Burkina Faso: le film des événements
Voici le film des événements au Burkina Faso, où des militaires ont annoncé lundi avoir pris le pouvoir.
- Incidents dans des manifestations
Parfois mêlées à des affrontements intercommunautaires, les violences jihadistes ont fait depuis six ans plus de 2.000 morts et contraint 1,5 million de personnes à fuir leur foyer.
- Tirs dans des casernes
Le dimanche 23 janvier, des coups de feu retentissent dans plusieurs casernes du pays: dans le camp Sangoulé Lamizana, à la sortie ouest de Ouagadougou, dans le camp militaire de Baba Sy, à la sortie sud de la capitale, à la base aérienne proche de l'aéroport, ainsi que dans des casernes de Kaya et Ouahigouya (nord).
Le camp Sangoulé abrite la prison où est détenu le général Gilbert Diendéré, proche de l'ancien président Blaise Compaoré renversé en 2014. Condamné à 20 ans de prison pour une tentative de putsch en 2015, le général Diendéré est actuellement jugé pour son rôle présumé dans l'assassinat en 1987 de l'ancien président Thomas Sankara.
Le gouvernement du président Roch Marc Christian Kaboré reconnaît l'existence des tirs, mais dément "une prise de pouvoir par l'armée".
Le pouvoir affirme que les institutions ne sont pas menacées "pour le moment". Depuis mi-janvier, plusieurs militaires sont détenus pour des faits présumés de "tentative de déstabilisation des institutions".
- Siège du parti au pouvoir incendié
L'internet mobile est coupé.
Des partisans des mutins incendient à Ouagadougou le siège du parti au pouvoir, avant d'être dispersés par la police.
A l'extérieur de la caserne Sangoulé Lamizana, une quarantaine de soldats tirent en l'air près de plusieurs centaines de personnes en liesse venues les soutenir.
Le périmètre autour de la caserne de la base aérienne est également bouclé par des soldats encagoulés tirant en l'air.
- Revendications des mutins
Les militaires mutins réclament le "remplacement" des chefs de l'armée, des "moyens adaptés" dans la lutte contre les groupes jihadistes, ainsi qu'une meilleure prise en charge des blessés", selon un enregistrement sonore parvenu à l'AFP. Ils ne demandent pas en revanche le départ du président.
Dans l'après-midi, des discussions se déroulent entre des représentants des mutins et le ministre de la Défense.
- Couvre-feu, écoles fermées
Le 23 au soir, le président décrète un couvre-feu. Le ministère de l'Education annonce que les écoles resteront fermées les deux jours suivants.
- Tirs près de la résidence du président
En fin de journée, des tirs sont entendus près de la résidence du président, ainsi que dans les camps militaires Sangoulé Lamizana et Baba Sy.
- Le président arrêté par des soldats
Le 24, des soldats prennent position devant la Radio télévision du Burkina (RTB).
Le président est arrêté, détenu à la caserne Sangoulé Lamizana, de même que le chef du Parlement et des ministres, selon des sources sécuritaires.
Mais, selon une source gouvernementale, le président a été "exfiltré" de sa résidence dimanche soir par des gendarmes de sa garde "avant l’arrivée d’éléments armés qui ont tiré sur les véhicules de son convoi".
Sur le compte Twitter de M. Kaboré, un message posté lundi, invite "ceux qui ont pris les armes à les déposer dans l'intérêt supérieur de la Nation".
L'Union africaine (UA) condamne fermement la "tentative de coup d'Etat" tandis que le parti de M. Kaboré dénonce une "tentative avortée d'assassinat" du président.
L'UE et les Etats-Unis appellent à la libération du président Kaboré.
- Des militaires annoncent avoir pris le pouvoir -
Des militaires en uniforme annoncent à la télévision nationale avoir pris le pouvoir, s'engageant au "retour à un ordre constitutionnel" dans "un délai raisonnable".
Lisant un communiqué du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, un capitaine annonce également la fermeture des frontières, la dissolution du gouvernement, de l'Assemblée nationale et la suspension de la Constitution.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, condamne "fermement" le "coup d'Etat" militaire, appelle les auteurs "à déposer les armes" et à protéger "l'intégrité physique" du président.
(P.Toussaint--LPdF)