Filière porcine: le gouvernement annonce un "plan d'urgence" de 270 millions d'euros
Le gouvernement va mettre en oeuvre un "plan d'urgence" de 270 millions d'euros pour soutenir les trésoreries des éleveurs de porcs, fragilisés par le double effet de la flambée de leurs charges et de la chute des cours, a annoncé lundi le ministre de l'Agriculture, Julien Denormandie.
"D'un côté vous avez des charges qui augmentent et de l'autre côté vous avez des cours qui baissent, qui sont profondément fragilisés. Cet effet ciseau, comme on l'appelle, conduit à avoir une situation absolument inquiétante pour beaucoup d'élevages porcins", a déclaré le ministre.
Il s'agit de "consolider les trésoreries de nos éleveurs porcins", a ajouté Julien Denormandie à l'issue d'une réunion avec les professionnels de la filière, qui se mobilisaient depuis plusieurs semaines, notamment en Bretagne, principale région productrice.
Le "plan" de l'exécutif compte un premier volet qui doit être "versé dans les prochaines semaines": une "aide d'urgence de 75 millions d'euros" pour les éleveurs à court de trésorerie - "je pense aux jeunes agriculteurs qui parfois ont des endettements significatifs", a dit le ministre.
Un second volet plus significatif, de 175 millions, devrait intervenir dans un second temps, une fois obtenu l'aval de l'Union européenne. L'objectif est que cette aide "puisse arriver dans les cours de ferme dès le courant du mois d'avril, au plus tard début mai".
Enfin, les producteurs bénéficieront d'exonérations de charges à hauteur de 20 millions d'euros.
Le ministre a estimé à plusieurs reprises qu'il s'agissait d'une "crise inédite", "de mémoire c'est probablement l'une des crises les plus graves traversées par le secteur porcin depuis maintenant de nombreuses années".
La semaine dernière, l'interprofession porcine Inaporc avait appelé à un "soutien urgent de l'État", pour éponger les quelque "440 millions d'euros de pertes" subies par les éleveurs de la filière en un an.
En cause, l'affaissement des cours du porc, mais surtout le bond des coûts de production (aliments des animaux, énergie).
L'interprofession estime que les éleveurs perdent actuellement entre 25 et 30 euros par porc élevé "et beaucoup d'entre eux abandonnent leur production de porcs ou envisagent de le faire".
(R.Lavigne--LPdF)