Le Danemark se rapproche d'une entrée dans la défense de l'UE
Les Danois ont voté mercredi sur l'entrée de leur pays dans la politique de sécurité de l'UE avec deux sondages sortie des urnes créditant le "oui" entre 66 et 69% des voix dans ce pays scandinave traditionnellement eurosceptique.
Les résultats officiels sont attendus mercredi vers 23h00 (21h00 GMT).
"Tout tend à dire qu'après trente ans, les Danois ont décidé aujourd'hui que nous devons abolir notre +opt-out+ sur la défense et que nous devons travailler plus étroitement avec l'Europe", a déclaré le dirigeant du parti d'opposition conservateur Soren Pape lors d'un rassemblement au parlement après la publication des premiers sondages sortie des urnes.
"L'Europe brûle... Le monde est vraiment devenu différent, et c'est pour cela que nous devons y être pleinement et entièrement" a-t-il déclaré à la télévision publique danoise DR.
Plus tôt dans la journée, la Première Ministre Mette Frederiksen avait invité les Danois de voter en faveur du "oui" en déposant son bulletin dans sa ville de résidence Vaerlose, à la périphérie de Copenhague.
"Même si le Danemark est un pays fantastique, le meilleur pays du monde à mes yeux, nous sommes toujours un petit pays, trop petit pour être seul dans un monde très, très incertain" a-t-elle déclaré.
Etat membre de l'UE depuis 1973, le Danemark avait tiré le premier coup de canon de l'euroscepticisme en rejetant à 50,7% en 1992 le traité de Maastricht, du jamais vu à l'époque.
Pour lever le blocage - qui menaçait l'entrée en vigueur du traité fondateur dans toute l'Union européenne -, Copenhague avait obtenu une série d'exceptions, baptisées "opt outs" (options de retrait) dans le jargon européen, et le pays avait finalement dit oui lors d'un nouveau scrutin l'année suivante.
Depuis, le Danemark est resté hors de l'euro - rejeté par un référendum en 2000 - mais aussi de la politique européenne en matière d'affaires intérieures et de justice - à nouveau rejetée par référendum en 2015 - ainsi que de défense.
En vertu de cette dernière exception, le pays scandinave - membre fondateur de l'Otan - n'a ainsi pu participer à aucune mission militaire de l'UE.
Jadis marginale, la politique de défense des 27 a pris de l'ampleur ces dernières années, même si des idées d'armée européenne font encore figure de repoussoir pour de nombreuses capitales.
- Otan et UE -
Deux semaines après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la Première ministre danoise avait annoncé un accord avec la plupart des partis du Parlement pour soumettre la fin de l'exception à un référendum, ainsi que d'importants investissements militaires pour franchir la barre des 2% du PIB consacrés au budget de la Défense souhaités par l'Otan.
Onze partis sur 14 ont appelé à voter oui, représentant plus des trois quarts des sièges au Parlement.
Les deux formations d'extrême droite eurosceptique du parti du Peuple danois (DF) et des Nouveaux conservateurs, ainsi que la formation de gauche radicale de la Liste de l'Unité, ont milité pour le non.
Avec la candidature historique de la Suède et de la Finlande à l'Otan et le référendum danois, les trois pays nordiques pourraient prochainement cumuler politique européenne de défense et participation à l'Otan.
Territoires autonomes du Danemark, ni le Groenland - qui est déjà hors de l'UE - ni les îles Féroé ne sont concernés par le scrutin.
(R.Lavigne--LPdF)