Législatives: bousculé sur sa gauche, Macron investit le terrain sécuritaire
A trois jours du premier tour des législatives, Emmanuel Macron va poursuivre jeudi la bataille sur le terrain de la sécurité lors d'un déplacement dans le Tarn, espérant marquer encore sa différence face à une gauche en pleine dynamique.
Face à l'étiolement des sondages pour son actuelle majorité, Emmanuel Macron a fait son entrée en piste, multipliant les interventions et sorties, comme à Gaillac jeudi matin où il est attendu par la brigade de gendarmerie nationale.
Après une visite la veille à Clichy-sous-Bois sur le thème du sport, le chef de l'Etat "veut montrer qu'il ne lâche rien ni à l'extrême droite ni à l'extrême gauche, que ce soit sur le plan de la jeunesse ou celui de la sécurité", fait valoir un conseiller.
Dans le Tarn, M. Macron doit notamment revenir sur les annonces faites à Nice lors la campagne présidentielle, dont la création et le déploiement de 200 nouvelles brigades de gendarmerie sur l’ensemble du territoire dans le cadre de la future loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur (LOPMI).
"Ces nouvelles brigades, qui seront fixes, en s’appuyant sur les maisons France services, ou mobiles, grâce à des véhicules équipés", explique l'Elysée, "proposeront aux habitants des services publics tels que le dépôt de plainte ou l’accueil des victimes et renforceront la présence des forces de l’ordre en zone péri-urbaine et rurale".
A la mi-journée, le chef de l'Etat doit également aller à la rencontre des quelque 500 habitants de la commune de Puycelsi, et échanger "sur le déploiement de trois de ces nouvelles brigades dans le département ainsi que sur les actions menées en matière de sécurité de proximité, notamment les violences intra-familiales, la lutte contre les stupéfiants, et l’action au profit des viticulteurs en présence des élus, associations et acteurs du monde viticole".
- "Il va manger vos enfants" -
Mais son camp espère aussi de M. Macron un appel à la mobilisation, voyant dans la participation la "clé" du scrutin, selon un ministre qui a observé avec attention la percée de la gauche unie sous la bannière de la Nupes lors du premier tour des élections pour les Français de l'étranger dimanche.
Un "échantillonnage" qui "préfigure" le scénario de dimanche, prédit le même ministre, "avec un tassement" de la majorité "par rapport à 2017", avant un 2e tour qui s'annonce "très bataillé" (sic), "circonscription par circonscription", "y compris là où Jean-Luc Mélenchon a fait des scores élevés au premier tour de la présidentielle".
L'exécutif concentre ses tirs sur le leader des Insoumis, à l'image de M. Macron qui a fustigé mercredi les récentes critiques acerbes de M. Mélenchon sur la police, et épinglé le "projet d'interdictions et de taxation" de la Nupes. "Un projet qui serait néfaste pour notre pays", a insisté mercredi soir sur France 3 Elisabeth Borne, "et qui in fine appauvrirait le pays".
La Première ministre a aussi raillé le slogan de M. Mélenchon, qui voit dans ces élections la possibilité de se hisser à Matignon. "Il faut être clair: ce n'est pas une dose de Jean-Luc Mélenchon et puis le projet de la majorité", a-t-elle souligné, demandant aux Français "une majorité qui nous permette de voter les textes c'est-à-dire une majorité absolue".
A la riposte mercredi soir lors d'un meeting à Caen, sur les terres de Mme Borne, M. Mélenchon a ironisé sur "la panique à bord" qui s'est emparée de la macronie. "Ayez peur, Mélenchon est agressif, il va manger vos enfants", a-t-il encore plaisanté.
Pris dans la nasse du match entre l'exécutif et la gauche, le Rassemblement national tente de se tailler une place dans le scrutin.
Avant de se rendre sur un marché à Agde (Hérault) jeudi matin, Marine Le Pen a ironisé par avance sur la visite de M. Macron dans le Tarn. "Il peut faire les pieds au mur avant les élections" mais il a "zéro crédibilité" sur la sécurité, a-t-elle fait valoir.
(C.Fournier--LPdF)