Kenya: le président Ruto promet de mettre fin aux enlèvements
Le président kényan William Ruto a promis vendredi de "mettre fin aux enlèvements" de manifestants et autres voix critiques du pouvoir par les forces de l'ordre, après de nouveaux cas dénoncés par des ONG, avocats et personnalités politiques.
Les forces de sécurité de ce pays d'Afrique de l'Est sont accusées d'avoir arrêté et de détenir illégalement des dizaines de manifestants depuis les vastes rassemblements contre la politique de rigueur du gouvernement l'été dernier.
Les dernières disparitions, qui font les gros titres dans le pays ces derniers jours, concernent principalement des jeunes hommes ayant critiqué M. Ruto sur internet. Les défenseurs des droits de l'homme réclament au gouvernement la fin de ces exactions, des accusations encore niées par la police ce jeudi.
M. Ruto s'est exprimé au lendemain d'une déclaration de son ancien vice-président Rigathi Gachagua, qui a accusé son administration de "cibler" ainsi la jeunesse.
Lors d'un discours prononcé vendredi à Homa Bay (ouest), le chef de l'Etat a promis de mettre fin aux enlèvements, tout en exhortant les parents à "assumer la responsabilité" de leurs enfants.
"Nous allons mettre fin aux enlèvements pour que nos jeunes puissent vivre en paix", a-t-il déclaré à la foule présente, selon les médias locaux.
M. Ruto avait déjà abordé le sujet en novembre dans son discours annuel sur l'état de la nation, où il avait condamné "toute action excessive ou extrajudiciaire", tout en jugeant que de nombreuses arrestations étaient légitimes car visant des "criminels et éléments subversifs".
La colère n'a cessé de croître dans le pays face à ces enlèvements, même si les derniers n'ont provoqué que de petites manifestations.
Les défenseurs des droits humains demandent pourquoi la police ne semble pas enquêter sur ces disparitions. Si la police n'est pas complice, elle doit immédiatement "enquêter et poursuivre les responsables", a ainsi souligné la Law Society of Kenya, principale association d'avocats du pays.
Human Rights Watch avait déclaré que ses enquêtes sur le sujet pointaient la responsabilité d'une unité composée de membres de plusieurs agences de sécurité.
Jeudi, l'ancien vice-président Rigathi Gachagua, évincé en octobre après de vifs différends avec le président au sujet des manifestations, a affirmé qu'une unité secrète était derrière les disparitions.
"Enlever ces enfants et les tuer n'est pas une solution... C'est la première administration dans l'histoire de ce pays à cibler les enfants", a-t-il affirmé.
Au total, 29 des 82 personnes enlevées ainsi depuis juin six personnes sont toujours introuvables, dont six en ce mois de décembre, selon la Commission nationale des droits de l'homme du Kenya (KNCHR). Plus de 60 personnes ont par ailleurs été tuées lors des manifestations antigouvernementales de juin-juillet, selon des ONG.
(F.Moulin--LPdF)