Sri Lanka: le Premier ministre doté du portefeuille des Finances
Le Premier ministre sri-lankais Ranil Wickremesinghe s'est vu confier mercredi le crucial ministère des Finances pour sortir le pays de la pire crise économique de son histoire.
Le bureau du président Gotabaya Rajapaksa a annoncé que M. Wickremesinghe avait prêté serment en tant que ministre des Finances, soit deux semaines après avoir été invité à former un "gouvernement d'union" à la suite de la démission de son prédécesseur Mahinda Rajapaksa.
La nomination de mercredi met fin à deux semaines de discorde entre les partenaires de la coalition pour ce poste déterminant pour les négociations du Sri Lanka avec le Fonds monétaire international (FMI) en vue d'un éventuel renflouement, selon des sources politiques.
Le parti Sri Lanka Podujana Peramuna (SLPP) du président Gotabaya Rajapaksa, "voulait le portefeuille des Finances, mais le Premier ministre a insisté pour le garder s'il voulait sortir le pays du chaos économique", a déclaré à l'AFP un responsable politique impliqué dans le processus.
Faute de devises, l'État insulaire en défaut de paiement sur sa dette extérieure de 51 milliards de dollars ne peut plus financer ses importations.
Le pays de 22 millions d'habitants subit depuis des mois des pénuries non seulement de carburant, de nourriture et de médicaments et connaît de longues coupures d'électricité quotidiennement et des records d'inflation.
Les discussions avec le FMI se sont terminées mardi, mais il faudra encore six mois avant de parvenir à accord sur un plan de sauvetage, selon les responsables de la Banque centrale du Sri Lanka. Des consultants internationaux ont été dans la foulée nommés pour aider le pays à restructurer ses obligations souveraines internationales et d'autres prêts bilatéraux.
Aussi, M. Wickremesinghe devrait bientôt dévoiler un budget révisé promettant de soulager les Sri-Lankais les plus pauvres. En entrant en fonction le 12 mai, il avait exhorté la semaine dernière la population à "supporter patiemment les prochains mois". Ils "seront les plus difficiles de nos vies", avait-il prévenu.
Le chef du gouvernement avait également averti que les prix des carburants et de l'électricité seraient augmentés considérablement.
Le gouvernement a effectivement mis fin aux subventions sur les carburants en augmentant les prix à un niveau record mardi, et l'administration de M. Wickremesinghe devrait augmenter les tarifs de l'électricité et de l'eau afin de renflouer les finances publiques.
Les quantités d'essence et de diesel restent insuffisantes et les automobilistes sont obligés d'attendre, parfois pendant plusieurs jours, pour parvenir à faire un plein.
Le gouvernement a annoncé cette semaine solliciter un nouveau prêt de 500 millions de dollars auprès de l'Inde pour acheter du carburant, après deux lignes de crédit de 700 millions de dollars déjà accordées par New Delhi.
Le bureau du recensement a rapporté lundi que l'inflation globale du pays le mois dernier était de 33,8% par rapport à l'année précédente, et celle des produits d'alimentation de 45,1%.
(L.Chastain--LPdF)