" pour la société française.
Un "gouvernement tout à la fois de continuité, de nouveautés", a-t-il asssuré avec, assise à sa gauche, la nouvelle ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna, diplomate de carrière et ex porte-parole de Jacques Chirac à l'Elysée, et à sa droite Bruno Le Maire, reconduit à l'Economie et aux Finances et désormais numéro deux du gouvernement.
"L'action qui sera la nôtre sera tout à la fois de consolider ce qui a été fait durant les cinq années qui viennent de s'écouler, car un deuxième mandat n'est pas un mandat pour refaire ou défaire (..) et de pouvoir bâtir une action nouvelle sur le fond et sur la forme, c'est-à-dire de pouvoir embrasser des défis nouveaux", a-t-il martelé.
Les nouveaux venus, dans un gouvernement dont une bonne partie des visages sont très familiers (14 sur un total de 28 membres étaient déjà dans le gouvernement de Jean Castex), ont foulé le gravier de l'Elysée peu avant 10H00 sous un ciel gris, ponctué de quelques gouttes.
Le nouveau ministre de l'Education nationale, l'universitaire Pap Ndiaye, a franchi le perron d'un pas lent et posé, en souriant. Seule véritable surprise du nouvel exécutif, sa nomination a suscité un tombereau de réactions furieuses à l'extrême droite qui l'accuse de "vouloir déconstruire le pays".
L'équipe d'Elisabeth Borne fait son entrée sur scène à moins de trois semaines des législatives des 12 et 19 juin. Son sort est donc donc suspendu à l'issue du scrutin qui définira la nouvelle majorité. La moitié des membres du gouvernement (14 sur 28) sont en lice et devront quitter le gouvernement s'ils sont battus.
Période de réserve électorale oblige, les membres du gouvernement sont en outre contraints à partir de lundi à une grande parcimonie dans leurs prises de parole.
- Borne "pas au courant" -
Ecole, santé, transition écologique mais aussi la lutte contre l'inflation sont au menu du gouvernement. Et "le premier texte examiné par la nouvelle Assemblée nationale sera donc sur le pouvoir d'achat", priorité des Français, a confirmé Mme Borne dans un entretien au Journal du Dimanche.
Prolongation du bouclier tarifaire, chèque alimentation, relèvement du point d'indice des fonctionnaires, suppression de la redevance audiovisuelle sont prévus dans ce projet de loi rectificatif du budget 2022.
En attendant, l'exécutif est d'entrée confronté à la polémique grandissante sur Damien Abad, ex-patron des députés LR à l'Assemblée et principale prise de guerre de la Macronie depuis la victoire du président sortant le 24 avril. Nommé ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées, Damien Abad, lui-même handicapé, fait face à de graves accusations de viols sur deux femmes en 2010 et en 2011 dans un article publié samedi par Médiapart, ce qu'il nie "avec la plus grande force".
Deux plaintes ont déjà été classées mais la justice dit analyser un nouveau signalement de l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique.
Le secrétaire national du PS Olivier Faure a invité lundi la Première ministre à se séparer de Damien Abad car "la parole des femmes doit être respectée".
"Elisabeth Borne devrait lui dire qu'il n'a pas sa place", a tancé l'écologiste Sandrine Rousseau, candidate de la Nouvelle union populaire écologiste et sociale (Nupes) aux législatives.
"Il y a des gens qui accusent, ça ne veut pas dire qu’ils ou elles ont raison", a au contraire fait valoir l'ex-candidat d'extrême droite à la présidentielle, Eric Zemmour.
"Pas au courant" de ces affaires avant leur révélation par Médiapart, Elisabeth Borne a promis de tirer "toutes les conséquences" en cas de "nouveaux éléments" et de saisine de la justice, à l'occasion d'un déplacement dans le Calvados où elle brigue un premier mandat de député.
(R.Lavigne--LPdF)