En Géorgie, des primaires remettent en cause l'influence de Trump sur les républicains
L'influence de Donald Trump sur le parti républicain a pris un coup mardi avec la large défaite du candidat soutenu par l'ancien président lors d'une importante élection primaire en Géorgie.
Son gouverneur républicain, Brian Kemp, a largement remporté mardi la primaire pour sa réélection face à David Perdue, un candidat sur lequel Donald Trump avait tenté d'exercer toute son influence politique.
C'est dans cet Etat américain de 10 millions d'habitants, remporté d'un cheveu par Joe Biden en novembre 2020, que le milliardaire républicain concentrait depuis un an et demi ses efforts pour tenter de prouver que l'élection présidentielle lui a été "volée" en raison de supposées "fraudes massives", jamais prouvées.
Dans ce feuilleton électoral, Donald Trump fustige sans cesse le rôle de Brian Kemp, qui a refusé de renverser les résultats du scrutin de 2020, et tentait de le déloger de son poste de gouverneur.
Mais mardi soir, David Perdue a reconnu sa défaite, devenue indirectement celle de l'ancien président, alors que des résultats préliminaires le plaçaient 50 points derrière Brian Kemp, victorieux.
Cinq autres Etats menaient également leurs primaires pour les élections de mi-mandat prévues en novembre, mais les regards du monde politique américain se tournaient mardi soir vers la Géorgie.
- "Laissé tomber" -
"Brian Kemp a laissé tomber la Géorgie", dénonçait encore dans un communiqué mardi matin le milliardaire, appelant les "militants Trump" de cet Etat du sud-est des Etats-Unis à s'opposer en nombre à sa candidature.
A la place, l'ex-locataire de la Maison Blanche avait offert son parrainage à l'ancien sénateur David Perdue, bien plus friand des théories "d'irrégularités électorales", auxquelles croient encore des millions d'Américains.
"David Perdue a mon soutien le plus complet", avait assuré mardi l'ex-président, qui a injecté plus de 2,5 millions de dollars de ses propres fonds de campagne dans la candidature de ce septuagénaire.
La défaite de David Perdue questionne ainsi directement la mainmise qu'exerce encore Donald Trump sur le parti républicain, car il avait investi dans cette campagne, en plus des fonds, une grande partie de son propre capital politique.
- "Avant que ce soit cool" -
Mike Pence, l'ancien vice-président de Donald Trump à qui l'on prête des ambitions présidentielles, avait bien compris l'enjeu.
Le sexagénaire, qui a refusé comme Brian Kemp de bloquer la certification de la victoire de Joe Biden à la présidentielle, s'était rendu cette semaine en Géorgie pour faire personnellement campagne pour le gouverneur-candidat.
"Je soutenais Brian Kemp avant que ce soit cool", avait-il lancé depuis un petit aéroport de la banlieue d'Atlanta.
En plus de choisir un candidat au poste de gouverneur, les électeurs de Géorgie étaient aussi appelés à se prononcer sur toute une série de sièges locaux. Et à chaque fois, c'est une version du match opposant ces deux types de candidats -- ceux qui ont empêché de renverser l'élection de 2020 à ceux qui crient à la fraude -- qui s'est rejoué.
Pour le poste de procureur général de l'Etat, le candidat soutenu par Donald Trump a également perdu.
Et au coeur de toutes les convoitises, se trouve en bonne place le poste de secrétaire d'Etat de Géorgie, la personne chargée de superviser le bon déroulé des élections et dont bon nombre d'Américains ignoraient probablement l'existence avant la dernière présidentielle.
Et pour cause, Brad Raffensperger, l'homme qui avait refusé de "trouver" près de 12.000 bulletins de vote au nom de Donald Trump malgré un coup de fil stupéfiant du milliardaire, s'est représenté.
Selon des résultats préliminaires avec un tiers des bulletins dépouillés mardi soir, il disposait d'une bonne avance face Jody Hice, un homme soutenu par l'ancien président qui -- comme des dizaines d'autres à travers le pays -- promettent de "rétablir l'intégrité" des scrutins aux Etats-Unis.
(V.Blanchet--LPdF)