Rescapé, Boris Johnson affronte les députés mercredi
A peine rescapé d'un vote de défiance des députés de son propre camp conservateur, excédés par les scandales, Boris Johnson affronte les élus mercredi au Parlement pour une séance de questions au Premier ministre britannique.
Le dirigeant a survécu lundi au vote de défiance des députés de son Parti conservateur provoqué par des frondeurs à la suite du "partygate", ces fêtes à Downing Street pendant les confinements anti-Covid qui lui ont valu une amende - une première pour un Premier ministre en exercice au Royaume-Uni.
Même s'il ne peut pas être visé par une autre motion de défiance pendant un an, Boris Johnson voit son autorité mise à mal par l'ampleur de la fronde et aborde son retour devant les députés, à 11H00 GMT, en position de faiblesse. Plus de quatre députés de son camp sur dix (148 sur les 359 votants) ayant voté pour l'évincer.
Il a désormais pour délicate mission de séduire de nouveau ses troupes et son électorat, échaudé par les scandales et étranglé par l'inflation, au plus haut en 40 ans.
Lors d'un conseil des ministres mardi, il a rappelé les priorités de son gouvernement dans les semaines à venir pour "faire avancer le pays": la santé, la sécurité et l'économie, en pleine crise du pouvoir d'achat.
Mais rassembler un parti très divisé s'annonce difficile, et le risque est fort de voir les députés mécontents faire de l'obstruction à l'action du gouvernement.
"J'espère que ce que Johnson évitera maintenant, c'est de décider une série de mesures populistes qui sont conçues dans l'espoir de soutenir notre popularité immédiate", a écrit dans le journal The Times le député David Davis, qui exprime depuis plusieurs mois son insatisfaction quant au chef de gouvernement.
Il faut, au contraire, un "véritable changement du gouvernement dans sa chair", a-t-il prévenu. Depuis qu'il a triomphalement gagné les législatives de 2019, Boris Johnson "a laissé les choses aller. Sa victoire lors du vote (lundi) lui offre une dernière chance de se ressaisir".
Comme d'autres chez les "tories", cet ancien ministre du Brexit plaide pour une politique économique plus conforme aux valeurs conservatrices, à savoir une baisse des impôts à contre-courant de la hausse controversée des cotisations sociales décidée par le gouvernement ou la taxe annoncée sur les bénéfices des géants pétroliers.
Une concession que le gouvernement est disposé à envisager, a déclaré Sajid Javid sur la BBC. "Nous voulons que les impôts soient le plus bas possible", a-t-il dit, rappelant toutefois le poids de la pandémie sur les finances publiques.
- Enquête parlementaire -
Malgré le soulagement d'avoir convaincu une majorité de députés tories, Boris Johnson n'en a pas terminé avec les répercussions du "partygate".
Après celles de la police et de la haute-fonctionnaire Sue Gray, une autre enquête, cette fois parlementaire, est prévue. Si cette dernière conclut, a priori à l'automne, que Boris Johnson a trompé la Chambre des Communes en affirmant ne pas avoir enfreint les règles, il est censé démissionner.
Deux élections partielles le 23 juin auront aussi valeur de test pour le dirigeant conservateur qui écarte l'hypothèse de législatives anticipées, les élections devant avoir lieu en 2024.
Tobias Ellwood, député conservateur ayant appelé M. Johnson à démissionner, pronostique que le Premier ministre ne survivrait à son poste que "quelques mois".
Plusieurs noms circulent de possibles candidats à sa , sans qu'aucun ne se dégage vraiment, de quoi faire hésiter certains élus tentés d'évincer le chef du gouvernement.
(V.Blanchet--LPdF)