Damien Abad résiste aux accusations, le nouveau gouvernement prend ses marques
"Je n'ai jamais violé une seule femme de ma vie" : le nouveau ministre des Solidarités Damien Abad a tenté de reprendre la main lundi soir, après avoir reçu un soutien conditionnel de l'exécutif à l'issue du premier Conseil des ministres du gouvernement d'Elisabeth Borne.
"Un homme innocent doit-il démissionner? Je ne crois pas", a martelé l'ex-chef des députés LR, entré vendredi au gouvernement, depuis la circonscription de l'Ain où il est candidat à sa réélection aux législatives de juin.
"Je conteste les accusations à mon encontre avec la plus grand fermeté", a-t-il répété, rejetant avec force les accusations portées par deux femmes contre lui et dénonçant, dans le quotidien régional Le Progrès, un "voyeurisme malsain".
Se retranchant derrière son handicap physique pour expliquer que les accusations portées contre lui étaient impossibles, il a souligné dans Le Figaro que les législatives des 12 et 19 juin seraient le "juge de paix".
La polémique autour de Damien Abad, seule recrue de taille de la Macronie à droite depuis la réélection d'Emmanuel Macron le 24 avril, a plombé l'ambiance au premier Conseil des ministres du quinquennat Macron II.
Alors que les appels à sa démission se multiplient dans l'opposition, l'exécutif s'est refusé à céder à la pression et à lâcher son ministre.
"La justice est la seule à devoir ou à pouvoir trancher", a déclaré la nouvelle porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire, estimant qu'il lui revenait d'"établir la vérité" tout en rappelant la "tolérance zéro" du chef de l'Etat et de la Première ministre pour les délinquants sexuels".
Deux plaintes visant Damien Abad ont déjà été classées mais la justice analyse un nouveau signalement de l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique.
Le secrétaire national du PS Olivier Faure a d'ores et déjà invité la Première ministre à se séparer de son ministre car "la parole des femmes doit être respectée".
"Le simple fait d'avoir de manière récurrente un comportement inapproprié avec les femmes devrait vous écarter d'un poste, en l'occurrence de ministre", a estimé Marine Le Pen.
- "Aller vite" -
La Première ministre a assuré de son côté ne "pas avoir été au courant" de ces affaires lors de la composition de son gouvernement.
Déterminé à rester "maître des horloges" à l'approche des législatives et à ne pas se laisser déborder par cette affaire, le chef de l'Etat s'est attaché à tracer le cap de la nouvelle équipe gouvernementale, après avoir salué les novices autour de la table.
"Le gouvernement que vous constituez est avant toute chose (...) un gouvernement pour agir", a-t-il lancé en pointant "un contexte inédit" avec la crise du Covid-19, "dont nous sortons à peine si tant est qu'elle soit totalement terminée" et le "retour de la guerre en Europe".
Un "gouvernement tout à la fois de continuité, de nouveautés", a-t-il assuré avec, assise à sa gauche, la nouvelle ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna, diplomate de carrière et ex-porte-parole de Jacques Chirac à l'Elysée, et à sa droite Bruno Le Maire, reconduit à l'Economie et aux Finances et désormais numéro deux du gouvernement.
Il s'agit de "tout à la fois de consolider ce qui a été fait durant les cinq années qui viennent de s'écouler" et de "bâtir une action nouvelle sur le fond et sur la forme", a-t-il martelé.
Le sort de l'équipe d'Elisabeth Borne est suspendu à l'issue des législatives. La moitié des membres du gouvernement (14 sur 28) sont en lice et ceux qui sont battus devront, à peine arrivés, déjà quitter le gouvernement.
Le premier projet de loi du gouvernement Borne, qui porte sur la défense du pouvoir d'achat, "priorité du quotidien" des Français et "urgence" gouvernementale, sera présenté avant les législatives des 12 et du 19 juin, a précisé Olivia Grégoire.
"Il faut aller vite, donc nous allons aller vite", a-t-elle martelé. La délicate réforme des retraites n'a en revanche pas été abordée lors de ce premier conseil des ministres.
(C.Fournier--LPdF)