Législatives: Valls, soutien de Macron, éliminé dès le premier tour
A une semaine du premier tour, la campagne des législatives plutôt atone a été secouée dimanche par l'élimination de Manuel Valls, soutenu par la macronie qui espère conserver la majorité malgré la pression de l'alliance de la gauche derrière Jean-Luc Mélenchon.
"Je prends acte des résultats (...) Si la dissidence et la division ont semé la confusion, je ne peux pas ignorer mon score et le fait que ma candidature n’a pas convaincu", a-t-il dit sur Twitter, avant même que les résultats officiels ne soient publiés par le ministère des Affaires étrangères.
"Il m’appartient lucidement d’en tirer les conséquences", a-t-il écrit, avant d'appeler à faire barrage au deuxième tour au candidat de la Nupes, Renaud Le Berre, arrivé en tête selon sa formation, dans cette cinquième circonscription des Français de l'étranger, qui regroupe l'Espagne, le Portugal, Monaco et Andorre et compte environ 120.000 électeurs inscrits.
Plusieurs membres de l'alliance à gauche Nupes et en particulier de LFI se sont immédiatement réjouis de la nouvelle, relayant sur Twitter, comme le numéro 2 de LFI Adrien Quatennens, une photo de Jean-Luc Mélenchon et d'autres parlementaires brandissant des pancartes "Bon débarras".
"Adios Manuel Valls". "La gauche est en effet irréconciliable avec le néolibéralisme, le macronisme, le 49-3 et la trahison", a twitté le maire écologiste de Grenoble, soutien de la Nupes, Eric Piolle.
Les Polynésiens, qui votaient dès samedi, ont eux placé en tête les candidates investis par la majorité présidentielle dans la première (Nicole Bouteau, 41,9%) et la deuxième circonscription (Tepuaraurii Teriitahi, 33,2%). Dans la troisième circonscription, c'est en revanche le sortant Moetai Brotherson, qui siégeait avec les communistes à l'Assemblée, qui est arrivé en tête (34,2%), deux points devant le candidat macroniste.
Plus encore qu'à la présidentielle, l'abstention, attendue à un niveau record pour un premier tour de législatives (52 ou 53% selon les sondages contre 51,3% en 2017), devrait jouer un rôle clé dans le scrutin des 12 et 19 juin.
L'abstention des jeunes et des classes populaires pourrait avantager la majorité actuelle, qui s'appuie sur un électorat plus âgé et plus aisé que celui du RN ou de l'alliance de la gauche (Nupes), estiment des spécialistes.
Mais "l'inquiétude est là" chez lez macronistes, expliquait dimanche soir sur LCI le sondeur Frédéric Dabi (Ifop) car "Il y a des hypothèses qui donneraient des majorités relatives" au camp d'Emmanuel Macron, en dessous de la majorité absolue des 289 sièges.
Elle devancerait l'alliance Nupes (LFI, EELV, PS, PC) autour de Jean-Luc Mélenchon qui pourrait atteindre entre 170 et 205 sièges, devant LR (35 à 55 députés) et le RN (20 à 50 sièges), selon l'Ifop.
Mais "Le scénario d'une majorité absolue pour la Nupes est pour l'instant exclu", selon Frédéric Dabi.
Jean-Luc Mélenchon veut toujours croire à une victoire qui obligerait alors Emmanuel Macron à le nommer Premier ministre, même si le président a rappelé qu'il avait la prérogative de choisir son chef du gouvernement, même en cohabitation. "Ça sert à rien de se payer en plus une crise institutionnelle", a ironisé dimanche l'insoumis sur LCI.
- "Vaincre la malédiction" -
A l'extrême droite, Marine Le Pen, en campagne dans le Pas-de-Calais, a voulu mobiliser ses troupes, leur assurant qu'il était "encore temps d’empêcher Macron de disposer de tous les pouvoirs" et de "vaincre la malédiction d'un mode de scrutin injuste, qui maintient en place un système vermoulu".
La finaliste de la présidentielle (41,5% au deuxième tour) était restée jusqu'alors assez discrète.
"Il a fallu digérer l'élection présidentielle mais surtout, il n'y avait en face personne sur le ring", s'est défendu sur RMC dimanche le député et porte-parole du RN Sébastien Chenu, en déplorant qu'Emmanuel Macron se soit "planqué" depuis sa réélection.
Mme Le Pen a depuis revu ses objectifs à la hausse et a appelé ses partisans à lui "donner 100 à 150 députés".
Dans un message vidéo publié dimanche matin, la cheffe d'extrême droite avait appelé, aux côtés du président du parti Jordan Bardella, à "aller voter". La veille, il avait déjà conjuré "les patriotes" de "ne pas disperser leurs voix", en pleine guerre fratricide avec le camp d'Eric Zemmour (Reconquête!).
Ce dernier a également été étrillé par l'un de ses anciens "amis", le maire de Béziers Robert Ménard, qui s'est dit sur BFMTV "fâché, et pas à moitié" avec l'ancien polémiste, qui a selon lui "caricaturé" leurs idées lors d'une campagne "folle furieuse" et qui "fait le jeu aujourd'hui de Mélenchon".
Emmanuel Macron a fini par s'engager avec deux déplacements mardi et jeudi et une interview dans la presse régionale vendredi soir, pour appeler les Français à choisir une "majorité stable et sérieuse" face au "projet de désordre et de soumission de Jean-Luc Mélenchon ou de Madame Le Pen".
(N.Lambert--LPdF)